Dixième

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      Il faut que je trouve un moyen pour lui dire que je l'aime. Désormais, rien n'a plus d'importance que lui et moi.

"Je t'aime" il a dit. Le pensait-il? Ou l'a-t-il dit sur un coup de tête (bien que la ce fut le coup d'autre chose)? Je suis totalement perdue et j'ignore comment agir.

Je me souviens, lorsque j'étais plus jeune et que je me disputais avec mes parents, je leur écrivait parce que je ne savais pas exprimer mes émotions avec la parole. L'écriture a toujours été une amie fidèle qui ne m'a jamais trahie. On peut effacer un mot sur une petite feuille de papier parce qu'on ne l'aime pas, parce qu'il pique. Mais une parole...

Je lui écrirai donc. À peine arrivée à la fac (passons le trajet et le silence gêné de mon côté et passion quand à l'imminente signature d'un contrat du sien) je saute au coup de Max et m'empresse de l'avachir sous les détails (sexuels compris) de ma... relation avec Alex. Il hoche la tête d'une telle façon que j'ai l'impression de parler à mon psy. Il finit par me prendre par les épaules et dit en riant:

"Roxy, ralentis le rythme on dirait que tu t'es fais un shoot de caféine. Pourquoi tu ne lui envoi pas tout simplement un texto en disant "je t'aime" et attendre?"

"Pour que je n'ose plus sortir dans L.A  par peur de le croiser parce que je me serais faite bacher en beauté ? Non merci"

"Tu sors l'excuse du faux numéro. Tu dis que tu voulais me l'envoyer mais que tu t'es plantée."

"Mouais" il rit de nouveau devant mon air sceptique.

Il passe une main dans ses cheveux et, comme à chaque fois qu'il fait ce geste, je me dis que la vie est injuste. Max est le parfait mélange entre David Beckham et Adam Levine. Son sex-appeal est au dessus des normes et il ne se passe pas une semaine sans qu'une fille ne lui propose d'aller dans sa chambre sans se douter une seconde qu'il est terriblement homo. Ce n'est pas comme si il le cachait, je suis sûre que si il pouvait se balader dans le campus avec une pancarte rose bonbon sur laquelle il y aurait écrit: "JE SUIS GAY BANDE DE PETASSES JE VEUX VOS MECS, PAS VOUS" il le ferait.

"Arrête de me mater tu me gènes." me sort-il de mes pensées.

"Ça va? Vous cohabitez bien ton égo et toi?"

"Chérie, c'est pas facile tous les jours d'être beau comme un Dieu"

Et deux fausses blondes passèrent juste à côté de lui en le lorgnant comme un sac de viande comme pour appuyer son propos.

Il hausse les épaules "je suis victime de mère nature"

"Attends le jour où tu te feras arracher le visage par un des chihuahuas de Paris Hilton. Tu ramperas au siège de la fac pour qu'on interdise l'utilisation des miroirs."

"On est en Californie. Il y a un chirurgien esthétique à tous les coins de rue. Un petit coup chez Docteur Bistouri et ma beauté sera de retour."

"Toujours le dernier mot hein?"

"Toujours ma belle."

Je lui donne un coup de coude dans lequel côtes et nous nous dirigeons vers notre cours d'anatomie.

Je n'écoute strictement RIEN. Je sais que je pourrai rattraper mes notes sur celles de Max, alors j'écris ma lettre.

Alexandre,

je ne suis pas très douée pour parler, alors je t'écris. Depuis mon départ de New-York et ma rupture avec Lui, je me suis juré de ne jamais retomber dans les bras de quelqu'un. Puis tu es arrivé.
Si je peux paraître distante, arrogante, peste même, ne le prend pas pour toi. C'est juste que c'est plus simple de se foutre de la gueule de quelqu'un, de le faire te détester, plutôt que d'admettre qu'on l'aime.
Je pense que je te desteste. Pas une haine qui te noue les entrailles et te donne envie de vomir, plutôt celle qu'on aime. Cette douleur constante, régulière, qui te déchire de l'intérieur, mais que tu désires plus que tout.
Parce qu'aimer au point d'en avoir mal, c'est ça le vrai bonheur. C'est ce qui te fait te sentir vivant.
Tu me fais me sentir vivante.
Je t'aime Alexandre.
Je t'en pris, sois ma douleur.

Roxanne.

Je plis soigneusement le papier. Je le glisse dans mon portefeuilles et patiente jusqu'à la fin de la journée.

Le soir, je prends le bus jusqu' à son bureau et dépose la lettre à l'accueil en précisant bien que c'est une lettre personnelle.

Je patiente chez moi, le coeur battant dans ma poitrine en attendant une réponse. Mais rien. Je finis par m'endormir sur le divan.

Quelques heures plus tard, je suis réveillée par des secousses. J'ouvre les yeux, mais je ne vois rien. Un bandeau noir me cache la vue.

La panique m'envahie et je tente de me libérer de cette entrave lorsque une voix me demande de me calmer. Je me relaxe immédiatement. Alex est là. Il ne m'arrivera rien.

"qu'est-ce qu'il se passe?" je demande pourtant.

"une surprise. Tiens bois ça, ça va te détendre."

Il porte un verre à mes lèvres et je bois le contenu. Il me suffit de quelques secondes pour me replonger dans un sommeil sans rêves.

Lorsque je me réveille une nouvelle fois, le soleil m'aveugle. Je sens que je suis dans un bateau car je me sens tanguer.

"Alexandre!" Je cris.

"Je suis la" il m'attrape par derrière.

"Où sommes-nous?"

"Welcomme to Australia" je crains d'avoir mal entendu ou que ce soit une blague, mais lorsque je me retourne et que je vois le pont de Melbourne, je me dis que c'est un rêve.

"Pourquoi?" est le seul mot que je parviens à dire.

"Je t'aime Roxy."

Et il m'embrasse, sur la mer, sur un bateau.

Lorsque j'évalue ma situation, j'essaye de me souvenir si, un jour, j'ai déjà été aussi heureuse.

IrrésistibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant