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✦ 𝙍𝙤𝙨𝙖𝙡𝙞𝙖 𝙭 𝙆𝙖𝙚𝙮𝙖 - Un homme à terre

Demandé par : @MoonyWing

Avec les premiers rayons lunaires nimbant les feuilles bruissantes de Mondstadt, la fumée évanescente d'une cigarette perturbait l'air venteux. Cette lueur rougeâtre apparaissant lors de l'inspiration de cette substance était comme un phare au milieu d'un épais brouillard, annonçant une présence qui persistait à demeurer dans l'ombre, loin des regards.

Car seule la lune était le témoin des sombres activités auxquelles cette bonne Sœur s'adonnait en secret.

Assise sur un rocher, les bas résilles de cette personne affrontaient cette substance minérale pendant que ses gants se terminant en des griffes en métal apportaient en un rythme répétitif la cigarette à ses lèvres.

Il n'y avait rien de tel que de faire une pause emplie de nicotine après avoir fini le travail. Et dans l'esprit de la nonne, le travail bien fait se résumait à une caravane de marchands véreux décimée à ses pieds.

Si les brigands n'étaient pas chassés, ils continueraient de prospérer. Alors elle avait décidé de prendre le problème à bras le corps et de se charger de leur faire passer l'envie de revenir à Mondstadt pour leurs affaires douteuses et leurs méfaits. Dans l'ombre, elle protégeait cette cité qui l'avait accueillie après son enfance difficile, cette ville que Varka lui avait introduite, espérant de tout cœur qu'elle pourrait retrouver une vie paisible. Une vie loin des armes, des brigands, de la famine, de la violence pensait-il probablement à ce moment.

L'Eglise l'avait accueillie, mais cette enfant qui n'avait connu que la survie et la violence ne rentrait pas dans le moule. Mondstadt était réputée pour sa liberté, alors elle se sentait libre de prier ou non cet Archon, décidant de son propre chef de ne pas s'absoudre de ses péchés par la prière.

Le clergé ? Très peu pour elle. Elle était véritablement la nonne la plus atypique et la plus à même d'amener des problèmes à ses consœurs.

Mais cela n'empêchait pas cette dame aux cheveux couleur vigne d'avoir un cœur assez grand pour vouloir protéger cette ville qui s'était vu devenir son refuge – quand bien même Barbara se demandait à de multiples reprises si elle n'était pas dotée d'un cœur de pierre.

Après tout, quiconque la voyait n'observait que la face qu'elle voulait bien leur montrer : impassible, totalement désintéressée par les tâches du clergé auquel elle était censée appartenir, et rechignant au travail comme en démontrait ses siestes sur les bancs au fond de la cathédrale, ou sa disparition soudaine à l'instant précis où le travail était censé se terminer.

Pourtant, sous ces airs rebelles se cachait un véritable cœur d'or défendant en secret cette cité frivole. Elle supportait seule le poids de cette mission qu'elle s'était mise sur les épaules, mais cela lui convenait très bien.

Le silence était la seule chose qui accompagnait ses missions en solitaire, comme un fidèle ami qui jamais ne la trahira, et taisant pour l'éternité ce secret qu'elle partageait avec lui. Le hululement des hiboux faisant leur apparition sur les branches des arbres, les écureuils venant chercher refuge pour la nuit approchante, les sangliers traversant la forêt ; c'était autant de sons qu'elle se plaisait à écouter, cigarette en main, cherchant du réconfort dans cette brume qu'elle rejetait dans les airs.

Et quand ce calme dans lequel elle se complaisait devenait étouffant, son précieux ami depuis longtemps mort et écrasé sous sa botte, elle laissait ses pas la guider à nouveau vers ce qu'elle considérait comme son chez-elle, vers ces moulins tournants au gré du vent, vers cette ville fortifiée qui ne dormait jamais.

Peu importe l'heure, les poivrots déambulaient dans les rues en titubant, se soutenant mutuellement pour ne pas donner au sol en pierre ce qu'il espérait – leur chute. Tout était prétexte à la fête à Mondstadt, alors l'ambiance était en permanence réjouissante, festive, détendue ; tout ce qu'elle esquivait d'ordinaire.