Chapitre 4.1

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Alice se détourne de Nirvana et boit maintenant mes paroles. Son regard lubrique et son sourire coquin ne font aucun doute sur son envie de découvrir un tel endroit de débauche, mais ce que je m'apprête à lui dire risque de fortement la refroidir.

- J'y ai malencontreusement croisé des personnes que l'on connait bien...

La surprise que je lis dans son regard m'amuse un instant avant de me rappeler ce que je dois lui annoncer.

- J'y ai croisé Will, elle recrache le contenu de sa bouche sur la table avant de tousser en se frappant l'abdomen, Avec Sasha...

- Quoi ! hurle-t-elle en se levant de son tabouret, je vais l'étriper ce fils de...

- Et deux autres personnes... des anciens potes de sa fac. Terminais-je, la voix tremblotante.

Son cerveau semble manquer de connexion, car elle ne bouge plus pendant un moment, si bien que Nirvana lui tape l'épaule pour la remettre d'aplomb. Elle se rassoit finalement et ses neurones paraissent comprendre la situation.

- Quand je l'ai reconnu, il couchait Sasha... mais ensuite, il baisait avec un mec de son ancienne fac et...

- Avait ses doigts profondément enfoncés dans la foufoune de l'autre brune, termine Nirvana abruptement.

Ma meilleure amie a dorénavant quitté ce monde au vu de ses yeux perdus dans le vague et du silence qui persiste autour de nous. Elle se met finalement à parler d'une voix aiguë.

- Ton fiancé avait sa queue enfoncée dans le cul d'un mec et ses doigts dans la chatte de son associée ?

Je grimace face à la dureté de ses paroles, mais acquiesce lentement.

- Dis-moi que tu ne vas pas te marier samedi June... par pitié...

Je ris un peu avant de la rassurer.

- Non Alice, je ne marierais pas avec... cet inconnu.

Les larmes montent à nouveau lorsque je me rends compte de la réalité que j'ai face à moi. Je ne le connaissais pas. Nous avions une relation calme, automatique, sérieuse, routinière et tellement ennuyeuse, mais jamais, ô grand jamais, je n'aurais imaginé ça de lui. Il s'était inventé un personnage dur, froid, mais attentionné et soigneux avec moi. Je pensais... Je croyais le connaître, mais putain, ce que j'ai découvert ce soir ne pourra jamais réparer ce trou béant dans ma poitrine.

- Il aurait dû... me dire, je ne sais pas...

- Tu... commence Alice d'une voix incertaine, tu aurais accepté ? Ces pratiques ?

J'inspire, mais ne réponds pas.

- Par amour, nous sommes capables de l'impossible... ajoute la voix rauque de Nirvana.

- Peut-être que j'aurais pu... le comprendre ? je fuis le regard de ma meilleure amie avant de me résigner, Non. En réalité, j'en aurais souffert énormément. Je n'aurais pas pu accepter cela sur le long terme.

Alice me tend la boite de mouchoir et je me mouche plusieurs fois avant de continuer.

- Je pensais le connaître...

Mes larmes redoublent et m'empêchent de rajouter quoi que ce soit. Elles passent de longues heures à me réconforter, à me serrer dans leurs bras respectifs, à me câliner les cheveux et elles finissent par s'endormirent d'épuisement, chacune la tête sur une épaule. Je sens que Nirvana est entrée dans nos vies pour un petit moment... ce genre de situation rapproche inévitablement. Ma tête, bien trop agité, me fait revivre nos premiers rendez-vous sans discontinuité. Il aimait tellement faire les choses correctement, je me sentais choyée, respectée, aimée. Pour notre première "date", il m'avait emmené dans un restaurant cinq étoiles, aux abords de la tour Eiffel, j'avais sorti ma plus belle robe noire et mes meilleurs escarpins. Nous étions en août, la température extérieure avoisinait les vingt-cinq degrés le soir, mais Will... il s'était habillé d'un costard noir avec un nœud papillon. Sur le coup, j'avais trouvé ça incroyablement sexy, mais aujourd'hui... je me rends compte à quel point il était... parfaitement parfait. Trop pour moi. Il ne m'avait pas embrassé ce soir-là. Le soir d'après non plus... Il avait attendu deux semaines avant de m'embrasser. C'était tellement romantique et sein... que je ne m'étais pas rendu compte qu'en réalité, je le voulais passionné et passionnant. Respectueux, mais provocant, à la fois le gars attentionné et celui qui prend des initiatives. Le sexe avec lui a toujours été génial, il a su apprendre à connaître mon corps, et mes zones sensibles, mais parfois, j'avais l'impression de servir de vide-couille.

Je renifle fortement et Alice bouge contre mon épaule. Je me fige un instant avant de me détendre en comprenant qu'elle n'allait pas se réveiller de sitôt.

Finalement, je me rends compte que j'étais sûrement dans le déni... je voulais tellement garder ce cocon protecteur que je l'ai fait passer en priorité lui et tous ses besoins. Et je me trouve pathétique d'avoir pu accepter ses piques continuels lors des galas ou des représentations de défilés dans le simple espoir de le mettre en valeur lui. Cela a toujours été lui. Je n'étais qu'une manière de le rendre plus beau, plus intelligent, plus charismatique.

Mes larmes continuent de couler le long de mes joues et le sentiment de trahison qui me prend aux tripes me laisse sans voix.

Comment vais-je pouvoir retourner au boulot après ça ? Travailler dans le même endroit que lui, devoir lui parler...

Je me rappelle soudainement de notre dispute et cherche des yeux mon téléphone que j'avais éteint depuis le bar. Il se trouve sur la commode de la télé et je ne peux pas l'atteindre avec mes deux amies sur le dos. Je décale d'une main la tête de Laura et la repose sur le dossier du canapé puis fais de même avec celle d'Alice. Elles finissent par trouver une meilleure position en se blottissant l'une contre l'autre. Je ris doucement pour ne pas les réveiller, pose une couverture sur elles et enjambe la table basse pour récupérer l'origine de mes angoisses.

Les secondes de mise en route sont de loin les plus stressantes de ma vie et je redoute déjà les quarante appels en absence de Will... avant de me souvenir où il était il y a quelques heures. Alors c'est ça qu'il faisait les soirs où je n'étais pas à la maison ? Je passe une main dans mes cheveux et secoue la tête.

Hors de question que je me triture l'esprit avec des scénarios dignes d'une série Netflix.

Mon téléphone s'allume enfin et je profite de ne pas avoir activé ma carte Sim pour prendre une photo des deux grandes perches endormies l'une sur l'autre.

Mes pas me dirigent dans la cuisine pour me servir un verre d'eau et mes yeux se posent sur l'horloge : 6h07. Putain.

Je souffle de fatigue, mais je sais d'avance que mon cerveau de ne laissera pas dormir une seule seconde. Je m'assois sur un tabouret de la pièce et active ma carte Sim. Un message de Will, zéro appel manquer. Sérieusement ? Mes larmes tarissent mon visage et je me sens encore plus pathétique d'avoir espéré qu'il s'inquièterait de ne pas me voir rentrer, qu'il tenterait de réparer ses erreurs. Je clique sur le message et il s'ouvre sous mes yeux.

« Désolé de t'avoir retiré du projet, mais c'est pour ton bien. Je t'aime. »

Espèce de petit connard prétentieux. 

The Honeymoon's rematch (sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant