Chapitre 6

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🎵: Another Love- Tom Odell 

Vous êtes absolument radieuse madame ! affirme la couturière à ma droite.

C'est vrai que j'aurais pu faire une belle mariée. Dommage que le mari soit un trou du cul fini. Je souris et tente de paraître la plus heureuse possible face à la dame qui s'occupe de moi. J'avais choisi une robe grise très claire, qui se rapproche beaucoup du blanc, c'était la seule demande de Will, et en tant que bonne fiancée, j'ai accepté. Il voulait que nos tenues soient accordées à la perfection. Alors j'avais choisi cette robe pour sa simplicité. Pas de fioriture, aucune dentelle. Toute de soie, le bustier recouvrait finement ma poitrine et s'évasait légèrement au niveau de la taille. Une jolie petite traîne apparaissait dans mon dos lorsque je me déplaçais avec. Elle est très belle certes... Simple, longue, élégante... mais terriblement sérieuse, fausse et ennuyante. Comme notre relation finalement. Mon regard devient triste et la couturière s'affole en pensant que quelque chose ne va pas. Je la rassure et jette un œil à Alice qui m'a accompagné. Elle a les yeux perdus dans le vague et fixe ma robe d'un air nostalgique.

Je me retourne vers elle.

- Je fais une belle mariée hein ? lançais-je d'une voix émue.

- La plus belle de toutes, c'est certain, rétorque-t-elle avec un doux sourire.

Elle s'approche et monte à mes côtés sur la petite estrade devant le miroir.

- J'ai peur... chuchotais-je à son oreille, la vendeuse s'étant éclipsée pour nous laisser discuter tranquillement.

- Je sais... Mais je serais là. Toujours, tu te rappelles ?

Elle me tend son petit doigt et je l'enlace avec le mien.

- Qu'est-ce que je ferais sans toi ?

- Et moi donc ! sourit-elle en posant sa joue sur mon épaule, on va y arriver...

Je hoche la tête sans répondre.

Nous sortons du magasin en fin d'après-midi, robe en main, et prenons un taxi pour rentrer chez Alice. Laura est partie hier soir, après que nous ayons élaboré ma vengeance. Nous passons devant le café où travaille Albert et je demande au taxi de s'arrêter quelques instants. Je jette ma robe sur Alice, sors de la voiture et accours devant lui. Sans aucun mot, je me jette sur lui et le serre fort dans mes bras.

- Vous aviez tant raison... murmurais-je dans son cou.

Je me recule et lui souris tendrement. Son regard est perdu et il veut m'interroger, mais je le coupe avant qu'il ne puisse ajouter quoi que ce soit.

- On se voit samedi, à la cérémonie, terminais-je en repartant vers le taxi.

Il me sourit, hoche la tête, mais garde ses sourcils froncés face à ce qu'il vient de se passer. Je lui fais un signe de la main avant de m'engouffrer à nouveau dans le taxi. Alice ne commente pas, elle comprend. Elle sait à qu'elle point ses mots mon remis en question, aider, et m'ont permis de créer. Trois ans que je le connais et Albert a toujours su me remettre dans le droit chemin, répondre à mes interrogations...

- Il va falloir retourner au boulot...

- Je sais, je comptais y faire un saut demain pour continuer de bosser sur les nouvelles demandes de scénographie.

Elle acquiesce.

- Alice, tu devrais accepter.

Elle hausse un sourcil en me regardant.

- Le défilé Mugler, continuais-je, tu devrais prendre le dossier.

Elle secoue la tête avant de me répondre d'une voix chargée de colère.

- Hors de question ! June, tu ne peux pas me demander ça !

Je soupire.

- Tu es la seule en qui j'ai assez confiance pour mener à bien ce projet. Tu sais à quel point j'y ai travaillé. Je ne veux pas que ce soit Jules ou encore Mathieu qui le récupère. Ils sont talentueux certes, mais je veux que ce soit toi qui le reprennes.

Alice déglutit et détourne le regard.

- J'avais déjà préparé nos lettres de démission... elle ajoute les larmes aux yeux.

Je pouffe à moitié entre le rire et le sanglot.

- J'avais fait un super photomontage de toi et moi lui faisant le plus beau doigt d'honneur de sa vie, poursuit-elle, j'avais quand même mis cordialement pour qu'on ait des chances de se faire recruter ailleurs.

Cette fois, je ris pour de bon et la serre si fort dans mes bras qu'elle me demande de la lâcher pour qu'elle puisse respirer.

- T'es pas croyable...

Elle renifle pour toute réponse.

Le taxi, qui a dû nous prendre pour deux attardés, se gare en bas de chez elle où nous descendons.

Une fois rentrée dans l'appartement, je dépose la robe dans sa chambre et la rejoins dans le canapé.

- Je vais devoir retourner à l'appartement ce soir... Will va commencer à se poser des questions.

- Hum... Trois nuits d'affilée chez moi, c'est clair que c'est louche.

- Demain... c'est le dernier jour de comédie. Plus besoin de prendre une voix mielleuse à gerber pour lui répondre au téléphone, plus besoin de lui dire « je t'aime » alors que tout ce que j'aimerais lui lancer c'est « va te faire foutre connard »...

Alice se marre et je me joins rapidement à elle.

- Putain... elle marmonne en secouant la tête de droite à gauche, je vais bientôt pouvoir lui dire adieu à Willy Wonka !

J'éclate de rire face au surnom qu'elle lui a donné.

- Il est quelle heure ? demandais-je, la voix un peu angoissée.

- Dix-sept heures trente-quatre. Me répond ma meilleure amie, une moue au visage.

Je déglutis et me relève du canapé.

- Bon... je vais rentrer. Annonçais-je la mort dans l'âme.

Elle ne dit rien, mais se lève pour me serrer dans ses bras, me transmettant tout le courage qu'elle possède pour affronter cette soirée.

Le trajet du retour est de loin le plus long que j'ai eu à faire jusqu'à présent. Bien que nous habitions à dix minutes d'Alice, cette fois, le chemin avait un goût beaucoup plus amer. Mais j'étais prête. Voilà deux jours que je me conditionnais à devenir la parfaite future épouse heureuse, qui ne tient pas compte du comportement de salaud de son fiancé... Mais qui compte bien le réduire en cendres... Plus que deux petits jours.

Je respire un coup avant de pousser le petit portillon menant à mon immeuble.

- June ? Retentit sa voix lorsque j'ouvre la porte de notre bel appartement.

Je serre les dents à l'idée de devoir l'embrasser, mais lui sourit lorsqu'il apparaît devant moi, une moue triste au visage. J'aurais dû demander à Alice des conseils pour découper un corps...

- Hey, répondais-je, crispée.

Il récupère mon manteau et mon sac d'affaires qu'il dépose à l'entrée, près des chaussures. Il me regarde enlever ma veste légère et la pendre. Je me sens épiée et il doit voir que cela ne me plaît pas, car il détourne le regard sur ses pieds.

- Je t'ai préparé un dîner... pour me faire pardonner.

Je me fige, le dos droit.

Un dîner ?

The Honeymoon's rematch (sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant