🎵: Daddy Issues- The Neighborhood
La tension est redescendue et j'en suis soulagée. Non pas que cela ne m'a pas plus, mais bon sang, c'était presque insoutenable à ce stade ! Nous marchons en direction de la voiture pour aller nous changer à l'hôtel avant de sortir ce soir. Je sais que les choses changent. Et putain, ça me fait complètement flipper. Mon cœur palpite sans raison, j'ai les mains moites, la gorge sèche et pourtant je n'arrive pas regretter notre baiser ni ces mains sur mon corps et encore moins ses gémissements. Comme on dit, homme qui gémit, homme à moitié dans son lit. Je secoue la tête pour chasser le rire qui menace de m'échapper. Il faut que j'appelle Alice putain. D'un côté, je n'ai pas envie de lui donner raison, mais d'un autre... eh bien, elle avait raison. Comme toujours.
Le vent fouette mon visage pendant que Nathan roule tranquillement le long de la côte. Nous ne sommes pas repassés à l'association, mais il m'a promis que nous y retournerons avant la fin du voyage. Je ferme les yeux pour profiter de l'air marin qui flotte autour de nous. Je n'ai pas reparlé depuis lui avoir avoué que j'avais clairement envie de lui. Je le laisse mijoter. Déjà, parce que, bordel c'était beaucoup trop intense pour être normal et aussi parce que ça me fait flipper. Will était sacrément merdique à côté. Certes, il connaissait bien mon corps, mes réactions et ce que j'aimais, mais jamais, jamais, il ne m'a mis le feu aux fesses comme ça.
J'ai peur de devenir accro.
Ma respiration est calme et pourtant, dans mon for intérieur, c'est la guerre : entre mon cerveau qui m'ordonne de me protéger, d'ériger un mur entre nous pour éviter de souffrir à nouveau, et mon cœur (et Alice) qui m'harcèlent pour que je lâche prise... Je suis complètement à l'Ouest.
Mon chauffeur privé ne me lance pas un seul regard. J'ai bien l'impression que nous sommes tous les deux perturbés par la tournure qu'a prise notre... amitié ? Collocation ? Contrat ? Parce que bordel, je n'oublie pas que toute cette histoire a démarré à cause de cette stupide application. J'aimerais en savoir plus sur « Find It ! »... enfin plutôt sur la raison de son inscription, mais je n'ose pas et je ne me sens absolument pas légitime de lui demander ça.
Le trajet se passe donc dans le plus grand des silences- et certainement le plus gênant- de ma vie. Plusieurs fois, j'hésite à ouvrir la bouche pour lui parler, lui demander de ne pas se fermer comme une huître, mais encore une fois, qui suis-je pour dire cela alors que moi-même, je me suis transformé en tombe humaine depuis notre baiser ?
Bon sang, cinq jours. Cinq petits jours et pouf ! Will a quasiment disparu de ma cervelle, le fiasco du mariage s'est envolé de mon esprit, et ces derniers mois ne sont plus qu'un cauchemar lointain. Sauf que ce n'est pas le cas. C'était bien la réalité. Tout ce que j'ai vécu... Si je venais à m'attacher un peu trop à lui, si je l'embrasse à nouveau et qu'il m'abandonne lui aussi... Je sais que cette fois, je ne me relèverai pas.
J'ai passé presque six mois dans le flou, dans une profonde dépression et je commence tout juste à garder la tête hors de l'eau. Je ne replongerai jamais. Je me l'interdis. Et si pour cela, je dois finir seule alors très bien, je finirais seule.
Nathan se gare sur le petit parking privé de l'hôtel et coupe le moteur. Je sors soudainement de ma torpeur, ma réflexion interne ayant grandement éclairci mes idées. Le soleil décline à l'horizon, je sors mon téléphone de ma poche et constate avec une moue qu'il est déjà dix-huit heures.
- Je vais faire un tour, dit Nathan d'une voix ferme, tiens !
Il lance les clefs de la suite et je les rattrape en vol. J'ouvre la bouche pour lui demander de parler... mais il me devance et se détourne. Je le regarde s'éloigner, les sourcils froncés. C'était une erreur putain. Je....
- Fais chier, je m'écrie lorsqu'il n'est plus dans ma ligne de mire.
Je me retourne et rentre dans la suite, de mauvaise humeur. Je ne prends même pas le temps de me déshabiller et me jette dans mon lit tout propre. Si les femmes de ménage me voyaient en cet instant...
Mes doigts tapent férocement sur l'écran tactile de mon téléphone. Je le porte à mon oreille et prie pour qu'il ne soit pas trop tard en France.
- Humpfh...
- Alice ? Je demande doucement.
- Putain June... C'est une heure du mat', qu'est-ce que tu fous ?
- On s'est embrassé. J'annonce abruptement.
Son cri résonne dans mes oreilles et je l'entends se lever et sauter sur son lit comme une enfant.
- Il s'est barré. J'ajoute juste après.
Le silence se fait dans le combiné.
- Quoi ! Elle hurle si fort que je suis obligée d'éloigner le téléphone de mon oreille, Il est parti où se connard ?
Je ris légèrement.
- J'en sais rien... Il est sûrement allé se promener... j'explique en m'étirant.
- Ahhh... souffle-t-elle, soulagée, J'ai cru qu'il était rentré en France !
Je fronce les sourcils.
- Non... mais peut-être que ça serait mieux ainsi, je lance en regardant le plafond comme s'il allait m'apporter la réponse à tous mes problèmes.
- June, on ne va pas revenir dessus... il y est, il y reste, point final.
Je soupire et me retourne sur le ventre.
- Alice... cette histoire va mal finir...
- Mais noooon ! elle s'exclame longuement, June, arrête d'avoir peur. Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, mais par pitié, laisse-le te sauter comme il se doit !
Je m'étouffe avec ma salive.
- Putain, Alice !
- Quoi ! Tu mérites de passer à autre chose ! Fonce, ma poule !
Je ris, lasse de ses tentatives inespérées de me faire sauter le pas... ou sauter tout court.
- Il est parti se promener juste après notre... baiser ? j'ajoute, incertaine.
Elle soupire.
- Parle-lui. À mon avis, vous êtes tous les deux dépassés par la situation.
J'acquiesce sans répondre, persuadée qu'elle puisse me voir faire ce mouvement. Elle me demande des détails, mais je suis de nature pudique alors je me contente de l'essentiel sans entrer dans les détails. Elle râle, mais depuis le temps, elle a su s'adapter.
Je raccroche après quelques minutes, pour qu'elle puisse retourner dormir et je jette un œil à mon fond d'écran. Dix-huit heures cinquante... Je souffle et me relève. Toujours aucune nouvelle de Nathan. Je prends conscience seulement maintenant que nous n'avons pas échangé nos numéros. De toute façon, à quoi ça sert ? Tous les deux, savons parfaitement que nous couperons tout contact une fois rentrés sur Paris.
Je file dans la salle de bain, me déshabille rapidement, lance mes vêtements sur le sol, enclenche une musique de ma playlist et entre dans la douche à l'italienne. Je ne prends pas le temps de fermer la porte et ouvre le robinet.
L'eau coule sur mon corps, laissant sa brûlure sur ma peau. Mon cerveau tourne à mille à l'heure. Est-ce que je fonce tête baissée ? Est-ce que je le repousse une bonne fois pour toutes ? Est-ce que je m'enterre dans un trou ?
La porte de la baie vitrée claque au loin, je me fige. Putain, la porte !
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The Honeymoon's rematch (sous contrat d'édition)
Romance*Anciennement Find It !* June est scénographe dans une grande agence parisienne depuis sa sortie d'étude. C'était son rêve, il était là, au creux de ses mains... Jusqu'à ce qu'elle sorte avec Will, son patron. Quand elle apprends qu'il la trompe, à...