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GIULIA

Les talons font raisonner les escaliers en verre. Ma perruque en place, je ne me reconnais plus. Je ne suis plus Giulia Pavarotti ce soir, mais Andrea Avandeïev prête à montrer qui domine dans cette maison.

Un grand chapeau noir laisse simplement entrevoir mes lèvres excessivement rouges et mon œil gauche orné d'un trait d'eye-liner. La robe tombante au dos dénudé me colle à la peau. 

La maison est plongée dans le silence. Par la petite vitre, je vois Néréo les jambes croisées et adossé contre sa voiture. Plongé sur son téléphone, une cigarette entre les doigts. 

La porte refermée derrière moi, je m'avance la tête baissée. Mes bras couverts, le vent glacial parvient à me geler. 

- Je peux ? Demandé-je d'un sourire léger, tout en tendant mon pouce et mon index vers lui. 

Son regard se porte sur mon seul œil visible. Ses yeux verts semblent lire au fond de mon âme. 

Tirant une taffe, il me regarde de haut en bas. Avec amertume, il laisse mes lèvres atteindre le bout sans pour autant me donner le droit de toucher sa cigarette.

Sans détacher mes iris des siennes, j'accède au chemin brûlant vers la mort.

Son attention est focalisée sur mon œil sombre, traversant mon âme morte, comme à la recherche d'une réponse.

La seule chose qu'il verra sera un pauvre tas de débris de verres. Un cœur cassé à jamais irréparable. 

𓆸

La nuit habite la ville. Depuis un quart d'heure, dans le silence, nous sommes garés derrière le château de la future victime. Eduardo un Italien de sang. Un traître de cœur.

-  Active ton oreillette. 

-  S'il-te-plait. 

Il me lance un regard noir.

-  Mets-la, c'est tout.

Je n'aime pas l'idée que cet homme m'impose ses règles avec aigreur. Il est en train de me freiner dans ma mission initiale : écouter et me faire petite.

-  Le respect ne te coûtera rien. 

Sans me répondre, Néréo tend sa jambe droite pour en sortir un couteau de sa poche. Il cale la lame entre ses dents puis se penche vers moi afin d'ouvrir le petit coffre devant moi. Il en sort une fine dentelle. 

-  Tu vas mettre cette jarretière pour pouvoir caler ton arme blanche. 

J'arrache l'objet de ses mains. Je vérifie rapidement s'il ne regarde pas pour pouvoir soulever ma robe. Et je suis bien contente de constater qu'il fixe un point dans le vide sans jeter un seul regard sur ma jambe nue. 

-  Tu communiqueras principalement avec Gabriel, s'accoude-t-il contre sa portière. Suzie t'a expliqué ce qui nous attend. 

Il frotte lentement son menton, faisant ressortir ses veines et ses tatouages ancrés dans son bras droit. Puis, avec aisance, il sort un glock de sa ceinture. 

Mes yeux se posent longuement sur cette arme qui me manque terriblement. Manier et tirer m'apportent un sentiment de liberté, de pouvoir. 

-  Tu dois y aller. 

-  J'y vais, je réponds du même ton.

Agacée, je sors du véhicule et claque la portière. Une fois devant la grande porte, j'entrevois de mon seul œil visible l'homme qui garde l'entrée. 

Mafia Segreta (première partie réécriture : 01/11) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant