Mafia Segreta (première partie réécriture : 01/11)

9.

NÉRÉO

La voiture sombre dans le silence lorsque nous nous installons. 

Nous avons pu nous échapper par le bureau d'Eduardo qui cachait un passage secret. Voilà pourquoi nous avions choisi en amont cette pièce lors de notre réunion stratégique avec Marc.

S'il y avait bien une règle à respecter, c'était de le tuer et que tout le monde puisse pleurer son corps inerte. Il est mort comme un lâche, nous avons pu obtenir vengeance à la vision de tous. 

Marc le désirait et moi le premier. Eduardo a joué un trop grand rôle dans ma vie. Il n'a pas assez souffert à mon goût, il aurait dû mériter pire et plus sanglant. 

Toutefois, lorsque nous avions prévu cette mission quelques semaines plus tôt avec mon oncle, je n'avais pas pris en compte la femme à mes côtés.  

Si j'avais su, je ne l'aurais jamais envoyé seule. En réalité, ce n'est même pas mon choix. J'ai suivi les directives de Marc.

J'avais beau frapper encore et encore Eduardo, mon attention se portait seulement dans mon dos. À cette femme qui a dû se trouver enfermée seule avec cet homme reconnu pour sa violence sans limite. 

Que ce serait-il passé si elle n'était pas parvenue à s'en détacher ? Si je l'avais retrouvé sans défense, soumise à cet homme ? J'aurais brûlé vivant Eduardo.

Néanmoins, je ne parviens pas à extraire de mes pensées cette femme en colère sous mes yeux. Qui m'a donné des ordres et m'a dominé. J'ai ressenti toute la rage dans son regard... et j'en ai fini à ses pieds.

Et c'est ce qui me met hors de moi. En une soirée, elle a su embrouiller mes sens. Et je la hais pour ça. Car je sens à quel point, elle est une faiblesse... ma faiblesse.

C'est instinctif. Comme si une forme précieuse nous liait. Une volonté de se détruire, ça j'en suis persuadée.

Bien que sa violence m'attire, elle me pousse à la haïr et rester sur mes gardes. Je me méfierais toujours du pouvoir de la femme. Elle est la plus dangereuse des armes. 

La façon dont elle agit ce soir me prouve son indépendance. Retirer son oreillette était terriblement dangereux, mais si elle a agi ainsi en pleine conscience, c'est qu'elle était assez confiante pour le faire.

Je ne l'oublie pas, elle est la fille de Julien Pavarotti. L'homme que je hais le plus au monde.

J'aimerais le voir six pieds sous terre, moi admirant les maux que je lui aurais infligés. J'y songe chaque soir.

Et dérober sa fille était le meilleur moment de mettre à néant sa vie. Comme il a ruiné la mienne, la nôtre... ma famille. 

Cette mission est pour Marc, mais avant tout pour moi. Je mets tout en œuvre depuis des années pour ce moment-là. Faire de Julien Pavarotti ma proie agonisante entre mes mains sales.

Et il est hors de question que l'échec me parvienne. Je ferais tout pour quoi ce je me bats depuis l'adolescence. Et je serais prêt à tous les sacrifices. Personne ne se mettra sur mon chemin. Personne. Et encore moins Giulia Pavarotti.

Qui, non seulement, est ma mission. Mais ma plus grande ennemie. Et nous allons devoir vivre ensemble pour une durée indéterminée.

Sous la nuit noire, le moteur résonne sur la route déserte. 

Le pied sur l'accélérateur, les mains serrés contre le volant, j'observe son profil le temps de quelques secondes. 

Doucement... très lentement, ses yeux bruns se rivent au mien. Et à quel point je ressens que nos objectifs sont les mêmes...