(A)social Club・ᵗᵏ ʸˢ

Chapitre 17

- ESPRIT FRATERNEL -

[🐱]

— ᴜɪᴊᴇᴏɴɢʙᴜ - ʟᴏᴄᴀʟ ᴀꜱꜱᴏᴄɪᴀᴛɪꜰ, ꜱᴀʟʟᴇ ꜱᴀɢɪᴛᴛᴀʀɪᴜꜱ : 3ᴇᴍᴇ ꜱᴇᴀɴᴄᴇ

— La pause pipi est terminée, rejoignez vos tables s'il vous plaît ! chantonna Seokjin en frappant ses mains.

Cette séance n'en finissait plus et j'avais passé l'âge de jouer aux chaises musicales. Je comprenais le concept de l'atelier, et c'était d'ailleurs vrai qu'il était relativement difficile d'engager la conversation avec des inconnus dans la rue ou à une terrasse, mais je ne voyais pas en quoi je devais me sentir concerné. Je ne voulais pas faire de rencontre, encore moins me lancer dans une discussion avec le premier venu, donc cet exercice m'ennuyait fortement. Il commençait même à m'agacer.

Je venais pour faire plaisir à ma cousine et rassurer mes parents. Leurs visages décomposés et morts d'inquiétude quand j'avais soumis l'envie d'y mettre un terme m'avaient finalement convaincu de prolonger ma participation. Mais je ne venais pas pour moi. Je me sentais un peu comme un alcoolique qui se rendait seulement aux réunions pour récupérer son badge de sobriété alors qu'il continuait à descendre des bouteilles de soju le soir en cachette.

C'était clairement ça, je venais pour faire acte de présence et un peu pour me déculpabiliser vis-à-vis de mon entourage. Alors on ne pouvait pas dire que j'y mettais vraiment du mien. Je ne faisais même aucun effort.

Depuis le début de la séance, je laissais les autres parler et j'attendais. Avec Jimin, ça avait été relativement simple : il m'avait suffi de lui poser une question en début de tête-à-tête pour qu'il prenne la parole sans s'arrêter jusqu'au tour suivant. Lors du trio avec Jungkook et Jisoo, en revanche, ça s'était révélé un peu plus compliqué. Les deux étaient de vraies tombes, et ni l'un ni l'autre n'avait essayé d'entamer la conversation. Pour leur bien à eux, j'avais ravalé mon désintérêt et lancé un sujet au pif en espérant leur délier la langue, sans grande conviction. Contre toute attente et à ma plus grande surprise, ils avaient fini par plus ou moins converser tous les deux sur le bien que peuvent apporter les animaux de compagnie.

Au troisième changement, je m'étais retrouvé avec Mirae et, de suite, j'avais su qu'il allait falloir que j'y mette du mien, encore plus qu'avec ceux d'avant. À peine s'était-elle installée face à moi que j'avais remarqué qu'elle se renfermait sur elle. La tête enfouie dans les épaules et le regard fuyant, elle n'avait pas osé dire le moindre mot. Ses mains s'étaient mises à trembler sur la table, avant qu'elle ne s'en rende compte et ne les ramène sur ses jambes pour les cacher. Elle m'avait fait de la peine, et son état m'avait fait changer d'avis concernant mon attitude depuis le début de l'après-midi. Avec quelques mots réconfortants et un monologue peu clair sur ce que je faisais dans la vie, j'avais tenté de la rassurer et de chasser sa peur. Sans savoir comment j'avais réussi, elle s'était rapidement détendue. Dans notre court échange, j'avais appris qu'elle avait déjà essayé de combattre sa timidité en s'inscrivant à un atelier théâtre au lycée. Malheureusement pour elle, la première séance s'était très mal passée et elle n'avait jamais remis un pied dans ce cours.

J'étais mal pour elle. Je sentais dans ses paroles que cette condition la bloquait depuis des années et qu'elle en souffrait réellement. Et encore une fois, j'avais eu envie de me frapper intérieurement car je n'avais pas ma place ici.

Seokjin pouvait bien me sortir de belles phrases et tenter de me faire accepter qu'au contraire, j'étais bien là où je devais être, je n'avais aucune phobie sociale. Je n'avais pas peur de l'inconnu et je n'avais pas de mal à m'exprimer en public. Ma solitude, je la voulais, et pour ce qui était de mon manque d'entrain à parler, c'était tout simplement parce que je préférais écouter et analyser que blablater. C'était ma personnalité et ça ne m'avait jamais porté préjudice dans la vie, contrairement à ma confiance que j'accordais trop facilement.