A nouveau, de longues minutes de silences défilèrent. La réserve d'eau avait rapidement été vidée et mes pensées ne cessaient de se tourner vers les paroles de Alex. Avec eux, je me sentais étrangement en sécurité. Et pourtant, aucun de nous ne l'étions. Si nous étions encore en vie actuellement, c'était tout simplement un miracle.
Je fini par tourner la tête vers Alex qui était toujours allongé sur le sable à un mètre de moi. Celui-ci me fixait encore. Je repensa à ce qu'il avait dit avant de parler des allemands: il ne pensait pas revoir de fille avant de mourir. Au moins, j'aurai servi à quelque chose? Aussi insignifiant que ce soit.
Qu'aurait dit mon père si il m'avait vu ainsi, allongée sur le sable avec trois soldats? Un sourire amusé se dessina sur mon visage à cette pensée.
Un sourire que Alex ne manqua pas:
-Qu'est-ce qu'il y a? Demanda-t-il en haussant un sourcil.
-Je me disais juste que... Si mon père me voyait actuellement, il vous lancerait des regards encore plus meurtrier que les allemands.
Pour mon plus grand bonheur, Alex sourit doucement à son tour:
-Je n'aurai jamais pensé que les regards assassins des pères me manqueraient.
Je roula des yeux en riant:
-Combien de regards assassins as-tu déjà eu?
-Un bel écossais comme moi, ça effraie. Dit-il en haussant les épaules. Il suffisait que je m'adresse à une femme pour que son père bondisse.
Je ne pu m'empêcher de rire de nouveau.
-Quelle humilité!
Alex continua de sourire en me regardant et sembla réfléchir un instant:
-Si ma mère nous voyait, elle serait en train de m'harceler pour que je t'épouse, en remerciement des tartines de confitures que tu m'as offert cette nuit.
Ce fut à mon tour d'hausser un sourcil avant de rire une nouvelle fois. Je n'avais fais que mon travail, rien de plus. Je sentis néanmoins un pincement au coeur lorsqu'il évoqua le mariage. C'était une chose pour laquelle je ne m'étais jamais soucié et pourtant, je regrettais un peu de ne jamais avoir vécu ça avant ma probable mort.
Le silence retomba alors et nos sourires commencèrent à s'effacer. Nous étions en train de songer à toutes ces choses à côtés desquelles la guerre allait nous faire passer. Et je me sentis d'ailleurs coupable. Lorsque mon père était parti pour la guerre, je lui avais dis que je l'attendrai chez nous et qu'il ne passerait pas une seule journée sans que je ne pense à lui. Mais si je mourrais ici, qui penserait à lui? Qui l'attendrait?
-Eh! S'exclama soudain Alex en se redressant, me faisant sortir de mes pensées.
Il se releva totalement, le regard fixé sur un point à l'horizon. Comme les deux autres, je me redressa rapidement, m'attendant à voir un bateau ou un avion au loin. Mais ce fut sur un groupe de soldats marchant d'un pas déterminé que mon regard tomba.
-Amenez vous. Indiqua le soldat aux yeux verts en se mettant à courir vers eux.
J'échangea un regard un peu perdu avec Tommy et Gibson puis me leva totalement et me mis à courir à la suite de Alex. Que faisait-il? Pourquoi était-il si intrigué par ce groupe de soldats?
Sans poser de question, nous le suivîmes néanmoins et en observant d'un peu plus près ce groupe de soldats, de nouvelles questions traversèrent mon esprit. Le pontons se situait plus loin à notre gauche. Mais ces hommes marchaient avec assurance vers la droite. Que faisaient-ils? Certainement pas se livrer à l'ennemis. Ils semblait bien trop sûr d'eux. Avaient-ils une idée puis fuir d'ici? Peut être.
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A flot
Pertualangan26 mai 1940. Séparée des troupes françaises situées au sud, l'armée britannique et plusieurs unités françaises et belges battent en retraite vers le nord de la France. Démarre alors la bataille de Dunkerque, aussi appelé l'opération Dynamo, qui co...