|Chapitre 9|

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Je n'entendais que le souffle saccadé des hommes autour de moi. Personne ne bougeait et pourtant, tout le monde tremblait. Mes yeux s'étaient posés sur les deux trous de lumières qui s'étaient formés dans la coque, m'attendant à en voir un troisième se former. 

Le son de la balle rebondissant contre le métal du bateau se répétait en boucle dans ma tête et je ne voyais plus rien de positif dans notre situation. Tout ce que je voyais, c'était la mort. La fin de nos vies, ici, dans le fond d'un bateau échoué, alors que je ne connaissais même pas le prénom de la plus part des soldats autour de moi. 

Ma propre main était toujours posée sur ma bouche, appuyant sur mes lèvres pour étouffer le moindre son qui pourrait en sortir. J'étais terrifiée, liquéfiée, incapable de réfléchir normalement. 

Comme je le pensais, une troisième balle ne tarda pas à faire son entrée et je ferma fortement les yeux, essayant de me calmer pour pouvoir réfléchir. 

Le garçon qui avait forcé Tommy à s'approcher de l'échelle quelques instants auparavant saisit de nouveau son arme et l'arma. Il était effrayé mais aussi en colère. La rage semblait monter en lui et en le voyant faire, quelques autre garçons s'armèrent à leur tour, prêt à rendre les tires. 

-Non! Souffla Tommy pour les arrêter. Si vous faites ça, ils sauront qu'on est là!

-Pourquoi tu crois qu'ils nous tirent dessus??

-Regardes le tire groupé. Lui indiqua Tommy en désignant les trois trous dans la coque. Ils font ça pour s'entraîner. 

Tommy devait certainement avoir raison. Après réflexion, si j'étais à la place des Allemands et que je savais que des ennemis se cachaient dans le bateau, je ne m'amuserais pas à tirer au même endroit. Du même avis, les soldats armés finirent par s'abaisser de nouveau, priant pour que l'entraînement ne dure pas. 

Pour ma part je n'osais toujours pas bouger, fixant les trous en priant. 

Une quatrième balle se présenta, nous faisant sursauter une nouvelle fois. C'est alors que je sentis une main attraper la mienne et la serrer. Par reflexe, je fis de même, m'agrippant à cette main comme si cela allait nous aider. Et en relevant les yeux, je constata sans grand étonnement que cette main était celle de Alex. Comme moi, il tremblait. Et comme moi, sa respiration était haletante. Il me fixa de ses yeux verts, serrant la mâchoire, et resserrant son emprise alors qu'une cinquième balle perçait le bateau. 

Tout ce que nous pouvions faire était d'attendre. Attendre que les Allemands se lassent et espérer qu'ils ne décident pas à tirer plus bas ou à faire un tour dans le bateau. 

Les minutes semblèrent se transformer en des heures. Comme si chaque secondes duraient une éternité. Doucement, tout le monde s'était remit à bouger pour mieux s'installer au fond du bateau. Après cette cinquième balle, nous n'avions plus entendu le moindre bruit mais cela ne voulait pas dire que les Allemands n'étaient plus là. Lentement, je m'étais dégagée des jambes du soldats dont les chaussures me rentraient douloureusement dans le dos, et me tenant toujours la main, Alex m'avait petit à petit tiré vers lui. J'avais également échangé un regard avec Tommy et Gibson pour m'assurer qu'ils allaient bien puis m'étais rapproché d'avantage de Alex, nous collant contre un bidon comme si nous voulions nous fondre à l'intérieur de celui-ci et disparaitre. 

Dehors, l'eau montait de plus en plus et le bruit des vagues se faisaient plus fort contre la coque. Alors, comme si nous n'avions pas assez de problèmes, l'eau commença à couler dans le bateau à travers les cinq trous. Et ça, c'était un gros problème si nous voulions que le bateau flotte. 

A flotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant