Cette seconde grosse vague m'emmena avec elle et j'eu à peine le temps de me débattre que mon corps était entièrement immergé sous l'eau.
Je ne devais pas être si loin de la surface mais même si mes jambes et mes bras tentaient désespérément de me ramener vers celle-ci, c'était comme si les vagues me repoussaient continuellement. Et comme si tout cela ne suffisait pas, de nouveaux tirent résonnèrent et il y eut de nouvelles explosions dans l'eau. Explosions qui firent un bruit infernal, à tel point que par reflexe, mes mains se placèrent sur mes oreilles pour les protéger de ce grondement intense.
Finalement, et je ne saurais expliquer comment, je parvins à remonter et à reprendre mon souffle après de longues secondes de panique. Totalement perdu, je lança un regard autour de moi pour me situer et c'est à cet instant que je vis, à quelques centaines de mètre de moi, le bateau militaire en train de couler et l'avion allemand s'en aller poursuivit par un appareil anglais. Et tout autour, dans l'eau, les survivants nageaient comme ils le pouvaient vers la silhouette d'un bateau que j'eu du mal à voir à cause des vagues.
-Nagez vers le bateau! Cria un soldat.
Cette indication, je la pris personnellement. Et sans attendre, je rassembla mes dernières forces pour nager en direction de la nouvelle embarcation. Plus je m'approchais, plus je parvins à la détailler.
Le rafiot n'était autre qu'un petit bateau de plaisance. Un bateau anglais. La patrie anglaise.
Ils étaient venu nous aider.
Les anglais venaient au secours de leurs soldats.
A proximité des deux autres bateaux échoués, brillant sous la lumière du soleil, la patrie me fit penser à un ange au milieu de l'enfer. A cet instant, l'espoir revint en moi. Il n'y avait rien autour de nous à part le Destroyer et le bateau de pêche presque entièrement englouti par la mer. Et pourtant, ces anglais étaient là, venu nous récupérer. C'était un miracle.
Plus je nageait vers lui, plus je me rapprocha des autres soldats. Quand je fus assez proche pour voir leurs visage, je remarqua qu'ils étaient tous couvert d'un liquide noir qui tâchait leur peau et leurs vêtements... Qu'est-ce que cela pouvait bien être?
En baissant les yeux vers mes mains qui continuaient -avec difficulté- à nager, je m'aperçu que j'étais moi même couverte de cette chose noir. Et en regardant l'eau, je réalisa que celle-ci était également plus foncée. C'est alors que l'odeur se mit à me piquer le nez. J'étais tellement préoccupée par le fait de survivre que j'en avais presque oublié mon sens de l'odorat.
-Du gasoil... Soufflais-je en prenant une grande inspiration.
Nous étions couvert de gasoil!
Je ralenti ma nage pour lancer un regard vers le Destroyer. Totalement couché sur l'eau, c'était lui qui devait perdre tout son gasoil. Et même si je n'étais pas très familière avec la mécanique, je savais que ça n'avait rien de bon. En effet, si l'avion Allemand revenait et lâchait un missile au dessus de nous, l'explosion entrerait en contact avec le gasoil et toute la surface infestée prendrait feu...Et donc nous avec.
-Madame! Madame venez! M'interpela une voix.
Refaisant face au bateau, j'y vis un homme d'une trentaine d'année, blond et à première vue plutôt charismatique, entrain de me regarder en tendant une main vers moi. Il portait un costume bleu en coton surmonté d'un gilet de sauvetage.
"Drôle de tenue pour partir sauver des soldats en mer" me dis-je.
Cependant, je ne me fis pas prier et me dirigea vers lui en fermant fortement la bouche pour être sûr de ne pas avaler de gasoil. Lorsque je me retrouva près de la coque, l'homme m'attrapa par le bras et me hissa vers lui. Avec le reste de mes forces, je l'aida en prenant appuie sur le bord de l'embarcation. Lorsque l'une de mes jambes fut à bord, il m'attrapa par la taille et je me retrouva enfin debout. Essoufflée, je releva les yeux vers lui en acquiesçant doucement:
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A flot
Adventure26 mai 1940. Séparée des troupes françaises situées au sud, l'armée britannique et plusieurs unités françaises et belges battent en retraite vers le nord de la France. Démarre alors la bataille de Dunkerque, aussi appelé l'opération Dynamo, qui co...