|Chapitre 16|

151 17 18
                                    




Je fus réveillée par l'arrêt assez brutal du train.

La tête toujours posée contre l'épaule de Alex, je mis un peu de temps avant de pouvoir ouvrir les yeux à cause du soleil qui traversait la fenêtre. Lorsque ce fut fait, je me redressa pour regarder autour de moi.

Le train était bel et bien arrêté. Il n'y avait plus aucun soldat dans le couloir et tous ceux assit dans le wagon dormaient ou regardaient dehors en silence. Je porta alors mon attention sur mes camarades. Eux aussi venaient tout juste de se réveiller. Comme moi, Tommy regardait autour de lui pendant que Alex baillait en se redressant.

Mon regard se posa ensuite sur l'extérieur. Sur la droite du train s'étendaient des prés verdoyants et une petite ferme se dressait dans l'horizon. Sur la gauche -et donc de notre côté-, un autre chemin de fer ainsi qu'un train marchand arrêté un peu plus loin. Sur les rails, deux enfants s'amusaient à lancer des cailloux dans le pré voisin, tenant près d'eux deux piles de journaux qu'ils iraient surement vendre quand ils auraient finit de jouer.

En les voyant, Alex se releva vivement et ouvrit la petit fenêtre au dessus de nous:

-Eh! Cria-t-il pour interpeller les deux garçons. Où est-ce qu'on est?

Les enfants tournèrent la tête vers nous et l'un d'eux s'avança:

-Sur la voie d'évitement! La gare n'est qu'à une minute!

-Mais de quelle gare? Insista Alex.

-Woking. Répondit le garçon.

Woking? Nous avions fait plus de 100 km en quelques heures? J'eu une pensée pour Collins et les Dawson. Ils étaient loin derrière nous à présent. La guerre était loin derrière nous.

-Tiens files moi un de tes journaux là! Demanda Alex. Allez!

Le garçon qui lui avait répondu -l'autre étant trop occupé à lancer des cailloux dans le pré-, se dépêcha d'attraper l'un de ses journaux et de venir l'apporter à Alex en montant sur le rebord du train.

Une fois le journal en main, le soldat aux yeux verts de laissa retomber sur le siège près de moi et examina la première page. Je me pencha pour lire le plus gros titre:

-"Dunkerque: L'évacuation. 335 000 hommes sauvés..." Lisais-je.

Mes yeux glissèrent sur un second article encadré:

-"Churchill rend compte des évacuations en commune."

Je lança un regard vers Alex. Dans ce petit article, nous sauront ce qui nous attend une fois à la gare. Et Alex l'avait comprit.

-J'ai pas le courage... Murmura-t-il.

Il poussa alors le journal vers moi:

-Tiens, lis toi.

Moi?

Tommy me regarda, puis fronça les sourcils en tournant la tête vers Alex:

-T'as pas le courage?

-Ils vont nous cracher dessus dans les rues. Souffla le soldat en baissant la tête. Si ils sont pas barricadés chez eux en attendant l'invasion.

Un nœud se forma dans mon estomac alors que le train se remettait en route. C'était donc ça qu'il pensait? Que suite à cette évacuation, l'armée Britannique avait montré sa faiblesse et son inutilité? Et maintenant, il voulait que je confirme ses pensées en lisant moi même les mots de Churchill?

Je posa les yeux sur le journal.

Je devais le faire. Nous devions savoir. Savoir ce que le pays tirait de cet échec. Savoir quel est le destin des soldats quand ils rentreront chez eux.

A flotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant