Chapitre 5

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Nous longeons la cour qui conduit à mon dortoir, main dans la main et dans le plus grand des silences. Je peux entendre le chant des cigales et les battements d'ailes d'un oiseau voler au-dessus de nous, tant c'est paisible. Et puis je me mets à penser que nous sommes à découvert, si quelqu'un nous voit ainsi, tous les deux, nous tenant la main, il pourrait avoir de sérieux problèmes. C'est dans le règlement, les relations entre professeurs et étudiants sont strictement interdites.

Je retire ma main de la sienne et fais mine d'attacher mes cheveux avant de les croiser contre ma poitrine. J'évite son regard, de peur de l'avoir offensé. Nous continuons de marcher en silence et je commence à penser qu'il serait grand temps de briser la glace, ce calme commence à me tuer, c'est insupportable. Mais qu'est-ce que je pourrais lui dire ? C'est si bizarre entre nous depuis tout à l'heure, depuis que je lui ai avoué que je voulais tuer ceux qui m'ont fait tout ce mal, depuis que je me suis retrouvé à moitié nue devant lui.

Je n'arrive toujours pas à croire que je lui ai révélé mes pensées les plus sombres, mais ce qui me perturbe le plus, c'est qu'il n'a pas pris peur. Comment est-ce possible ? N'importe qui serait partit, mais pas lui. Pourquoi ? Qu'a-t-il de si spéciale ?

—J'aime la nuit.

Je me tourne vers lui, il a les yeux rivés au ciel, il observe les étoiles et je fais pareil.

Le ciel est assombri et pourtant il libère les étoiles par centaines, c'est une vue à couper le souffle.

—Moi aussi. C'est si paisible, c'est comme si tous les malheurs du monde avaient disparu.

—Je pense la même chose. Ça nous fait un point commun.

Je souris et continue d'observer les étoiles.

J'aime tant la nuit, ce qui est étrange vu que c'est le repère des monstres comme les vampires, les loup-garou et les démons mais il y a plus que ça, il y a aussi les étoiles, la fraicheur et le silence, c'est ça qui me plaît.

Nous arrivons à mon bâtiment et le professeur Kim est toujours à mes côtés. Il va réellement me reconduire jusqu'à ma chambre ? Pas que cela me gêne mais si quelqu'un nous voit ? Je ne veux pas qu'il ait des problèmes à cause de moi.

Nous montons les escaliers pour rejoindre ma chambre, toujours dans le plus grand des silences, est-ce que ça sera comme ça entre nous maintenant ? Bizarre.

Je sens qu'il y a comme une gêne qui s'est installés entre nous depuis que je lui avoué mes pensées obscures, ou alors c'est moi ? C'est moi qui place cette distance entre nous parce que j'ai honte ? Comment pourrais-je le regarder en face maintenant qu'il sait ce que je suis réellement ?

Nous longeons le couloir et arrivons devant ma porte, 12C.

Je m'arrête et le fixe, sans savoir quoi lui dire.

—Je...euh...professeur je...

Je garde les yeux rivés aux siens sans arriver à prononcer une phrase cohérente.

Puis il s'avance vers moi pour se retrouver à quelques centimètres de mon visage. Je sens son gel douche et son souffle qui caresse mon visage, c'est enivrant.

—Ça va ? murmure-t-il.

Non, ça ne va pas. Je ne sais pas quoi faire, ni quoi dire, je suis tétanisée lorsque ses yeux noirs plongent dans les miens. Je les affronte pendant un moment qui semble durée une éternité et réalise que maintenant, c'est sa bouche qui m'attire.

Je veux les sentir contre les miennes, savoir qu'elles goût elles ont. Je veux qu'il m'embrasse. Il incline légèrement la tête sur le côté et s'avance vers moi, je voudrais reculer mais je demeure paralysée par ce désir si nouveau qui se répand en moi. Jamais on ne m'avait fait un tel effet et j'ai honte de penser ainsi, je veux dire, il s'agit de mon professeur.

Nous Sommes Tous Des Monstres (sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant