Chapitre 6

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Je suis réveillée à cause d'un hurlement.

Papa doit encore faire du mal à maman, comme à chaque fois qu'il boit, je me bouche les oreilles et me réfugie dans ma bulle. Maman dit toujours qu'il ne peut rien m'arriver quand je suis dans ma bulle, je suis en sécurité.

Je sens quelqu'un s'assoir près de moi, j'ouvre les yeux et sens une main caresser mes cheveux.

C'est papa.

Pourquoi il est si doux avec moi ? D'habitude, il est méchant. Il voulait un garçon, il ne voulait pas de fille. Il me le répéte sans arrêt, c'est pour ça qu'il m'habille comme un garçon, qu'il m'a donné un nom de garçon et qu'il me coupe les cheveux à chaque fois qu'ils sont trop longs.

C'est pour cette raison que je n'aime pas papa.

Il me prend dans ses bras et me blottit contre lui.

—Tout va bien, me murmure-t-il en me berçant dans ses bras.

Sa voix est si douce.

—Plus personne ne te fera le moindre mal.

Je sens que le pull de papa est humide, je fixe la fenêtre. Il ne pleut pas, alors pourquoi il est trempé ? Il me prend dans ses bras et me conduis dans le couloir, il descend les escaliers en m'embrassant la tempe. Logé dans ses bras, je vois du liquide rouge répandue sur le sol et maman. Étendue par terre. Elle a les yeux fermés et elle saigne beaucoup. J'ai envie de hurler mais je n'y arrive pas, mon corps tout entier se tétanise comme si j'étais une statue et je lève les yeux vers papa.

—Papa ?

J'ouvre les yeux et me redresse en panique.

La lumière du soleil a déjà inondé la chambre et le lit de Vicky est vide. Elle est probablement déjà partie rejoindre ses amis. Me voilà seule pour tous le week-end. Que vais-je faire ? Je pourrais travailler sur ma thèse mais le simple fait de me lever du lit me fait un mal de chien. Dès que j'inhale de l'air, c'est comme si quelqu'un compressait mes côtes pour m'empêcher de respirer.

Ces sales types ne m'ont pas loupé.

Je prends sur moi en me rappelant que je me suis déjà prises des tonnes de raclés dans mon enfance. D'abord mon père, puis mes camarades de classe, mes familles d'accueil, tout le monde. Alors ce ne sont pas des bleus au ventre qui m'empêcheront d'avancer. J'ai survécu jusque-là alors que d'autre aurait déjà abandonné, mais pas moi parce que je suis une battante.

Je prends une grande inspiration et me lève du lit malgré la douleur qui me tiraille l'estomac. Je me dirige à la salle de bain et attrape la boite d'antidouleurs que m'a passé le professeur Kim. Lorsque je pense à lui, je sens les muscles de mon bas ventre tressaillir, je ferme les yeux et chasse ses pensées obscènes de mon esprit.

C'est mon professeur bordel !

Une bonne douche me fera le plus grand bien pour me débarrasser de ces mauvaises pensées.

C'est ton professeur Cameron, ressaisis-toi bon sang ! me hurle ma conscience.

Je laisse couler l'eau dans la douche le temps qu'elle devienne chaude et me déshabille en serrant les dents, la douleur est terrible. C'est là que je remarque les hématomes qui couvrent mon ventre, les bleus ont virés au violet.

Ce n'est pas bon signe.

Cela étant, je prends sur moi et me glisse sous l'eau chaude. Ça fait du bien et ça apaise le tiraillement de mes côtes.

Nous Sommes Tous Des Monstres (sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant