Chapitre 10

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Nous parcourons ensemble la cour dans le plus grand des silences.

Où va-t-il m'emmener ? Et surtout de quoi allons-nous parler ? Et si quelqu'un nous voyait ? Je me pose tellement de questions que j'ai la sensation que ma tête va exploser. Je peux sentir son regard pesé sur moi, je me demande ce qu'il doit penser de mon maquillage et de la façon dont je me suis coiffé. Je sens mes joues chauffer et s'il pense que je me suis fait belle pour lui, je dois admettre que c'est un peu le cas mais je ne veux pas qu'il le sache, ce serait humiliant.

Plus nous avançons et plus je réalise que nous nous éloignons du campus. Où m'emmène-t-il ? Nous arrivons sur le parking, de là, j'aperçois une grosse berline noire. Je me stoppe lorsque j'aperçois les phares s'allumer, prévenant que le propriétaire l'a déverrouillé. Je regarde aux alentours et réalise que le professeur Kim a des clefs en mains. Je le vois s'avancer vers la grosse berline noire et ouvrir ma portière. C'est sa voiture ? Mais ça n'a aucun sens, comment un simple professeur d'Université a pu se payer une voiture pareille.

—Il y a un problème ? me demande-t-il.

Mon instinct me hurle que ce n'est pas normal, qu'il me cache quelque chose, il a toujours été si mystérieux, je devrais peut-être faire demi-tour et pourtant, lorsque je croise son regard, toute cette méfiance disparait. Le regard qu'il m'adresse est doux et tendre. De peur de le froisser, je refuse d'obéir à mon instinct et m'installe dans la voiture.

Il referme la portière et vient s'asseoir côté conducteur. J'observe l'intérieur de la voiture qui est entièrement high-tech. Siège en cuir, écran tactile, système automatique, c'est comme être dans la voiture de James Bond. Encore une fois, comment un simple professeur peut avoir une voiture aussi géniale ? Dois-je aborder le sujet ou bien garder le silence ?

Il démarre le moteur qui est aussi silencieux qu'un chat qui ronronne.

—Prête ?

Je fixe ses yeux noirs qui sont ancrés dans les miens.

Mon cœur bat à tout rompre et je perds tout discernement comme à chaque fois qu'il me regarde. À chaque fois c'est pareil, je me sens à la fois désarmée et enviée comme la septième merveille du monde, il a une façon de me regarder qui est indescriptible.

Il me voit moi et pas comme la fille d'un meurtrier.

Je lui souris et lui réponds :

—Prête.

Nous roulons depuis un long moment et pas un mot n'a été échangée entre nous depuis que nous avons quitté le campus, pourtant, j'aimerais me confier à lui mais il m'intimide. Depuis tout à l'heure, j'observe les immeubles illuminés et écoute la musique. La nuit, Seattle est magnifique, c'est comme être plongée dans un monde de lumière. Mon petit cœur apeuré s'apaise par la simple lueur des lumières, soudain, une de mes chansons préférées passe dans la voiture : The Killing Moon de Echo and the bunnymen.

—C'est possible de monter le son ? lui demandé-je.

Il sourit et augmente le volume grâce à l'écran tactile.

—Fan de cette chanson ? me demande-t-il.

—C'est une de mes chansons préférées.

—Vraiment ? Pourquoi ?

Je hausse les épaules.

—Je m'identifie un peu à elle, lui avoué-je.

—C'est incroyable de voir les points communs qu'on a.

—Vous aussi ?

Il acquiesce et étrangement toute la gêne ressentie plus tôt disparait, je me sens plus à l'aise et plus détendue.

Nous Sommes Tous Des Monstres (sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant