Chapitre 2

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Assise dans l'amphithéâtre, j'écoute attentivement le cours du professeur Kim. Il est l'un des seuls professeurs dans cette académie que j'admire et dont j'adore le cours.

Pourquoi suis-je dans ce cours ? Parce que je rêve de devenir profiler dans le but d'arrêter les monstres comme mon père. J'en suis à ma deuxième année, il me reste plus qu'un an à tenir dans cette université et j'aurais enfin ma licence.

C'est la première étape avant de rejoindre l'institut de criminologie.

—Car comme le disait un grand homme : « le pouvoir est par nature criminel ».

Il y a un long silence dans l'amphithéâtre, mais le Marquis de Sade a raison sur ce point, le pouvoir est en effet criminel quand on y pense.

—Ne me dites pas que personne ici présent n'a jamais entendu cette citation.

De nouveau, il y a le silence.

—Personne ?

Je m'apprête à lever la main mais je sens les regards des autres pesés sur moi, ils vont se moquer et penser que c'est normal que je connaisse cette citation, étant donné que je suis la fille d'un criminel.

Je lève les yeux vers le tableau et sens le regard du professeur Kim dans ma direction, il a beau porter des lunettes, je peux sentir qu'il attend que je lève la main pour m'interroger. Je pourrais le faire mais les autres vont parler de moi, voilà pourquoi je me rétracte. Je fais mine de remettre une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, ce qui déçoit le professeur Kim.

—Le Marquis de Sade est celui qui a dit ça, retenez bien cette phrase, elle pourra vous servir un jour.

La sonnerie retentit annonçant la fin du cours. Je ferme mon ordinateur et le range dans mon sac.

—Reposez-vous bien, on se voit après le week-end, annonce le professeur Kim.

Tout le monde descend les escaliers pour rejoindre la sortie, je fais de même quand j'entends le professeur Kim m'appeler.

—Cameron, tu as une minute ?

Je lève les yeux vers lui l'air surprise, mais accepte. Je fais demi-tour et le rejoins à son bureau. Il retire ses lunettes et me tends une dissertation d'au moins vingt pages.

Je la saisis et aperçois la note A+ ainsi que mon nom en tête de page.

—J'ai lu ton devoir sur le syndrome de Stockholm.

Je lui adresse un demi sourire et n'arrive pas à comprendre pourquoi il a l'air mécontent. Il s'adosse à son bureau et croise les bras contre sa poitrine en me dévisageant. Me voilà déstabilisée, je l'ai toujours trouvé très séduisant comme beaucoup d'étudiantes d'ailleurs. La plupart des étudiantes sont présentes dans ce cours pour l'admirer, j'aimerais leur en vouloir, mais le professeur Kim a une beauté que je qualifierais d'irréel.

—Comme tu peux le constater je l'ai trouvé excellent. J'ai vu que tu avais beaucoup de choses à dire.

J'acquiesce et il soupire.

—Tu peux partager tes connaissances sur papier et seulement quand tu te sens en sécurité dans ta chambre mais dès que tu entres dans cet amphithéâtre tu te fermes. Pourquoi ?

Parce que j'ai peur du regard des autres, parce que j'ai peur de ce qu'ils pourraient penser de moi, parce que j'en ai assez que tout le monde me voit comme la fille d'un criminel.

C'est ce que j'aurais aimé lui dire mais au lieu de ça, je me braque et hausse les épaules.

—C'est à cause de ton passé ?

Nous Sommes Tous Des Monstres (sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant