Il me prend dans ses bras.
Mon père me berce contre lui, il me promet que tout ira bien maintenant, que plus personne ne me fera du mal. Sa voix n'est que l'ombre d'un murmure et pourtant, pour la première fois de ma vie, je me sens en sécurité dans ses bras. Sa main caresse mes cheveux, il transpire et tremble. Ses lèvres se posent contre mon front, elles sont douces et chaudes. Ses vêtements sont mouillés, je fixe la fenêtre et remarque qu'il ne pleut pas, alors pourquoi sa chemise est-elle humide ?
Je demeure un long moment ainsi, logée dans ses bras et puis il se lève enfin pour me conduire dans le couloir. Il descend les escaliers et passe devant la cuisine, c'est là que je l'aperçois, ce liquide rouge répandue sur le sol et maman.
Elle ne bouge plus et elle est réduite en charpie, c'est comme si un animal sauvage l'avait sauvagement abattue.
Mon corps tout entier se raidit, mon père s'arrête et je lève les yeux vers son visage.
Je me réveille en sursaut, couverte de sueur et les yeux baignés de larmes.
J'ai encore fait cet horrible cauchemar, ça ne m'était pas arrivée depuis longtemps mais la date de son exécution arrive bientôt, ça doit être la raison pour laquelle les cauchemars sont revenus me hanter. Dans vingt-huit jours mon père ne sera plus de ce monde et j'ignore pourquoi mais cette pensée me fais trembler, ce qui est absurde vu que je le déteste.
Je fixe à côté de moi le lit de ma colocataire pour voir si je ne l'ai pas réveillée mais elle dort toujours profondément, comme je l'envie. Je n'ai pas pu faire une nuit complète depuis ce fameux coup de téléphone.
Je me hisse hors du lit et rejoins la salle de bain pour me laver le visage. Mon corps tout entier tremble, ça va faire quinze ans et pourtant, ce souvenir me hante toutes les nuits.
Je me regarde dans le miroir et ne ressens rien d'autres que du dégout pour ma personne. Je ressemble tellement à mon père, à ce monstre dont j'éprouve une haine constante depuis ma naissance.
Les mêmes cheveux roux, la même peau pâle, les mêmes taches de rousseur, le même nez aquilin, la même fossette, à chaque fois que je me regarde dans le miroir, c'est lui que je vois. La seule chose qui me vient de ma défunte mère se sont ses yeux bleus et ce collier que je porte constamment autour du cou.
J'ignore depuis combien de temps je m'observe dans le miroir mais suffisamment longtemps pour que mon reflet soit dominé par celui de mon père.
Non, tu n'es pas comme lui, jamais tu ne seras comme lui.
Vraiment ? Alors pourquoi ai-je ces pulsions par moment qui me font trembler ? Et si dans le fond, j'étais comme lui ? Un monstre ?
C'est bien vu, les monstres engendrent des monstres.
—Cameron !
Je sursaute en entendant la voix de ma colocataire résonner derrière la porte de salle de bain.
—Oui ?
—Tu as fini ? Je voudrais prendre ma douche avant d'aller en cours.
Depuis combien de temps suis-je enfermée là-dedans à critiquer mon reflet dans le miroir ?
Je secoue la tête et mouille mon visage avec l'eau du robinet pour me ressaisir.
—Je sors, dis-je.
J'ouvre la porte et trouve Vicky, face à moi.
Vicky Rodrigues est tout ce que je ne suis pas. Elle a vraiment tout pour elle, un corps de rêve, des cheveux frisés que j'envie à chaque seconde, une bouche pulpeuse et des yeux noisette avec une pointe de vert, ce qui n'est pas courant pour une afro-américaine.

VOUS LISEZ
Nous Sommes Tous Des Monstres (sous contrat d'édition)
Mystery / ThrillerCette histoire ne possède que les dix premiers chapitres et il s'agit de la version non corrigée. La suite sera disponible lors de la sortie du roman chez Sharon Kena édition. « Je ne serais pas comme mon père, je le refuse, jamais je ne serais un m...