𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟎𝟐

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II. RÊVES ET RÉALITÉ.

Le soleil berçait de ses raillons l'entièretée du Bataillon.

La lumière chatouilla avec peine les iris d'une jeune femme, qui, de ses paupières, fit battre ses longs cils noirs.

Son visage était paisible, orné de beaux yeux gris et sous l'un d'eux trônait une cicatrice. Son ton pâle accentuait légèrement le rose de ses lèvres et son nez pointu mais autrement typique des asiatiques révélait ses origines mélangées.

La nuit n'avait pas porté conseil à cette guerrière, qui, depuis quelques temps, ne parvenait pas à dormir autant qu'auparavant. La fatigue essayait de la garder de ses crocs d'acier, de la faire céder et de s'affaler.

Le jour s'annonçait non seulement sans pluie, mais aussi étrangement calme. Personne n'était venu réveiller les soldats du régiment, ce qui était hors du commun bien que sans rechignements. Cependant, la jeune femme se doutait bien savoir pourquoi.

Erwin Smith.

Mikasa se retira des couvertures, prête à débuter cette journée qu'elle prévoyait reposante. Tout de même, la femme ne voulait pas se noyer dans un sommeil profond, désireuse de temps pour elle-même.

Quittant son mince dortoir où résidait encore une Sasha ensommeillée, la noiraude laissa échapper un soupire étouffé.

Elle entreprit une marche douce sans que quiconque ne puisse prédire et entendre ses pas, laissant derrière elle une trace de son arôme vanillé. Descendant de nombreuses marches d'escalier, se faisant tout aussi discrète qu'avant, l'Ackerman se rendit vers la sortie des quartiers.

Lorsque son objectif fut atteint, elle put constater qu'il n'y avait encore personne pour la déranger.

Le paysage vert était magnifique, innondé d'un océan de lumière provenant de l'astre se trouvant loin de la Terre. Les yeux gris de la femme se promenaient sur la vue, tandis que ses cheveux corbeaux venaient parfois les musser, dansants au gré du vent.

L'étendue verte se présentant face à elle se faisait chaleureuse et invitante. La noiraude avait l'impression que les plantes lui faisaient une promesse, que tout ce passant là-bas resterait secret, que tout lui serait sans regret.

Elle écouta cet appel et fit son chemin lentement, ignorant ses craintes actuelles.

Un étrange sentiment pris la maîtrise de ses entrailles ― un bien être accompagné d'un malaise.

Elle regarda au ciel comme le suppliant de l'aider, de la sauver. Elle se sentait entourée de morts, non seulement par cause des nombreuses vies perdues sur le champ de bataille, mais aussi par ce nouveau calme beaucoup trop paisible.

Mikasa se retrouvait dans un château fantôme, hantée par les restants de souvenirs, par les vivants mourants. Elle sentait l'horloge ticker, comme annonçant le décompte jusqu'à chacune de leur perte. Elle voyait l'ange virevolter, le démon la dévisager.

Tous des esprits, la laissant seule avec des pensées et espérances. La faucheuse la guettait, mais elle ne savait pas quand viendrait son tour, quand est-ce qu'elle serait éteinte.

La mort s'était emparée de leur Major précédent, laissant l'âme de tous ses suivants périre doucement, tel un craquement. Mikasa le voyait bien aux bruits naturels d'oiseaux, au soufflement du vent lui susurant conseils qu'il n'y avait pas de présence d'êtres humains.

Elle marcha, s'arrêta, ria.

Ce rire était amer, emplit de peine, remords et misère.

Des mémoires la rongeaient, la suivaient partout où elle allait. Ses parents, allongés sur un sol coloré d'un rouge poignant. Armin, gisant sur ce toit lors de cet horrible incident, et évidemment, tous ces cadavres ou personnes suppliantes qu'elle a due passer, laisser tomber.

𝗦𝗲𝘀 𝗽𝗹𝗲𝘂𝗿𝘀 𝘀𝗼𝘂𝘀 𝗹𝗮 𝗽𝗹𝘂𝗶𝗲Où les histoires vivent. Découvrez maintenant