Lacrimosa H.S (mâture)

XVI

*H*

-       Ce sera la dernière fois qu'on se verra.

-       Et quand pourrais-je retourner travailler ?

-       Je vous conseille encore deux jours de bon repos, c'est mieux.

Malgré tout, Charlie semble lassé. Elle a eu deux semaines de congés maladie. Une infermière est passé tous les jours lui changer son pansement. Cette Vanessa, connaissance de Joyce Bella s'est dévouée à nous dépanner. Sans nous demander de compromis, pas un dollar. Sans doute une demande de Joyce, qu'est-ce que j'en sais ?

Mais ce qui m'interpelle surtout, c'est Charlie. Elle n'a prononcé aucun mot depuis deux semaines, ni à moi, ni à Max. Seuls ses questions à Vanessa. Elle a repris des couleurs depuis, tout semble aller pour le mieux, selon elle. Quand j'ai appris que Freeman n'avait pas saisi l'occasion pour la renvoyer, j'étais surpris. La nature de cette ville change progressivement ? Ou bien suis-je en trains de rêver ?

-       Alors ?

Je me tourne. Max est chargé pour aller à l'hôtel. Il se glisse discrètement dans la cuisine près de moi. Les deux femmes sont assises sur le canapé. Sa blessure est en plaine cicatrisation. Je croise les bras.

-       C'est le dernier pansement apparemment. Elle devrait retourner à l'hôtel dans deux jours.

-       C'est une bonne nouvelle ça.

-       Mhh.

Je m'en fiche...

Et ça m'étouffe, de me soucier d'elle tout comme de lui. Le voir s'intéresser à la coloc dès qu'il se produit un drame. Il a été absent, il m'a menti comme c'est toujours le cas. Et soudain, les retards et attitudes curieuses disparaissent. Je refuse de croire que c'était temporaire. Oh et cerise sur le gâteau ; voici comment il poursuit cette conversation.

-       Tu vas te décider à me dire comment elle s'est faite ça, interroge-t-il en chuchotant.

C'est à son tour de me poser des questions. D'accord, il me cache des choses. Et je lui cache mes relations avec Charlie depuis le début. Peut-être qu'il a remarqué quelque chose, mais quelle importance ? C'est fini avec elle. Je ne la toucherais plus. Et même pour elle, à tel point qu'elle me déteste. Je m'en veux, pour l'argent que j'ai essayé de lui donner. Seulement je n'ai aucune autre idée, à part faire profil bas. N'est-ce pas ce qu'elle fait d'ailleurs ?

C'est là, qu'elle détourne le regard, pour croiser le mien. Je n'ai jamais ressenti autant de haine dans les yeux de quelqu'un. Et aujourd'hui, Charlie me tuerait de ses propres mains. Si ça arrivait, je la laisserais aller au bout.

Par honte et... culpabilité, je reprends mouvement pour sortir d'ici.

-       Harry ?

Foutre. Je récupère mon téléphone sur la table de la salle à manger. Arrivé en bas, je n'ai pas encore atteint la porte, qu'il me course déjà.

-       Harry, tu vas où ?

-       Marcher un peu.

-       Tu devrais aller dormir, t'as bossé toute la nuit.

-       Qu'est-ce qui te prends ? Je cris soudain.

D'ailleurs je me tourne pour lui faire face. Il joue les innocents, et ça me rend dingue.

-       Rien, il hausse les épaules. Je m'inquiète pour toi.

-       Oh, je chantonne provocateur, ça y est ? J'existe enfin, pour toi.