Lacrimosa H.S (mâture)

X

Partie 1

*J*

Trois heures du matin, comme convenue. Je suis soudain ponctuelle. Me lever en raison de ces blocages finit par être justifier. Je me suis habillé. Cette fois, comme si je partais pour un long voyage. Comme si je n'allais jamais revenir. Les bras croisés, j'avance timidement vers le bar. Un léger sursaut me prend. Harry est déjà là. Tellement discret et silencieux.

Il se retourne avant que je l'appelle. Cette fois, il ne porte pas son uniforme. Rendant cette future conversation plus interdite que cette relation ne l'est déjà. Je suis prête à parler. À évoquer tous les détails. Moi, Jordan, Foster City, l'hôtel.

Il me regarde brièvement. Contourne le bar pour me rejoindre. D'ailleurs je n'ai pas bougé.

- Vous voulez marcher ?

- ...

J'ai toujours voulu savoir ce que c'était. Cette façon d'être. Impossible de lire ses sentiments sur son visage. Dont les traits sont si exposés. La question c'est de savoir s'il se force à être présent pour moi ? Est-ce qu'il est si sincère depuis le début ?

- Je veux bien, finis-je par répondre.

Nous sortons par la terrasse. Aussitôt jusqu'au sable, qu'on retire nos chaussures. Le ciel dégagé, et étoilé me fascine. Le reflet de la nuit dans l'eau, si calme. Moins bruyante qu'en journée. Si ce n'est que ses vagues sont aussi douces qu'une mélodie. Peu importe où on va. Je le suis. Je lui fais confiance.

- Vous n'allez pas vous excusez cette fois ?

Je tourne la tête. Il regarde en face de lui, indifférent. Je choisis de répondre intelligemment.

- À chaque fois que je m'excuse, vous me le reprochez.

- Peu importe comment je réagis. L'essentiel c'est vous.

- ...

- Cette culpabilité, vous savez. Quand je vous regarde, j'ai le sentiment d'être votre ennemi.

- Ce n'est pas le cas.

- Vous avez toujours été comme ça ?

- Comme quoi ?

Il s'arrête, alors moi aussi. En face à face. Moi toujours les bras croisés. Lui sans cesse, les mains dans les poches.

- Innocente.

Je le regarde un temps. M'en accordant assez pour formuler une bonne réponse. L'ennui c'est que je n'en ai pas la moindre idée.

Je marche à nouveau. Il me rattrape, insistant.

- Fragile et naïve.

- Non, je ne l'ai pas toujours été.

- Si seulement vous pouviez entendre votre voix. Dès qu'on vous reproche quelque chose, vous êtes sur le point de pleurer.

- S'il vous plait.

À moi de m'arrêter pour lui tenir tête. Ou du moins lui supplier...

- Très bien, vous avez compris qu'en me parlant de cette façon je pouvais me livrer et être honnête.

- Je n'ai même pas besoin de me justifier alors.

- Sauf que c'est mal.

- ...

- Je pourrais vous retourner la question. Vous avez toujours été comme ça ?

- Comme quoi ? Il sourit, sans danger.