III

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*H*

- Tu t'es vraiment fichu de moi sur ce coup-là.

Tant que mes mains sont dans mes poches, je ne lui en collerais pas une. Pourtant j'en rêve. Il m'a à peine laissé réagir, hier soir. Une brosse à dent rose était déjà dans la salle de bain. Le vide qu'occupait cette dernière chambre avait disparu.

Le reste de la journée, Max travaillait. J'étais seul dans cet appart avec elle. Enfermé dans ma chambre. D'ailleurs je suis parti avant elle. Je suis déjà habillé, mais bien trop en avance. Le barman de jour est toujours à son poste. Alors j'en ai profité pour retrouver Max en cuisine. Il se déplace de droite à gauche. Speed.

Il est vingt-deux heures trente. Je commence dans pas longtemps. Juste assez de temps pour avoir des explications.

- Elle m'a dit que ça n'allait pas fort entre vous. Raison pour laquelle je ne t'ai pas averti. Qu'est-ce que t'as foutu encore ?

Et de plus, qu'elle lui en dit beaucoup.

- Super, et donc tu crois que ça vient de moi.

- Je ne crois pas, j'en suis sûre.

Il fait cuir du poisson. Avant de lancer la préparation d'une sauce.

- Elle paiera sa part du loyer. Rien de plus sûre puisqu'elle travaille aussi ici. Maintenant Harry, laisses tomber tu veux ?

- Non.

Il relâche son fouet bruyamment sur le plan. Un temps silencieux. Pour se retourner. Dans un duel de regard. Avec moi.

- Si tu as l'intention de lui rendre la vie difficile, ça va pas le faire.

- Sinon quoi ?

- Mec, stop !

- ...

- Si elle est là, c'est pour gagner sa vie, comme nous tous.

- Elle est là parce qu'elle est féministe.

- Qu'est-ce que t'en sais ?

- Je le sais.

Elle a tenu des propos tel quel l'autre soir. Elle ne compte pas s'arrêter à juste travailler. Remplir des taches et fermer sa gueule. Son but c'est d'en mettre un maximum dans sa poche pour mieux militer. Quand elles ont compris que les hommes pouvaient aussi être de leur côté. Tout a changé, par ici. Je n'ai pas l'intention d'aider qui que ce soit. Si je suis là, c'est pour un salaire. Rien d'autre. Mais Max sera le premier à tomber dans sa ruse.

- Harry, tu as intérêt à la respecter. Elle vit avec nous maintenant. Les règles de bonnes convivialités ça te dit quelque chose ?

- Ça va, je souffle, je la toucherais pas ta petite protégée.

Même si je l'ai déjà baisé avant toi...

- J'ai du boulot. Toi aussi il me semble ?

On a beau s'être mis d'accord. On continue de se fixer méchamment. On est toujours tendus. Et ça va durer trois jours grand maximum. Rien de tout ça devrait arriver à cause d'une femme. Pourtant nous y voilà...

Je laisserais pas cette garce le malmener. Max est encore plus fragile qu'il ne le devrait. On est restés seuls toute notre putain de vie. Nos destins sont curieusement les mêmes. La seule différence... c'est son père.

Alors oui, j'imagine sa sensibilité. Mais le seul moyen pour ne pas souffrir, c'est d'arrêter d'être aussi faible.

Miracle. Mes mains sont toujours dans mes poches. Je quitte les fourneaux. Il est moins cinq. Je croise le barman de jour. Bien sûr, il ne me salue pas. Je ne comptais pas le faire non plus.

Lacrimosa H.S (mâture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant