𝑺𝒘𝒆𝒆𝒕 𝑻𝒆𝒙𝒕𝒔

𝑳𝒊𝒇𝒆 𝒊𝒔 𝑯𝒂𝒏𝒈𝒊𝒏𝒈 𝒃𝒚 𝒂 𝑻𝒉𝒓𝒆𝒂𝒅

Le cancer. Un mot, une maladie faisant frémir tous les hommes. Rares sont ceux n'en ayant pas peur. Comment lutter contre notre angoisse à l'entente de ce mot ? Il est associé à la mort. Le cancer, la cause de mortalité la plus importante dans bon nombre de pays. Rares sont ceux souhaitant mourir. Alors, forcément, quand on vous annonce que vous avez un cancer, vous avez du mal à vous en remettre. Mais pas seulement. Le plus dur n'est pas de l'encaisser, mais de l'avouer à ses proches.

L'avouer, et voir leur pitié. Leur peur. La peur de vous perdre. Parce qu'ils aimeraient être optimistes, et pourtant ils ne peuvent s'imaginer une fin heureuse. La mort devient omniprésente dans leur esprit. Et après il faut vivre avec. Il faut savoir vivre avec la peur au ventre, en croisant les regards de pitié, en subissant de lourds traitements comptant des effets secondaires. C'est facile de dire qu'on va assumer notre maladie, qu'on va être fort, que ce n'est rien, mais c'est autre chose de le faire.

J'ai un cancer. Un cancer du sang. Je suis condamnée à vingt ans. Ou en tout cas je me sens comme. Mes parents ne savent plus me regarder sans que les larmes ne leur montent aux yeux. Pourtant, ils veulent être forts. Je le sais, je le vois. Mais je les vois lutter, je vois bien qu'il n'y a aucune joie dans leurs sourires. Ils souffrent, et comme la plus à plaindre dans tout ça c'est moi, ils essayent de le cacher pour me préserver. Et ça me fait encore plus mal que de les voir tristes.

Les voir essayer de me mentir est une souffrance insupportable. Tout comme voir tous mes amis s'éloigner pour ne pas souffrir. Ils préfèrent me rayer de leur vie avec l'espoir de ne pas avoir mal le jour où ma mort sera annoncée, alors qu'on sait tous que ça ne changera rien à leur douleur. L'être humain est comme ça après tout. Il fait parfois des choses stupides, en ayant en tête un espoir que lui même sait vain.

Mais ça n'a pas été ton cas. Tu ne me connaissais pas quand ma maladie s'est déclarée. Tu ne savais pas pourquoi tout le monde était gentil avec moi en me laissant pourtant toujours dans mon coin. Et j'ai essayé de te repousser. Je ne souhaitais infliger la douleur de la perte d'un être cher à personne, et bien trop de monde souffrait déjà à cause de moi. Je ne voulais pas te rajouter à la liste. Mais je ne te connaissais pas bien, et j'ai sous estimé ton côté têtu.

À force de te voir essayer, j'ai arrêté de lutter. Ma maladie me pompait déjà suffisamment d'énergie, et avoir des amis me manquait. Mais je n'osais pas te dire ce que j'avais. Je ne pouvais pas, et je ne voulais pas. Je ne voulais pas voir de la pitié dans un autre regard. J'en avais marre de voir le sourire de tout le monde se faner en me voyant. Et en même temps je m'en voulais de te laisser t'attacher sans rien te dire.

Un jour, tu as compris. Quand une fille passant derrière moi a coincé un bouton de son chemisier avec mes cheveux et qu'ils sont restés bloqués dedans. Absolument tout le monde avait regardé dans notre direction. J'avais envie de m'enterrer. La chimiothérapie commençait à avoir des effets secondaires, en particulier sur mes cheveux. Et absolument tout le monde connaissait mon amour pour mes cheveux, dame nature m'en ayant offert de très beaux.

Mais j'ai fait comme si de rien n'était. Encore. Et, à mon grand étonnement, toi aussi. Tu n'avais pas l'air de m'en vouloir, ni même de vouloir me fuir avant de finir blessée. Tu ne me regardais pas avec pitié, et tout ce que tu as fait était de vérifier que mes cheveux ne s'accrochent pas dans autre chose. Plus je te connaissais, et plus tu me surprenais. J'étais bien heureuse de t'avoir rencontrée, et de t'avoir à mes côtés.

On en a parlé le soir même, tu étais venue dormir chez moi et m'avais posé tout un tas de questions sur ce que j'avais. Sans jamais me juger. Sans jamais me regarder avec peine et pitié. Je me sentais plus soutenue que jamais dans l'épreuve de la maladie, et je me promettais de tout faire pour te rendre la pareille, pour ne pas te faire souffrir. Tu me donnais une motivation supplémentaire pour me battre, pour supporter la perte de mes cheveux et les moments difficiles aux toilettes.