𝑰 𝑳𝒐𝒗𝒆 𝒀𝒐𝒖

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Je m'enfonce. Encore et toujours plus. J'ai l'impression de me trouver dans des sables mouvants dont je n'arrive pas à sortir, malgré tous mes efforts. J'aimerai que ça soit comme dans le film d'animation que je regardais quand j'étais petite, qu'en dessous il se trouve une espèce de sous sol regorgeant de découvertes merveilleuses... malheureusement, je sais que tout ce qui m'attend est du noir. Du noir. Et encore du noir. Je ne vois plus que cette couleur depuis un moment de toute façon. J'aimerai voir la vie en rose tu sais, mais j'ai l'impression de ne pas en être capable. Je vais mal. Je le sais. Je le cache à tout le monde, mais je crois que tu n'es pas dupe. Quelle ironie quand on y pense, tu es la personne à qui je veux le plus le cacher, et pourtant la seule qui le remarque.

Vie de merde. J'ai envie d'insulter le monde, de ne jamais avoir vu le jour et la merde qui se cache derrière le sourire bienveillant de mes parents. Ce monde est pourri jusqu'à la moelle. Les hommes sont des ordures. Pas toi bien sûr, je parle des autres. Tu sais, ceux qui déclenchent les guerres. Ceux qui ne sont pas capable de vivre leur vie dans leur coin en foutant la paix aux autres. Ceux qui ont besoin d'un peu trop d'attention, même celle de personnes leur étant parfaitement inconnus. Enfin, ils pourraient avoir cette raison ou une autre que je m'en ficherait tout autant. Après tout c'est pas mon problème, j'ai déjà assez de mal à m'occuper de moi pour me soucier d'inconnus qui foutent la merde dans le reste du monde.

Au final, il n'y a que dans tes bras que je me sens bien. Que je me sens en sécurité. A ma place. Au moins quand je suis avec toi, je ne souhaite pas être ailleurs. Alors que je cherche toujours à aller ailleurs. Dans un endroit ou la misère de ce monde ne pourrait pas m'atteindre, et me déprimer encore plus. Malheureusement, il n'y a que dans tes bras que je ressens ça. Et tu n'es pas là assez souvent. Tu n'es jamais là assez souvent. Parce que je suis égoïste, et que tant que je ne peux pas rester accrochée à toi comme un koala toute la journée tu n'es pas assez présent. On se voit tous les jours ou presque, mais ce n'est jamais assez.

C'est peut être ça mon problème en fait... j'en demande trop. Toujours trop. J'en attend trop des gens, j'ai trop d'espoirs en ce monde de brutes, et je ne suis jamais satisfaite. Le problème vient sûrement de moi. Le problème est toujours venu de moi. On me le faisait comprendre presque quotidiennement, mais je ne l'ai jamais accepté. Comment accepter que les gens qui nous entourent ne nous apprécient pas, à cause d'une dépression dont vous n'êtes pas capable de vous débarrasser ? Enfin, dépression... c'est un bien grand mot pour décrire ce que j'ai. Je ne suis pas dépressive, j'ai juste la vie sur cette planète en horreur.

Je ne suis pas dépressive. Juste pessimiste. Oui, voilà, c'est ça. Juste dépitée de la vie. Et toi tu me supporte au quotidien, sans rien dire. Ta vie doit être ennuyante à mourir pour que tu t'embêtes à ce point. Je ne me comprend pas, mais le plus gros mystère que je n'ai jamais élucidé reste toi. Quand tout le monde essaye de passer un peu de temps avec moi, mais pas trop, juste assez pour ne pas être saoulé par mes plaintes incessantes sur le monde, les informations et d'autres choses au final sans grand intérêt pour eux, parce qu'une possible guerre est moins important que la dernière soirée organisée par San, toi tu passes tes journées avec moi.

Parfois tu m'emmènes avec ton groupe d'amis, me séparant du miens qui ne demande au final sûrement que ça, et parfois tu ne fais que rester avec moi, pour passer du temps rien que tous les deux. Et je ne sais pas comment tu fais. Mes amis, que je vois moins souvent que toi, n'en peuvent plus de moi, alors comment toi tu fais ? Je ne te force à rien, tout vient toujours de toi, jamais de moi. Alors pourquoi ? Pourquoi sortir avec la râleuse de service, qui ne sert pas à grand-chose d'autre que combler la place d'un groupe pour éviter la boule puante ayant élu domicile au premier rang de la classe, juste devant le prof ?

Des fois, je me demande ce que serait ma vie sans toi. Et en fait, ce n'est pas difficile à imaginer. Il suffis de voir comment je passe mes week-end loin de toi, parce que mes parents ne veulent pas te voir, surtout mon père qui a décrété que je serai sa petite princesse jusqu'à sa mort et qu'aucun autre homme n'avait le droit de rentrer dans ma vie, sauf mon cousin qui mange encore ses crottes de nez en se grattant les fesses devant tout le monde. Mes week-end si longs, que les autres attendent pourtant avec impatience puisqu'il annonce la fin des cours. Mais c'est bien les cours. C'est la chose qui m'a permis de te rencontrer. Et qui me permet de te voir, le pitbull faisant la loi dans ma maison ne te laissant jamais approcher de sa fille chérie.

𝑺𝒘𝒆𝒆𝒕 𝑻𝒆𝒙𝒕𝒔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant