Olivia

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Je remercie la pharmacienne en attrapant le sachet contenant la crème pour soigner mon hématome.

Il a fallut que je perde la mienne qui était, pour ainsi dire, introuvable. J'ai passé la moitié de l'après-midi à la chercher... en vain. Ce qui m'a poussé à sortir de chez moi, un dimanche, les cheveux détachés, démaquiller, vêtu d'un simple haut rose et d'un bas de survêtement gris, le tout accompagné d'un long manteau noir en fausse fourrure que maman affectionnait particulièrement.

Étant plus jeune, je me remémore de toutes les fois où je suppliais ma mère pour ne serait-ce que le toucher durant quelques secondes. C'est une de ses pièces les plus belles. Enfin, c'était, avant que je ne m'en empare.

Me revêtir de ce manteau était l'une des premières choses que j'avais faites après avoir emménagé la garde-robe de maman dans mon armoire.

Je me sentais comme Sharon Stone dans Casino.

Mais la vie n'est pas un film. Non. Ces derniers temps elle passe plutôt pour une caméra cachée, à tel point que je commence à soupçonner Mathilde d'être derrière tout cela, sans aucune raison apparente. Je me dis juste qu'elle serait assez suicidaire pour me faire ce genre de coup bas.

À peine ai-je mis un pied dehors, je tombe sur la cause de mon mécontentement presque journalière ces temps-ci. Mathieu n'est pas parti pour mon plus grand désarroi. Il avance même dans ma direction, les mains dans les poches prêt à avoir une conversation que je ne voudrais pas avoir pour le moins du monde.

Je le devance donc en exprimant très clairement ma déception de le voir à nouveau.

- Et dire que je me réjouissais de ton départ...

Il fait claquer sa langue sur son palet.

- T'inquiète pas Madame la duchesse. Je voulais juste savoir ce que t'avais à la main, c'est tout. Je vais me tailler après.

Je lève les yeux au ciel en entendant le stupide surnom qu'il m'attribue, bien que sa soudaine inquiétude vis-à-vis de moi m'étonne légèrement.

J'ai bien dit légèrement.

Mais je crois saisir ce que le blond voudrait réellement savoir.

- Si tu t'inquiètes sur le fait que je sois une femme battue, enlève-toi tout de suite cette idée de la tête parce que je ne le suis pas... Dieu merci. Je me suis juste prise un guidon de vélo.

- Un quoi ?

- Un guidon de vélo. Un imbécile m'ait rentré dedans sur le trottoir. Et je précise « sur le trottoir » parce qu'il avait strictement rien à faire là.

Un petit rire lui échappe.

- Tu l'as frappé ?

- Non, mais je crois que j'aurais dû.

Je dis en fixant un point imaginaire pendant que Mathieu continue de s'esclaffer doucement.

- Heureusement que c'est ça et pas l'autre truc.

- Hein ?

- T'as dis que t'étais pas une femme battue et en vrai j'y ai pas pensé, mais ça pouvait être ça aussi.

Il hausse les épaules en même qu'il me parle.

- T'as une marque hyper grosse sur ta main, elle fait peur carrément.

Le blond désigne le dos de ma main de son index, probablement pour éviter de me faire mal comme il l'avait fait à l'intérieur.

Le contact de sa paume contre la mienne m'a surprise. J'ai pu le sentir à travers mon corps tout entier, un frisson des pieds jusqu'à la tête, une sensation encore inconnue mais étrangement familière, tout ça en moins d'une seconde.

Compliqué Où les histoires vivent. Découvrez maintenant