Olivia

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13 octobre 2018

- S'il vous plaît... ça me ferait vraiment plaisir.

Je ferme mes yeux et me pince l'arête du nez.

Je n'avais pas besoin de ça. Je m'étais fait à l'idée d'oublier l'existence de cet idiot, mais malheureusement, sa grand-mère venait tout juste de se mettre en travers de cela. Voilà maintenant, 20 bonnes minutes que je discute avec elle. Son ton navré et sa gentillesse m'ont piégé dans cette conversation, qui ne semble pas vouloir se terminer. Encore mieux, elle voudrait que je vienne un soir dîner pour oublier nos différends et repartir sur de bonnes bases avec son petit-fils.

Je trouve bien sûr l'idée ridicule à souhait, ce qui n'est pas de son avis à elle.

- J'aimerais beaucoup vous recevoir chez moi pour vous présenter des excuses en personne. Mon petit-fils a dépassé les bornes et-

- Madame, s'il vous plaît...

Je lui demande presque en lui suppliant.

- Je comprends que vous vouliez vous faire pardonner mais, sauf votre respect, cela ne vous concerne en rien. Le problème est entre moi et votre petit-fils et bien que vous aimeriez nous voir nous réconcilier, je ne pense pas que cela soit possible. J'inspire un instant avant de reprendre. Écouter, je n'ai rien contre Mathias-

- C'est Mathieu.

- Oui, désolé, Mathieu. Je n'ai rien contre lui et ni contre vous, mais je ne pourrai pas me forcer à venir dîner chez vous seulement pour que vous vous sentiez moins coupable. J'ai beaucoup aimé regarder votre autre petit-fils et je ne regrette pas de l'avoir fait, mais s'il vous plaît, ne le prenez pas contre vous si je n'accepte pas votre invitation.

Un blanc de quelques secondes s'installe. Je crois avoir été suffisamment clair sur la question... prions maintenant pour qu'elle ne se sente pas trop brusquer par mon ton quelque peu cru.

- D'accord, je comprends. Je ne peux pas vous forcer à venir manger chez moi. Elle rit nerveusement. C'est vraiment dommage... Je m'excuse encore une fois pour le comportement de mon petit-fils.

- N'ayez pas d'inquiétudes là-dessus, c'est déjà oublié.

Je mens dans l'optique de la rassurer et de surtout mettre fin à cette conversation.

- Eh bien, au revoir. Je vous souhaite de passer une bonne journée !

- Vous aussi.

Je raccroche en soufflant longuement.

Je me laisse tomber sur ma chaise, perdant mon regard sur le plafond de ma chambre... Je ressens malgré tout de la peine pour cette charmante dame. Elle n'a sûrement pas dû comprendre l'attitude de son petit-fils envers moi, ce qui explique cette généreuse invitation de sa part. Par conséquent, après avoir été témoin de son caractère pour le moins détestable, je me vois mal tenir mon sang-froid durant toute une soirée à le côtoyer comme si de rien était. Cet idiot a besoin d'une chose en particulier qui est de se remettre en question et vite. Je plains sa pauvre grand-mère qui doit être très certainement morte de honte à l'heure qu'il est.

Peut-être bien qu'elle y est habituée tout compte fait...

Je me perds dans mes pensées, toujours en fixant un point invisible sur mon plafond, quand soudain, je distingue une petite tâche noire située juste au dessus de mon bureau. Cette tâche m'intrigua sans que je ne comprenne pourquoi. Je focalise toute mon attention là-dessus, la fixe durant plusieurs minutes en me demandant comment elle a bien pu apparaître et faire - littéralement - tâche sur mon joli plafond de couleur ivoire. Habitant au dernier étage, je ne doute que ce soit l'œuvre du voisin du dessus. Ce n'est pas non plus de la moisissure, ce qui me fait penser probablement à une trace de peinture noire laissé à cet endroit-là sans faire exprès..

Mes sourcils se froncent en me rendant compte de l'absurdité de mon questionnement. Je secoue ma tête d'un geste vif et ressasse inconsciemment la conversation téléphonique, que j'ai eu plus tôt, dans mon esprit.

En y repensant, je me dis qu'un seul job était suffisant pour moi. Il a fallut que je sois un peu trop gourmande et que je jongle entre la librairie et le baby-sitting. Mes intentions étaient d'économiser un maximum d'argent possible avant de pouvoir décrocher une opportunité de travailler dans le monde de la mode. Il fallait absolument que je modernise ma garde robe, je n'ai qu'à ma disposition les anciennes affaires de ma mère. À son retour de vacances, elle s'est amenée avec une pile de nouveaux vêtements. Étant fan de son sens de la mode, je me suis alors ruée sur son dressing en emportant tout chez moi, mais voilà tout... je me dis qu'un nouveau look plus personnel s'impose si jamais je venais à obtenir ce job de rêve.

Est-ce insignifiant ou bien, inutile ? Je ne pense pas. Il faut savoir se démarquer de par son comportement et de sa détermination comme pour son style et de ce qu'on dégage par exemple.

Un petit détail qui peut faire toute la différence si on me demande.

Un détail autrefois important pour Célia aussi... c'était notre point commun ultime à toutes les deux. Nous passions notre temps à critiquer les différentes tenues des passants dans la rue, un p'tit café à la main. Cela était, certes, immature et quelque peu puéril, mais c'était notre activité à nous.

Aujourd'hui, nous ne daignons même plus nous dire bonjour. Pas un regard échangé ou un sourire partagé... Un froid s'est installé naturellement et demeure depuis un certain temps, sans que l'une de nous deux en change la donne et en voilà la raison : la blonde a finit par faire cavalier seul.

Nous étions autrefois un groupe de 4 copines inséparables.

J'étais déjà amie avec Asma quand elle m'a présentée Mathilde et Célia. Pas un seul jour ne passait sans que nous ne communiquions via les réseaux sociaux pour parler de nos journées, de nos peurs, de nos désirs, de nos problèmes et bien plus encore. C'est pour cela que nous étions toutes trois surprises de l'éloignement soudain de la blonde. Plus de messages, plus de nouvelles de sa part pour au final tomber sur elle lors d'une soirée quelconque.

Célia s'était en fait dénichée de nouveaux amis, nous oubliant à petit feu.

Les filles étaient blessées de l'apprendre. Elles ne réalisaient pas ce qui se déroulaient devant leurs yeux, mais par dessus tout, elles se sentaient bêtes ; bêtes d'avoir offert leurs amitiés en vain ; bêtes de s'être inquiétées pour elle pendant tout ce temps alors qu'elle de son côté, se portait à merveille ; bêtes tout simplement de ne pas s'en être rendu compte plus tôt.

J'étais, à vrai dire, dans le même état qu'elles dans un premier temps, mais j'ai très vite ressentie du dégoût et de la déception envers mon amie. Je ne me suis pas retenu plus longtemps, je lui ai attrapé le bras en nous isolant toutes les deux pour pouvoir lui demander des comptes comme il se doit. Son ton enthousiaste s'est rapidement transformé en un ton plus agressif. La blonde ne cessait d'être sur la défensive, ce qui montrait inconsciemment qu'elle était en tort et qu'elle s'en doutait dans le fond.

1 mois s'est écoulé depuis cette dispute avec cette dernière et je n'ai toujours pas pu lui pardonner. Mathilde a été la première à abandonner et a être allée la voir. Suivie de très près d'Asma qui voulait désespérément que tout revienne à la normale. Célia les a accueilli à bras ouverts et il parait même qu'elle est passé outre cette histoire et qu'elle ne m'en veut plus du tout.

Mais il y a un hic : ce n'est pas à elle de ne plus m'en vouloir.

Je ne lui ai rien fait de mal pour qu'elle m'en veuille et c'est exactement ça qui m'a fait rester sur mon choix de ne plus lui adresser la parole. Je veux pas de quelqu'un qui ne se remet jamais en question dans ma vie. Et bien qu'on soit maintenant toutes les deux dans une posture assez délicate, cela ne change rien à mon quotidien. Je trouvais ça étonnant de m'apercevoir qu'une personne pouvait être tout pour nous puis rien dans la minute qui suit.

C'est fascinant et déconcertant à la fois.



***

Chapitre hyper court désolé les gens...

J'allais pas non plus faire que des chapitres de 2 milles mots 🙂

xoxo

Compliqué Où les histoires vivent. Découvrez maintenant