Olivia

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7  novembre 2018

Avaler une friandise dans l'optique de me détendre.

C'est ce que j'aurais fait en temps normal avant de descendre de ma voiture. Aujourd'hui, j'ai opté pour un morceau de disco des années 70, nul autre que I Feel Love.

Maman est une grande fan de Donna Summer.

Elle me répétait sans cesse, au début de mes années collège, qu'elle était incontestablement une légende dans le monde de la musique, que sa voix était unique, voire hypnotique. Je l'ai compris durant ma toute première écoute de ce tube intemporel, qui résonne dans mes oreilles à cet instant même. Suite à cette découverte, pas un seul jour ne passait sans que je ne mettais la chanson en boucle dans mon casque. Je fredonnais l'air pendant mes cours d'espagnol au lieu de suivre, j'écrivais les paroles dans les pages de mon cahier de technologie que je détestais tant, bien que cette matière soit étroitement liée à mes cours préférées. Les sciences.

Elles le sont toujours autant d'ailleurs.

Je marche donc au rythme de la musique. Une main tenant fermement la lanière de mon sac sur mon épaule, l'autre le long de mon corps en bougeant inconsciemment les doigts au même temps que les percussions. La tête droite, le regard légèrement baissé fixant un point imaginaire tout en chantant les paroles de la chanson.

Parfait.

Je ne suis plus qu'à quelques mètres de l'établissement. J'ai largement le temps de finir le morceau avant d'y entrer. C'était le but.

J'ai dû attendre 2 bonnes semaines sans l'ombre d'une réponse de leur part. Après le fiasco de la dernière fois, je compte désespérément sur cet entretien d'embauche pour booster ma carrière de styliste - pour le moment inexistante - bien que ce ne soit qu'une demande de stage. Je dois impérativement me former avant de rentrer dans le vif du sujet. J'ai encore beaucoup de notions à apprendre et à maîtriser pour peut-être lancer ma propre marque de vêtements.

C'est osé, mais que voulez-vous, j'ai un faible pour les défis.

J'ai tout misé sur mon tailleur lilas que je réservais justement pour une occasion spéciale, en l'occurrence cet entretien. Mes cheveux sont encore une fois relevés en une queue de cheval et mon maquillage est plutôt sobre aujourd'hui. Mes escarpins à talons beiges n'ont pas été commode du tout. Je me suis un tantinet forcé à les enfiler, elles s'accordent parfaitement avec ma tenue du jour, mais je grimace un peu, regrettant mes baskets blanches qui auraient également fait la paire avec mon tailleur.

Je regrette davantage mon choix de chaussures quand le guidon d'un vélo se heurte violemment contre ma main droite alors que je me crispais en jetant un coup d'œil rapide à mes pieds.

Je pousse un cri de douleur en tenant fortement mon poignet, évitant avec précaution de toucher le dos de ma main qui me fait atrocement mal.

Le jeune homme se retourne en tournant avec lui son moyen de locomotion dans ma direction. J'enlève mes écouteurs et attends d'un pied ferme qu'il présente des excuses.

- Vous auriez dû vous décaler, vous m'avez pas vu venir ?

- Je vous demande pardon ?! Je hausse le ton. Vous venez tout juste de me rentrer dedans et c'est moi que vous accusez ?!

- Je vous ai averti avec ma sonnette, mais c'est sûr qu'avec des écouteurs dans les oreilles vous n'arriverez pas à la détecter.

Sa main sur sa hanche et son air condescendant me mets hors de moi.

- Votre véhicule n'avait rien à faire sur le trottoir ! Si vous voulez rouler librement, faites-le sur les routes où vous ne blesserez personne sur votre passage, quand bien même je doute sincèrement que vous y arriveriez !

Compliqué Où les histoires vivent. Découvrez maintenant