Chapitre 1 - Le déclencheur

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19 mai 2017 - 3h15

        C'était mon anniversaire, depuis un peu plus de 3 heures. Je sortais d'une soirée entre amis. Un peu trop saoule et fatiguée pour rentrer chez moi, à l'autre bout de la ville. Je décidais d'aller retrouver mon copain, me blottir contre lui, serait comme une sorte d'auto cadeau. En bas de l'immeuble, avec le peu de batterie qu'il restait sur mon téléphone, je commandais un Uber. J'ai peut-être dû patienter un bon quart d'heure avant que le chauffeur annule la course. Tant pis, tout me semblait si léger autour de moi. L'euphorie de l'alcool, de la joie d'avoir passé une bonne soirée, l'excitation de cette journée d'anniversaire qui m'attendait, l'air frais du soir d'un mois de mai.

      Je me suis mise alors à marcher remontant les rues, les avenues et les allées. Scrutant, si jamais un taxi ou un Noctilien se décidait à passer par là. C'est à une centaines de mètres de chez lui que je les vis. Quatre garçons d'à peu près mon âge. Ils portaient sur eux l'assurance et l'arrogance qu'ont ces jeunes à qui la vie à toujours souries. Cette opulence qui leur donne le droit de tout prendre sans avoir de comptes à rendre à qui que soit. Et cette nuit, ce qu'ils voulaient prendre, c'était rien d'autre que moi.

     Le premier s'est approché et m'a pris les mains. Le temps que je veuille les retirer, le deuxième m'avait bloqué les bras. Il ne me restait plus qu'à crier et me débattre mais je m'arrêtais vite quand le troisième me gifla, coupant net ma respiration. Puis, c'est quand le quatrième arracha violemment ma robe que l'étrange phénomène se produisit.

     Mon âme et mon corps arrêtèrent subitement de marcher en symbiose. Mon corps n'étant plus qu'une maison en feu avec mon âme qui tentait par tous les moyens de courir loin de cet incendie. Mais comme les flammes étaient à l'extérieur et bloquaient toutes les issues, mon âme se blottit en boule dans un coin, un peu comme un enfant qui se cache des monstres et fredonne une musique apaisante pour faire fuir la peur.

      Je ne sais pas combien de temps ça avait duré, je ne sais pas ce qu'il s'était passé. Mon âme entrouvrit doucement mes yeux, elle ne voulait pas bouger. Peut-être qu'ils étaient encore là, à attendre que je me relève pour entreprendre le deuxième assaut. Elle me fît me lever tout aussi doucement qu'elle m'avait réveillé et puis machinalement, pris le contrôle, pour aller me mettre en sécurité.

      Elle parcourut les derniers mètres jusqu'à la grande porte cochère. Composa avec aisance le code d'accès. Gravit, non sans peine, les deux étages. Une fois devant la porte, c'est elle qui chercha au fond de mon sac le trousseau de clefs, qui ouvrit la porte et la referma faisant le moins de bruit possible. Elle me fît enlever mes chaussures dans l'entrée et poser mon sac et ma veste sur le fauteuil à côté. C'est elle qui m'emmena dans la salle de bain, me déshabilla puis me lava. Mon âme avait toujours les commandes quand elle cacha ma robe déchirée au fond de la poubelle. Elle me fît entrer dans sa chambre, me tourna vers le grand placard et choisit pour moi un caleçon et un t-shirt. Puis à bout de souffle me glissa dans son lit et c'est quand ses bras protecteurs vinrent m'enlacer et m'attirer contre son torse, qu'elle su que j'étais enfin en sécurité, elle alla donc se reposer. Me laissant là, le dos contre son ventre, bercer par son souffle lent et les battements de son cœur. À ma place.

      "-Joyeux anniversaire mon amour." Me souffla t'il dans l'oreille avant de venir m'embrasser la nuque.

Ken se rendormit l'instant d'après et son nez dans mon cou. C'est dans cet écrin d'amour et de protection que mon âme décida d'oublier tout ça.

Avant Tu Riais - NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant