Chapitre 16 - L'extase

295 14 8
                                    


        Je restais muette face à sa tirade. J'avais fermé les yeux le plus fort possible vers le milieu de son discours pour essayer de m'empêcher d'éclater en sanglot et depuis qu'il avait fini de parler, j'étais restée dans cette posture, m'accrochant à ses mains pour ne pas sombrer. J'avais cette impression contradictoire que tout le poids du monde s'abattait soudainement sur moi tout en me soulageant de centaines de mes peurs.

        Ken agrippa encore plus sa prise autour de moi, me plaquant totalement contre son torse, l'obligeant à venir placer son menton sur le haut de mon crâne. Nos pleurs se mélangeaient, une longue plainte commune, une respiration presque. Nos corps l'un contre l'autre vibrait ensemble, à chacun de nos soubresauts dû à un sanglot, l'autre accompagnait le mouvement, à chaque inspiration, reniflement, expiration, à chaque soupires.

        Je ne pouvais pas prendre la parole après ça. Je n'aurai pas pu aligner deux mots correctement. Je me retournais alors face à lui et planta mon regard dans le sien. À défaut des mots, je pouvais toujours lui parler avec les yeux. Lui dire tout ce que j'avais sur le cœur. Mais surtout, lui transmettre tout le regret, tout le manque, toute la peine, toute la joie, tout l'amour que j'avais pour lui à l'instant. Et comment mon amour grandissait un peu plus à chaque seconde de la durée de ce regard. Le soulagement de voir briller dans sa rétine la même flamme que dans la mienne, le même feu que cinq auparavant, les mêmes étincelles que le jour de notre toute première rencontre. Je sortais enfin de cette tristesse flou pour me noyer dans un doux bonheur, l'euphorie montant en crescendo dans mon coeur. C'était fou, complètement dingue même, totalement surréaliste, on était là. On était ensemble. On était l'un contre l'autre, l'un dans le regard de l'autre. Enfin. Après tant de temps, après tant de désespoir, on s'était retrouvé.

         La joie arrivée à son paroxysme, on éclata de rire simultanément, libérant l'enthousiasme d'être à nouveau nous. Tout simplement. Puis notre rire se stoppa aussi net qu'il avait débuté. Nos prunelles brûlaient déjà d'une autre manière et faisaient des allers retour entre nos yeux et nos lèvres. Dans un même mouvement, elles finirent par se rencontrer pour se lancer dans leur propre danse. Plus notre étreinte s'intensifiait, plus on perdait pied. Le besoin de se redécouvrir devenait de plus en plus fort et nos lèvres migraient de tant à autre vers le cou, les joues, le front de l'autre pour mieux s'unir à nouveau, laissant seulement le temps à l'autre de reprendre sa respiration. Très vite nos mains s'en mêlèrent, nous caressant tout en nous découvrant de nos habits. Nous n'étions plus qu'en sous-vêtement haletant l'un contre l'autre.

« Désolé Anna de rentrer comme ça, mais là c'est genre méga urgent !!! Y'a p'tète du nouve.. »

         Idriss se coupa dans son mouvement, se transformant en statut de cire alors que son frère lui rentrait dedans avant lui aussi de se figer. Tous les deux immobiles à nous fixer, Ken et moi, toujours aussi dévêtu et l'un sur l'autre, nos visages tournés dans la direction des deux frères.

« Ça ... ça c'est du nouveau ! » Lâcha Hakim

 Je regardais Ken à nouveau, il arborait la même expression que moi. Celle d'un enfant pris sur le fait accompli, avec l'incompréhension au fond des yeux et l'appréhension des prochaines secondes, voir minutes, en prenant en compte notre situation actuelle.

« Bon, Hakim souffla, faites vos trucs, on repasse dans une heure. Il commença à partir en tirant Idriss par le bras puis se retourna. Et toi, dit-il en pointant Ken du doigt, appelle tes parents ! »

         Nous étions à nouveau seuls. Nous n'avions toujours pas bougés et pour être totalement honnête, je n'avais aucune envie de quitter ses bras. Cependant, l'apparition des frères m'avait fait redescendre sur terre.

« Tu n'as prévenu personne que tu étais rentré ?

- Euh non .. Il se gratta l'arrière du crâne. J'étais focus sur l'idée de te retrouver, j'avoue j'ai pas pensé à ça.

- Merde Ken, ça fait une semaine que tout le monde s'inquiète. Hakim à raison, il faut que tu le fasses. »

Il soupira puis posa son front contre mon épaule.

« Je sais mais flemme. Il grogna. On était bien là, dans notre bulle. Et puis on a pas fini de parler, il faut que tu me racontes aussi.

- L'un n'empêche pas l'autre.

Ok. Fit t'il résigné. »

        On se rhabilla en silence. Je partis nous faire des cafés. J'entendais au loin sa conversation téléphonique avec sa mère. Il opina de la tête pour me remercier quand je lui tendis sa tasse.Ce n'est qu'au bout d'une quarantaine de minutes, que Ken me rejoignit dans la chambre où je m'étais installé sur le balcon pour lire et fumer. Je ne m'étais pas rendu compte du temps qui avait passé. Comme si le découvrir dans ma cuisine ce matin-là m'avait enfin permis de mettre mon cerveau sur pause.

« C'est bon, j'ai prévenu tout le monde. Les gars viennent dans vingts minutes j'pense. J'sais pas trop combien de temps ils vont rester mais j'sens que je vais bien me faire engueuler. »

Pour seule réponse, je lui caressais la joue en lui souriant.

« Ça-va toi ? T'as l'air creuvé.. Me dit-il inquiet.

- Oui oui, je suis juste un peu remuée.

- Sûre ?

- Franchement, ça fait cinq ans que je ne me suis pas sentie aussi bien, alors oui, sûre. »

Je vis ses yeux s'illuminer à l'entende de mes mots, déclenchant en moi une douce chaleur.

« J'peux rester là cette nuit ? Me demanda t'il. Tu peux dire non, hein, mais j'ai pas envie de rentrer chez oim. Enfin, j'ai pas envie de ne pas être avec toi plutôt.

- Tu restes autant de temps que tu veux. Cette nuit, cette semaine, comme tu veux. Moi non plus j'ai pas envie que tu partes. »

        Et comme pour sceller un pacte, nos lèvres vinrent se joindre.


FIN

À toi lecteur, lectrice, un grand merci d'avoir lu cette histoire. J'espère que cette parenthèse t'aura plus et aura su te faire voyager.

Pour quelques personnes, cette histoire paraîtra, peut-être, un peu courte. Je l'ai conçue comme ça, comme les pistes d'un album. Chaque chapitre à sa couleur, son rythme. Comme un album, la lecture doit se faire dans l'ordre, pris indépendamment, ils veulent toujours dire quelque chose, mais ils n'ont pas de sens.

Pour la suite, je pense poster une nouvelle histoire d'ici peu de temps, alors n'hésiteZ pas à vous abonner pour être tenue au courant. (Ne vous inquiètez pas, je ne suis pas du genre à bombarder de notifications).

Pour le soutien, penser à limer les chapitres qui vous ont le plus marqué, cela me permet de gagner en visibilité. En effet, écrire est vraiment quelque chose de très important pour moi et pouvoir confronter mon travail au plus d'œil critique me permettra de continuer à m'améliorer dans cet art que j'affectionne tant.

Et pour finir, je vous en prie, si vous voulez me laisser un petit commentaire pour me donner un avis sur cette histoire, ce serait génial.

À la prochaine,

Cunégonde From The Flaque

Avant Tu Riais - NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant