Chapitre 8 - La réalité

170 14 9
                                    




Installée à table, derrière une énorme assiette de pâtes, je fixais Mikael manger avec appétit. Sans me regarder, il attrapa mes couverts pour me les fourrés dans les mains, avala la bouchée qu'il venait de finir de mastiquer.

« - Mange ! »

J'obéis en silence. Me concentrant sur mon repas, je finissais rapidement mon assiette. Il débarrassa rapidement la table et me proposa un café. J'opinais d'un signe de tête et une tasse apparu devant moi quelques minutes après. J'étais sortie de la salle de bain depuis une heure, je n'avais toujours pas dit un mot, me contentant juste de l'observer et de remuer la tête de temps à autre. Il avait changé, ses cheveux étaient très courts et sa barbe plus fournie. Il semblait plus posé, plus calme, plus mature en soit et c'était apaisant. Je l'avais regardé finir de ranger le salon, préparer à manger en chantonnant et maintenant boire son café avec un sourire satisfait.

« - Mikael, pourquoi tu es là ? je me surprenais moi-même, je venais de parler.

- Aaah, bah enfin. Tu n'as donc pas perdu l'usage de tes cordes vocales gamine.

- Je... enfin... non... mais... »

Il me laissa bégayer et attendit que je me taise pour reprendre :

« - Je suis là parce que Ken m'a demandé de passer. Il a laissé des papiers ici mais n'a pas la force de venir. »

Ma bouche forma un « o » , je me levais d'un coup pour aller chercher la pile de carnets que j'avais stockée sur le coin d'une étagère. Dans un geste mécanique et les yeux baissés je les lui tendis. Mon cœur venait de se briser, encore. Bien sûr que Ken ne voulait pas venir. Mikael compris dans mon regard fuyant tout ce qu'il se tramait dans mon cerveau.

« - Il ne sait pas que tu es là. Même moi avant de venir je ne le savais pas. Pour tout te dire, on lui a interdit de venir ici. À chaque fois qu'il vient, on le retrouve dans un état pas possible. Du coup quand il nous a dit ce matin qu'il avait besoin de ses trucs, je me suis proposé de venir. Et quand je vois ton état, je me dis que j'ai bien fait. J'sais pas comment ça se serait fini si c'était lui qui avait débarqué.

- Je suis désolée. » Dis-je en m'étranglant.

Tout alla très vite, les larmes, que je retenais depuis que je l'avais vu, dévalèrent d'un coup, comme quand un barrage s'effondre. J'étais secouée de sanglots, haletante, les mains serrées, les ongles enfoncés dans les paumes. Mikael se rua sur moi pour me serrer contre lui et à force de paroles réconfortantes, il réussi à me calmer.

« - Tu sais, me murmura-t-il, si tu veux le voir je peux l'appeler. Je te jure quand moins de cinq minutes il sera là.

- Non, surtout pas. »

Il parut un peu surpris de ma réponse et pour me justifier je continuais :

« - Je ne crois pas que je sois capable, là tout de suite, de lui faire face. Je... Il me manque tellement, je te jure, mais je ne peux pas. »

Pour seule réponse, il resserra sa prise autour de moi et me dit en rigolant :

« - Bien plus agréable après une douche, crois-moi ! »

Très vite mon rire se mêla au sien et sans n'y rien comprendre, le fou rire nous gagna. Puis d'un coup et très sérieusement, il reprit la parole :

« - Nana. Pourquoi tu es partie ? »

C'était la question. Je savais qu'elle lui brûlait les lèvres depuis le départ. Je pris mon courage à deux mains, me baissa en direction du carton poser au pied de la table. J'en sortis un livre puis lui tendis.

« - Tout est là-dedans. »

Il le pris délicatement dans ses mains et après m'avoir lancé un regard d'incompréhension, alla s'asseoir dans le gros fauteuil près de la cheminée. Il ouvrit doucement le livre, tourna les premières pages et commença sa lecture. Mikael était là, tenant dans ses mains la première édition de mon histoire, les yeux rivés sur ces lignes que j'avais eues tant de mal à écrire. Le plus miraculeux c'est que c'était réel.

Avant Tu Riais - NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant