Nous étions assis l'un contre l'autre sur le canapé. Ses doigts jouaient avec les miens, de tant à autres, il venait enfouir son visage dans le creux de mon cou, je faisais alors tombé ma tête en arrière pour mieux profiter de ce geste. Tout semblait avoir été mis sur pause. La luminosité n'avait pas changée, elle nous entourait toujours de sa douce chaleur. Aucun bruit ne provenait de la rue, comme si la ville elle-même et ses autochtones savaient ce qu'il se tramait deux étages plus hauts et que par respect, c'étaient tut pour ne pas venir déranger ce moment. Nous n'ont plus, nous n'avions pas dialogué. Ken m'avait pris la main et entraîner dans le salon, comme si de rien était. Comme si nous n'avions pas été séparé pendant cinq ans, comme si nous venions juste de nous réveiller d'une longue nuit agitée et profitions d'une matinée calme. Il avait raison, nous n'avions pas besoin de nous parler pour l'instant, juste de ré accordé nos respirations et nos gestes. Tel un instrument ou une guitare que l'on n'a pas utilisée depuis longtemps, avant de pouvoir rejouer une mélodie, il faut d'abord l'effleurer, la reprendre contre soi tout doucement, réapprendre sa prise en main, voir comment elle réagit la ré apprivoisée en quelque sorte.
Mon ventre se mit soudainement à gargouiller, nous sortant immédiatement de notre rêvasserie. Son petit rire étouffé sonnant le glas de ce moment.
« On mange et on discute après ? »
Il tenait toujours mes mains, mais ses caresses avaient cessé, mettant le temps en suspension. Je me redressais en me tournant doucement pour pouvoir croiser son regard. Dieu qu'il était beau, dieu qu'il m'avait manqué, mais surtout dieu comme j'avais peur de cette discussion. Incapable d'ouvrir la bouche, j'acquiesçais d'un mouvement de tête et me levais pour rejoindre la cuisine. Je le sentis trottiner derrière moi puis passer ses bras autour de mon ventre.
« Anna, jure, dé-stresses. »
Il accompagna ses mots d'un baiser sur le haut de mon crâne puis me lâcha pour aller ouvrir le frigo.
Je m'adossais alors contre l'îlot en central en essayant de suivre son conseil. Il était marrant lui, mais cela m'étais casi impossible de ne pas me tendre à l'idée de ce qu'il allait arriver. Depuis le temps que j'attendais ce moment, depuis le temps que je me refaisais en boucle ce scénario. J'avais même fini par me dire que ça n'arriverait jamais, que tout espoir était mort, alors bien sûr que je ne pouvais qu'être dans un état de stress alarmant.
« Salade composée ça te dit ? Ou on peut commander aussi ? Dit-il en se retournant vers moi.
- Nan salade c'est très bien, j'ai un reste de maïs et de poivron. Finis-je par lâcher en sortant un saladier d'un placard.
- Yes, j'ai vu. Je sors le chèvre aussi ?
- Mmh ouais pourquoi pas, tu peux me donner une échalote aussi s'il te plaît, elles sont..
- Dans le panier juste ici, oui je sais. » Me réponds t'il joyeusement.
J'avais l'impression d'être dans une pièce de théâtre à huis clos, on s'affairait tous les deux à la préparation en se lançant des banalités du style : « tu veux que je prépare la vinaigrette ? » ou encore « je mets la table dans le salon ou on mange ici ? ». Tout était à la fois terriblement naturel et terriblement glauque. Un silence de plomb tomba enfin quand une fois attablé et nous ayant souhaité mutuellement un bon appétit, nous avions commencé à manger. C'était comme une bataille de regard à la différence que le but était justement de ne pas se regarder. Je remarquais le début de toile d'araignée dans l'angle du plafond au-dessus de la porte d'entrée, qu'il serait peut-être temps que je me décide de laver les vitres du salon, que mes plantes n'avaient pas l'air super bien hydratées. À tout ça se mêlait des questions essentielles. Pourquoi il était là ? Est-ce que les gars et sa famille étaient au courant de son retour ? Pourquoi est-ce qu'il semblait aussi calme et détendu ? Est-ce qu'il était arrivé quand j'étais sur les quais ou quand je dormais ? Pourquoi il ne m'avait pas réveillé ?
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Avant Tu Riais - Nekfeu
Hayran KurguIl y a cinq ans, j'ai dû prendre une décision. Partir, me sauver, l'épargner. M'enfuir pour me soigner afin de renaître, sans attirer personne avec moi dans cette chute. Il y a cinq ma vie à changée, ce n'était pas de sa faute mais il en a payé le...