❝ Recueil d'OS 𝕜𝕡𝕠𝕡 ❞ | [ in my dreams ]

arc-en-ciel | j.yunho

yunho

Y avait ces astres dans le ciel qui cherchaient sans cesse mon attention. Ces faibles éclaircis qui rayonnaient malgré tout bien plus que moi. 

Je n'avais jamais réellement porté d'intérêt à ces particules obscures qui drapaient ces nuits nocturnes. Tout du moins, jusqu'à ce que ma mère les rejoigne. 

Elle aimait dire lors de ses jours pessimistes, qu'elle aurait un rôle de grande importance dans ces constellations du soir. Je lui riais au nez. 

Je dois sûrement le regretter aujourd'hui. J'aurais dû lui sourire. J'aurais préféré lui certifier que je l'observerais tous les soirs. Elle aurait souri avec moi, et aurait eu moins peur de la mort qui l'attendait les bras ouverts depuis des mois. 

Je devais être très certainement dans un déni irréfutable. Je me souviens avoir prié tous les soirs jusqu'à ce que le sommeil me rattrape. Et avoir payé ces médecines qui devaient m'aveugler. Ainsi voiler le deuil qui rampait méticuleusement à mes pieds. 

"C'est désolant !" avais-je perçu de mon oreille droite. S'agissant de la voix de celui qui avait eu pour mission de la sauver. Hypocrisie cruelle, je souhaitais qu'elle aille en enfer. J'avais profondément désiré qu'il soit à la place de celle qui avait été mon monde, tout du moins, une partie de mon univers. 

Je m'isolais toujours plus intensément de la réalité, 
ou alors de chaque chose réel qui me rappelait que celle que j'avais appelée "mère" n'était plus. 
Les mères étaient des héroïnes, mais elles n'étaient pas invincibles, que c'est tragique...

Orphelin de mère était une étiquette difficile à porter. J'en avais pris réellement conscience lorsque tous ces visages, dont je n'avais jamais vraiment connu, se peignaient d'une pitié indescriptiblement immonde.

Les rues dans lesquelles je rampais étaient macabres. Les passants ne m'offraient aucun regard, ou peut-être un ou deux compatissants. Je remarquais cependant rapidement les mensonges dans leurs mimiques scandaleuses. 

Les commerçants criaient de leurs voix cacophoniques des idioties pour attirer peu importe qui. Les trottoirs se faisaient étroits et mes jambes peinaient à soutenir le poids de mon corps. Mes membres tremblaient jusqu'à la convulsion. 

Regardant fixement mes pieds sans ne jamais détourner mon regard. Je ne comptais plus les minutes qui étaient passé depuis que j'avais cessé de chercher où mes pas m'amenaient. 

Le soleil ne se percevait dans le ciel à cause des affreux nuages. Il n'y avait rien à admirer. Le temps étaient mort, je devais l'être aussi. Il pleuvait presque, à moins que ça soit déjà le cas.

Et j'avais dû subir la punition de mon inattention lorsque je me pris violemment une personne en face de moi, qui ne semblait pas plus attentive que moi sur sa route.

- Mon dieu, je suis vraiment navrée. 

C'était la voix d'une femme. Douce, pleine de vie.
Ce que je ne devais plus avoir,
c'était triste. Ça l'était ? 

La jeune femme s'était accroupie pour récupérer mon téléphone qui était tombé lors de notre collision timidement maladroite. 

Puis j'avais rapidement croisé son regard. Ses yeux étaient d'un vert émeraude que je ne pouvais décrire. Mais une ombre avait semblé les traverser lorsqu'elle fixa les miens. 

- Vous aussi le monde vous a chier dessus ? 

J'avais sursauté. J'aurais peut-être dû être alarmé par sa manière de parler, m'en aller sans lui adresser la parole. Mais j'avais compris, 
qu'elle-même serait capable de me comprendre.

- On va dire ça. 

Sourires et soufflements abasourdis dansaient lors de ses secondes qui avaient piétiné le silence fracassant de la capitale. Car je n'entendais plus ce qui se passait autour de moi. 

- Alors le monde n'est pas fait pour toi. 

Un homme éternua en passant à côté de nous. J'en avais perdu l'équilibre sous la surprise. C'était comme si ce monde, dont elle parlait, essayait de nous ramener à lui. 

Il était égoïste ce monde. Les malheurs l'avaient trop souillé. De vrais dégâts, c'était indécent. 

- Mais ce n'est pas grave, rien ne t'interdis de créer le tiens ! Chantait-elle presque enjouée.

Je la voyais, lire en moi,
dans mes mimiques, ma manière de l'écouter prononcer des mots que je n'avais l'habitude d'entendre. 

Puis j'avais perdu le contrôle, comme si elle pouvait tout deviner de moi, je ne cherchais plus à me débattre dans mes mots que je n'arrivais pas à prononcer. J'essayais de ne plus réfléchir pour au final n'apporter qu'incompréhension et peur. 

- Sois plus gentil envers toi-même, tu vas finir par détruire l'univers que tu as créé. 

- Il est déjà détruit. 

Il était fracturé même,
j'm'en balançais. 

On s'y faisait, pas besoin de pansement. 

- Alors laisse-moi y entrer pour que nous puissions le réparer ensemble. 

Des mots et encore des mots;
oh un arc-en-ciel. 

⊱ ━━━━.⋅ εïз ⋅.━━━━ ⊰

[20/07/2022]

꒰❀꒱

A b y s s