Chapitre 16 : comme un cheveu sur la soupe

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Steve a une nouvelle séance avec le Docteur Strange aujourd'hui, il lui dit que c'est plus facile de s'aimer quand quelqu'un d'autre vous aime en retour mais son thérapeute n'est pas d'accord, Steve doit s'aimer parce que c'est une belle personne avant tout. Point.

Steve se confie sur plusieurs choses en même temps, comme sur le fait qu'il a dû mal à croire qu'il plaise vraiment à Tony, il ne comprend pas pourquoi car les ex de Tony sont toutes plus grandes et élancées les unes que les autres.

Et puis il s'est renseigné auprès de Bucky également au sujet des ex mecs de Tony, et la réponse est claire : il les aime grands et musclés donc la question est : mais qu'est-ce que Tony peut bien foutre avec une bête curieuse comme lui ? Il est maso ou quoi ?

D'après le docteur Strange, Steve a trois options : option 1, il affronte ses peurs, il arrête de prendre à cœur ce que les gens peuvent bien penser de lui, de son couple avec Tony ou encore de son physique et il commence enfin à s'accepter tel qu'il est et à s'aimer lui-même, option 2 : il quitte le lycée... encore une fois, option 3 : il quitte Tony.

Steve s'empresse de répondre la première option, il peut le faire, il peut y arriver. Surtout qu'il ne pense pas du tout qu'il doive apprendre à s'aimer lui-même avant de pouvoir vivre son histoire d'amour avec Tony. C'est n'importe quoi, il se sent sexy à travers le regard de son amoureux, il a plus confiance en lui à présent.

Et quand Tony l'invite une nouvelle fois à passer la nuit au garage devant un bon match de base-ball, le frêle blond se dit que c'est l'opportunité rêvée de se prouver à lui-même qu'il a évolué.

Il est allongé sur le canapé du salon de Bucky avec Tony à califourchon sur lui qui l'embrasse avec enthousiasme, ses lèvres se faufilent dans son cou et suçote sa peau à profusion et à la simple idée qu'il y laisse une marque, Steve est tout excité.

Mais son excitation est de courte durée car Tony passe ses mains sous son tee-shirt, il se met à caresser son torse et son blocage revient tout à coup, cette boule au ventre si familière au creux de son estomac.

- attends Tony, attends.

Il pose une main ferme sur le torse de son beau brun qui dépose un petit bisou sur son nez au passage.

- désolé, tu me rends fou trésor. J'ai envie de te croquer tout cru.

Steve lève les yeux au ciel, décidément, il ne comprendra jamais l'appréciation évidente de ce dernier pour son physique pour le moins atypique.

- pas la peine de t'excuser, c'est moi qui me sens pas très bien ce soir, j'ai dû manger un truc qui est pas passé.

Steve accompagne ses excuses d'une grimace de douleur qu'il espère crédible aux yeux de sa moitié.

- awww mon pauvre petit cœur, tu veux que je te fasse un massage ? Ça te fera du bien.

Le ton sincèrement compatissant, Tony prend son menton entre ses doigts et plonge son regard chocolat dans le sien.

- non, c'est bon, ça ira, je vais rentrer, c'est plus prudent.

Steve fuit le regard de son beau brun à dessein, en espérant qu'il ne voit pas cette lueur de culpabilité danser dans ses yeux bleus.

- attends, je te raccompagne.

- c'est gentil. Merci.

Le trajet vers chez lui est silencieux et quand Tony gare sa Kia Soul devant sa maison, Steve sait qu'il ne peut plus reculer.

Il ne se sent pas à sa place avec un amoureux aussi beau que lui, cela lui brise le cœur de faire ce choix mais il préfère encore rompre avec le garçon dont il est fou amoureux, l'homme de ses rêves plutôt que se déshabiller devant lui, de le laisser le toucher.

Oui, il fuit ses angoisses et en même temps c'est l'une de ses plus grandes peurs de devoir vivre sans Tony.

- on se revoit quand ?

- je sais pas, je peux pas te dire.

- putain Rogers, faut prendre rendez-vous pour te parler on dirait...

Un sourire étire les lèvres de son amoureux mais c'est un sourire amer, à n'en pas douter.

- désolé, je...

- qu'est-ce qui t'arrive ?

Tony le sonde du regard avec insistance et Steve est soudain pris de panique. Il avale sa salive avec difficulté, c'est maintenant ou jamais.

- comment ça ?

- je t'en prie, je sais que tu n'es pas vraiment malade. Tu m'as sorti le même mytho qu'à Carter l'autre fois.

- désolé...

- je veux pas que t'excuses Rogers, je veux juste que tu me dises la vérité, c'est tout.

Le frêle blond prend une profonde inspiration, il peut le faire, il peut y arriver.

- je pense que... tous les deux... on devrait rester amis. Je préfère qu'on reste amis.

- excuse-moi ?

Les sourcils de Tony se froncent, son visage se décompose du tout au tout.

- je sais, ça vient comme un cheveu sur la soupe mais ça fait quelques jours que j'y réfléchis sérieusement et...

- attends, attends... mon cœur...

Tony pose ses deux mains sur les deux genoux de Steve comme si lui aussi était pris de panique et qu'il cherchait à tout prix quelque chose à quoi se raccrocher.

- ... si c'est à cause de l'autre soir, je sais, j'ai pas assuré une cacahuète mais en même temps, c'est toi qui me faisais enquiller les shots, c'est pour ça que j'ai voulu me rattraper ce soir, mais tu m'en as pas laissé l'occasion puisque tu as écourté notre soirée. Je te l'ai dit et je te le répète, si t'es pas prêt à le faire, c'est pas un souci, on fait déjà beaucoup d'autres choses, j'ai pas besoin de plus et je te présente mes excuses si tu as senti que je te mettais trop la pression, ce n'était pas dans mes intentions...

- ... non Tony, c'est pas ça, tu ne comprends pas, c'est pas toi le problème, c'est moi...

- tu te fous de ma gueule ? Tu as insisté pour qu'on ait un truc sérieux tous les deux, tout ça pour me jeter comme une sombre merde à peine un mois plus tard, c'est bien ça l'histoire ?

Le regard de Tony est noir, sa voix métallique, il retire immédiatement ses deux mains des deux genoux de Steve comme sonné par cette nouvelle et le frêle blond en profite pour ouvrir sa portière côté passager.

- désolé...

Les yeux remplis de larmes, Steve adresse un dernier regard à Tony avant de refermer la portière derrière lui mais l'intéressé ne l'entend pas de cette oreille, il sort de la voiture à son tour et tient encore la portière côté conducteur dans sa main quand il crie à pleins poumons devant la maison du frêle blond.

- NON, ATTENDS STEVE ! NE PARS PAS ! REVIENS ! EST-CE QU'ON PEUT AU MOINS EN DISCUTER CALMEMENT TOUS LES DEUX ? EXPLIQUE-MOI ! DEUX SECONDES ! SIL TE PLAÎT ? JE TE DEMANDE JUSTE DEUX SECONDES !

- désolé... je suis vraiment désolé...

La voix de Steve n'est qu'un murmure à peine audible alors qu'il pousse maintenant la porte de sa maison pour s'y réfugier comme dans un cocon.

Ses yeux sont rougis et ses joues mouillées par le torrent de larmes qu'il vient juste de verser, preuve irréfutable de cette culpabilité qui le ronge et de son propre cœur qu'il vient de briser en mille morceaux.

C'est la vie, pas le paradisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant