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Quand il ouvrit les yeux, Aziz se rendit compte que le temps s'en était allé. Il avait dormi pendant une heure, bercé par le ronronnement du bus et la climatisation douce qui baignant l'intérieur du véhicule. Ses voisins avaient fait de même s'étiraient et baillaient. Il consulte sa montre : il sonnait une heure du matin.
Curieusement, lui revint en mémoire le cauchemar qui avait eu une partie de la nuit. Il se voyait à bord de son propre véhicule, sur une autoroute en train de rouler.

Brusquement, il aperçut un étal de fruits au bord de la route. Il ralentit, fit un écart sur la droite et s'arrêta. Il n'eut même pas besoin de sortir. La vendeuse se précipita vers lui, il descendit la vitre, discuta des prix, puis elle alla lui chercher un panier de fruits, mangues, ananas, oranges... Il prit le panier, paya mais au moment de redémarrer , une grosse voiture vint s'immobiliser devant lui. La portière s'ouvrît et une femme élégamment habillée en descendit. Aziz la reconnut instantanément.

- Azima ! Appela t'il.

Azima, toute souriante, descendit pour aller à sa rencontre. Mais à la même seconde, une américaine noire au chrome blindé suffit du néant et s'interposa entre eux. Quatre hommes lourdement armés en descendirent. Aziz, perplexe, ne sût quoi faire. Les inconnus lui demandèrent la clé de la voiture. Mais rebelle, Azima se cabra. Ce fut là que l'un des malfrats ajusta son arme. Une détonation et Azima fut foudroyée. Un cri énorme de perdit dans la gorge de Aziz.

Rien qu'en pensant à ce cauchemar, Aziz se demandait s'il ne devenait pas fou. A trop penser à cette femme, il risquait de se fourvoyer sur l'objectif qu'il s'était assigné : l'obliger, aller loin pour lui donner une chance de réussir.
Lentement il s'affala dans son siège et soupira longuement.
Mais soudain, une grande secousse agita le bus. Aziz sursauta. C'était l'explosion d'un pneu qui venait de se produire. Des cris fusèrent de toutes parts. Certains passagers paniqués, s'accrochèrent les uns aux autres, désemparés. Le véhicule parut vaciller, puis finit par s'immobiliser sur le bas côté de la route. Aziz souffla, agita la tête comme s'il revivait le cauchemar de la nuit.
Quelques minutes après, le chauffeur descendit du bus avec son aide et le contrôleur. Et pendant qu'ils s'affairaient autour du pneu crevé. Aziz en profita pour mettre pied a terre. Il se dirigea vers le contrôleur et demanda à récupérer ses bagages.

- Qu'est-ce qu'il y'a ? Lui demanda celui-ci.

- Je retourne à la maison, répondit il.

- Mais, vous êtes loin, à près d'une heure de Bamako. En plus il se fait tard...

- C'est mon affaire.... Mais je ne demande pas le remboursement.

Le contrôleur haussa ses épaules, ouvrit le coffre à bagages et sortit la valise et le sac de Aziz. Il récupéra ses bagages, traversa la route et se mit dans le sens inverse, attendant une occasion pour partir.
De son côté, Azima était anéantie. Pendant de longues minutes elle avait cherché à contacter son mari, elle avait alerté ses amis, mais invariablement, elle essuyait les mêmes réponses : aucunes nouvelles de lui, personne ne pouvait la renseigner.
Elle se rendit alors chez son père , le visage en pleurs. Le vieil homme n'était pas dupe de ce qui lui arrivait. Dès son entrée dans le salon, il sur qu'elle avait mal du fait de la situation encore son mari et elle. Azima ne parla même pas, elle sortit la lettre de son mari, la lui remit et redoubla de pleurs.
Son père, intrigué, se leva et alla s'asseoir près d'elle en la prenant dans ses bras. C'est alors Azima s'effondra. Elle pleurait maintenant comme une fontaine, en hurlant presque. Ses éclats attirèrent l'attention de la mère au sortir précipitamment de sa chambre.

- Ma fille ! Hurla t'elle, qu'est-ce que tu as ?

Azima ne répondit pas et continua à pleurer. La vielle femme se pencha sur elle, interrogea des yeux son mari, mais celui-ci paraissait dépassé, se contentant de soupirer. Mais brutalement, Azima se mit à faiblir, son père la sentir défaillir, puis alors qu'il tentait de la contenir, elle s'abandonna totalement et s'écroula, vidée de tout...

- Azima ! Secoua le père, Azima ! Tu...m'entends, Azima !

La puissance de l'amour.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant