Chapitre 1

3.5K 184 12
                                    

Depuis sa naissance, Régulus Arcturus Black était choyé. Fils adoré de sa mère, il se conformait à toutes ses exigences pour lui plaire, heureux de l'attention qu'elle lui offrait.


Parfois cependant, Régulus ne pouvait s'empêcher de lancer un regard en direction de son frère aîné, rebelle dans l'âme, et de regretter qu'ils ne soient pas plus proches. Ils se ressemblaient peut-être, presque trait pour trait, mais ils étaient des étrangers l'un pour l'autre.


Sirius s'opposait constamment à leurs parents, leur tenait tête et semblait perpétuellement révolté, alors que lui n'imaginait même pas désobéir et apparaissait comme l'enfant docile et parfait.


Régulus savait que sa mère Wallburga avait tiré un trait sur son premier fils. Pour elle, il n'existait pas. Elle l'ignorait, décidant que ce n'était pas nécessaire de se fatiguer à l'éduquer. Il avait surpris sa tante Druella tenter de rassurer sa belle-sœur en lui affirmant que les enfants pouvaient parfois se rebeller et que le temps arrangerait les choses.
Le jeune garçon d'alors avait espéré qu'un jour il retrouverait son frère, celui qui jouait avec lui quand ils étaient tout petits avant de se détourner de lui.


Lorsque Sirius était entré à Poudlard, lorsqu'ils avaient reçu le hibou annonçant qu'il avait été réparti à Gryffondor, Régulus avait su que jamais il ne serait proche à nouveau de son grand frère. Comme l'avait dit sa mère, Sirius était définitivement perdu.


Régulus était un petit garçon solitaire. Jusqu'à ses sept ans, il avait eu son frère pour compagnon de jeu. Puis Sirius avait changé, avait commencé à s'opposer à leurs parents, et il s'était retrouvé tout seul.
Il s'était tourné vers l'unique être à lui donner de l'attention, l'elfe de la famille, Kreattur. Ce dernier l'avait pratiquement élevé, et il avait été présent depuis aussi longtemps qu'il se souvienne. Dévoué et fidèle, Kreattur avait une tendresse particulière pour son petit Maître Régulus, alors qu'il méprisait ouvertement Sirius.


Le petit garçon qu'il était alors avait intégré tous les préceptes de la famille Black, louant les Sang-Pur, détestant les Nés-de-Moldus qu'il trouvait indignes — bien qu'il ne soit pas certain du sens de ce mot. Il n'aimait pas les Sang-Mêlés, répétant ce qu'il avait entendu, à savoir qu'ils souillaient le sang magique.
Cependant, il devint également un fervent défenseur des elfes de maison dans le secret de son cœur. Kreattur était son seul ami, et il le voyait comme un égal. Il le protégeait et l'empêchait de se punir, il avait de longues conversations à cœur ouvert avec lui.


Régulus savait qu'il ne devait pas en parler devant ses parents. Ces derniers seraient probablement outrés de son amitié si forte avec un être inférieur et il se refusait à les décevoir.


Lorsque le jeune garçon entra à Poudlard, il tremblait à l'idée d'être réparti dans une autre maison que Serpentard comme son grand frère. Il voulait prouver à ses parents qu'il était un bon fils, il voulait les rendre fiers par-dessus tout.
Cependant, le Choixpeau hurla sa décision alors qu'il avait à peine touché les cheveux noirs du cadet de la famille Black. Il l'envoya chez les vert et argent.


La tête haute, Régulus rejoignit la table qui l'acclamait sans aucune hésitation. Il nota le regard écoeuré de son frère sur lui et il n'y vit aucun sentiment positif. Ils n'étaient visiblement plus rien l'un pour l'autre dans l'esprit de Sirius. Le petit garçon de onze ans d'alors en eut le cœur déchiré, mais il masqua soigneusement sa peine, refusant de montrer la moindre faiblesse à ce frère qui lui avait tourné le dos sans émotion, comme s'ils n'avaient aucun lien.
Bien évidemment, il reçut les félicitations de ses parents dès qu'ils eurent la nouvelle. Il était le fils parfait, le digne héritier Black. La petite merveille de sa mère.


Si Sirius avait un groupe d'amis proches qu'il ne quittait jamais, les Maraudeurs, Régulus restait seul. Il bavardait de temps à autre avec ses camarades, mais il n'avait pas de confidents, pas de meilleur ami.
Lorsqu'il étudiait, il s'installait régulièrement face à Severus Rogue, un autre gamin solitaire, de l'âge de son grand frère. Ils se parlaient à peine, échangeant quelques politesses glacées, mais leurs solitudes semblaient se compléter et avec le temps, ils pourraient peut-être devenir amis.


Les années suivantes, Régulus se demanda souvent si c'était son choix de travailler près de Rogue qui avait déclenché la haine de Sirius envers son camarade. Son frère et sa bande d'amis ne manquaient jamais une occasion de l'humilier, encore et encore, de le poursuivre, de l'attaquer.


Il détesta Sirius encore plus. Non seulement, il avait trahi leur famille, renié leurs croyances, mais il se vantait d'être dans la maison du courage et de la bravoure alors qu'il harcelait littéralement un de ses camarades sans la moindre raison valable, à l'aide de ses amis.


S'il n'y avait pas leur nom en commun, personne n'aurait pu se douter qu'ils étaient frères, et quelque part, Régulus en fut soulagé. Il ne voulait plus être associé à Sirius.


Il avait entendu parler de lord Voldemort durant son enfance, bien évidemment. Ses parents soutenaient ses idées même s'ils n'avaient jamais accepté de prendre la marque. Wallburga avait été inflexible : un Black n'obéissait à personne. Leur noble et très ancienne famille n'avait pas de maître.
Influencé par ses camarades, qui aspiraient tous à rallier les rangs du Seigneur des ténèbres, et par sa cousine, Mangemort et fervente admiratrice du maître, il se décida à recevoir la marque lorsqu'il apprit que Sirius serait un défenseur actif de la Lumière, dans le camp de Dumbledore.


C'était peut-être puéril, mais Sirius avait été le premier à vouloir l'affronter et il était déterminé à lui rendre coup pour coup.
Alors, hasard terrible du destin, à l'instant même où Sirius rejoignit l'Ordre du Phénix, Régulus s'agenouilla devant Voldemort. Il n'était pas majeur, mais il tendit le bras, fièrement, sans la moindre trace de peur, décidé.


Il ne cilla pas sous la douleur, et ne baissa pas la tête. Il était fier de représenter les Black après tout, et il croyait fermement les idéaux de Voldemort.


Il devint rapidement l'un des favoris, félicité pour sa motivation et sa fidélité.
Contrairement à sa cousine, il n'avait pas le goût du sang. Si Bellatrix aimait torturer ses victimes avant de les tuer, lui n'appréciait pas les manifestations de violence. Il était un excellent stratège malgré son jeune âge et Voldemort en personne le remarqua...


R. A. B.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant