Chapitre 40

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Harry et Régulus s'installèrent dans un coin de la pièce, et Sirius lança un dernier regard dans leur direction, comme pour s'assurer qu'ils étaient réellement invisibles. Puis, il se redressa, et alla ouvrir la porte.

Lorsque Rémus arriva dans la pièce, il fronça le nez, et regarda autour de lui, perplexe. Sirius soupira et se laissa tomber sur le fauteuil le plus éloigné des garçons, obligeant Rémus à s'éloigner d'eux. Le loup-garou s'installa face à son vieil ami et Sirius se passa la main dans les cheveux, avachi dans son fauteuil, l'air sombre. Puis, il marmonna.
- Moony ? Qu'est-ce qui se passe avec Harry ?

Rémus se tendit légèrement, visiblement méfiant, mais Sirius secoua la tête d'un air désabusé, et souffla l'air fatigué. Il ajouta, avec un grognement agacé.
— On dirait qu'il... est en rébellion contre tout.

Aussitôt, Rémus se détendit, et se laissa aller en arrière. Il laissa échapper un petit rire moqueur, et fronça le nez.
— L'adolescence, probablement. Que veux-tu ?
— Mais... je ne le comprends pas ! On a été adolescents nous aussi, non ?


Les deux Maraudeurs se mirent à rire, probablement en se souvenant de leur adolescence un peu agitée par leurs plaisanteries multiples. Rémus acquiesça, amusé.
— Et quelle adolescence, non ?
Sirius passa la main dans ses cheveux, et ricana.
— Nous étions stupides, je crois.


D'un geste paresseux de sa baguette, il attira deux verres et une bouteille d'alcool, les servant généreusement. Puis, il soupira.
— Alors, Moony ? Quel est le problème avec ce gosse ? Ma mère n'a jamais réussi à me canaliser, mais... je veux dire, c'est le fils de James, non ?

Rémus but lentement quelques gorgées, puis haussa les épaules.
— James n'aurait jamais fui le champ de bataille.
Sirius marmonna un acquiescement, le regard plongé dans son verre. Rémus continua, ne semblant pas faire attention au manque d'enthousiasme de son ami.
— Et James n'aurait jamais abandonné Lily.

Sirius but une gorgée de son verre calmement, et haussa un sourcil.
— Qui est la demoiselle abandonnée ? Je n'ai jamais entendu parler d'une fille...
Rémus renifla.
— Il a visiblement profité d'elle. La petite est dévastée. C'est la benjamine Weasley, bien sûr. Dommage, ils forment pourtant un joli couple. Comme Lily et James...


Sirius hocha vaguement la tête, et lança un bref coup d'œil inquiet dans le coin où étaient dissimulés Harry et Régulus. Puis il insista, évitant le regard de Rémus.
— Il dit... enfin... Harry hurle qu'il aurait été tué s'il était resté.


Rémus eut un moment d'hésitation et détourna le regard. Puis, il haussa les épaules en faisant tourner son verre entre ses doigts. Finalement, il répondit, un peu hésitant.
— Ce n'était pas une situation très claire. Mais tu te souviens de ce que disait Albus avant sa disparition. Le gosse a un pouvoir permettant de le vaincre, le reste c'est juste de la mauvaise volonté.

Sirius soupira.
— Nous n'avions pas vraiment de bonne volonté à son âge. Ça lui passera peut-être ?
Rémus grogna aussitôt, répondant immédiatement.
— Nous n'avions pas le destin du monde sur les épaules ! Nous n'avions pas la mort de James à venger ! Bon sang, Patmol ! Tu n'as pas envie de le faire payer d'avoir tué notre ami ? Il me manque chaque jour...


Sirius se referma complètement, crispé. Rémus murmura, presque enjôleur.
— Je sais à quel point ça t'a blessé, Patmol. Et je sais le prix que tu as payé ! Tu dois l'obliger à obéir un peu, à prendre ses responsabilités une bonne fois pour toutes. Le gamin doit tuer l'assassin de James !

Il y eut un silence, lourd de sous-entendus. Finalement, Sirius haussa les épaules.
— C'est une forte tête.

Rémus ricana.
— Alors, confie sa garde à l'Ordre. Crois-moi, Fol-Oeil se fera une joie de le faire rentrer dans le rang. Tu es son parrain, tu peux accepter sa charge ou la refuser.

Sirius se redressa légèrement, légèrement pâle.
— Je ne vais pas rejeter le dernier souhait de James aussi difficile soit son fils, Moony.


Le loup-garou renifla.
— Après tout, c'est toi qui décides.

Ils restèrent silencieux quelques instants, sirotant leurs verres, puis Sirius reprit la parole.
— Alors ? Que seraient les astuces de Fol'Oeil ? Ça pourrait m'être utile...
— Bah, le cloîtrer dans sa chambre, lui interdire de voir ses amis, ce genre de choses. Un peu de coercition. Qu'il soit obligé de plier pour récupérer des avantages.

Sirius murmura, amer.
— Comme à Azkaban, visiblement. C'est une idée.

Là encore, Rémus sembla un instant mal à l'aise. Mais il se redressa et murmura.
— Ce n'est pas comme s'il y avait une autre alternative.
Sirius hocha distraitement la tête, sans répondre. Il ignora le regard surpris de Rémus, qui s'attendait à des protestations, probablement. Face à l'air perdu de son ami, il se pencha, l'air sincèrement inquiet.
— Patmol ? Tu vas bien ?

Sirius se secoua, et hocha la tête avec un sourire forcé.
— Un peu fatigué. Beaucoup de cauchemars en ce moment. Le passé...
Rémus grogna et regarda autour de lui avec une grimace écoeurée.
— C'est cette maison, n'est-ce pas ? Tu n'aurais jamais dû accepter d'y revenir pour ce petit ingrat. Tu aurais dû le laisser chez ses moldus, il n'y était pas si mal après tout contrairement à ce qu'il prétend.

Sirius se redressa, et haussa un sourcil moqueur avec un sourire en coin.
— Et qui l'aurait surveillé ?

Rémus soupira et termina son verre d'un trait et se leva à demi.
— Ça ira, Patmol ? J'ai prévu de rentrer, mais je peux toujours passer la nuit ici, si tu veux parler du bon vieux temps.
Sirius ricana.
— Aussi tentant que ce soit, je pense que je vais dormir comme une bûche cette nuit.
Il leva son verre pratiquement vide, et soupira avant de reprendre.
— Ce n'était pas le premier de la soirée, si tu vois où je veux en venir. Je profite de mon héritage imprévu, mère avait une cave excellente.

Rémus éclata de rire.
— Ah cette cave ! La seule chose que tu regrettais, non ? Tu pensais que ton Mangemort de frère l'offrirait à qui-tu-sais !

Sirius hésita un bref instant, jetant un nouveau regard en direction des deux jeunes hommes dissimulés. Puis il plissa le nez et prit une expression de dédain.
— Un frère ? Quel frère ?

Rémus éclata de rire et lui tapa dans le dos.
— Au moins, il a eu la bonne idée de disparaître. Probablement dans un de ces maudits raids qui ont tué tant des nôtres. Un criminel de moins, on ne va pas cracher dessus.

Le regard vague, Sirius eut un vague sourire avec un temps de retard.
— Évidemment. Et puis, l'héritage Black me revient, non ?
Son ton était triste cependant.

Le loup-garou soupira.
— Va dormir, mon ami. Tu as suffisamment bu pour la soirée, et visiblement aujourd'hui tu n'as pas l'alcool gai.

Sirius força un sourire et posa son verre avec une grimace.
— Tu as probablement raison, Moony. Bonne nuit.

Le loup-garou hésita un bref instant, puis soupira et tapota une fois de plus le dos de Sirius, avant de quitter square Grimmaud tranquillement.

R. A. B.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant