Chapitre 28

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Régulus tenait un Harry maussade contre lui, tout en réfléchissant à tout ce qu'il venait d'apprendre, notant soigneusement dans son esprit chaque élément. Il allait demander à Kreattur de les laisser, juste quelques instants pour qu'il puisse s'assurer que Harry allait bien, mais le jeune homme se redressa, l'air décidé et les sourcils froncés.

Régulus étouffa un soupir, maudissant presque son Gryffondor de compagnon — ou quoi que puisse être leur relation — pour sa capacité à étouffer tout ce qui le blessait et pour faire passer le monde magique avant son bien-être. Pour se concentrer uniquement sur sa mission, sur ce qu'il devait faire pour sauver les autres.

Harry plissa les yeux.
— Kreattur ? Et Dumbledore ? Il est en vie ?
L'elfe eut une grimace.
— Le vieux sorcier manipulateur est mort. Ils ont dit que c'était un accident, mais Kreattur sait. Le vieux sorcier a été touché par un sort de magie noire.

Régulus serra Harry un peu plus fort en voyant le jeune homme blêmir. Ce dernier se pencha, sans essayer de se dégager de l'étreinte, fixant Kreattur avec fièvre, l'air nauséeux.
— Sais-tu s'il m'a... emmené en mission loin de Poudlard ? Si...
— Les choses pleines de magie noire ont été détruites. Harry Potter l'a dit à Kreattur.


Si Harry souffla doucement de soulagement, Régulus fronça les sourcils.
— Il te l'a dit ? Mais je croyais que vous n'aviez pas de bonnes relations ?
— Kreattur a demandé en donnant le médaillon maudit, maître Régulus.

Harry se mit à rire, amusé, et donna un léger coup de coude à son compagnon, avec un coup d'œil moqueur.
— Un elfe Serpentard...

L'elfe eut un sourire en coin, et se redressa, considérant visiblement les mots de Harry comme un compliment. Il y eut un silence, pendant lequel les deux jeunes hommes restèrent collés l'un à l'autre, pensifs, profitant de la chaleur de l'autre.

Finalement, Harry soupira, presque comme à regret.
— Autre chose que je dois savoir ?

Kreattur soupira.
— Quand Harry Potter est venu à Grimmaurd lancer son sort, il a dit qu'il devait trouver un moyen, recommencer la bataille. Kreattur avait peur que maître Régulus soit blessé alors Kreattur a montré le médaillon au moment où Harry Potter a disparu.

Harry lui sourit, heureux de la manipulation de l'elfe qui lui avait permis de rencontrer Régulus. Il hocha la tête, marmonnant pour lui-même.
— C'est logique. Dans mes souvenirs, je lançais le sort pour sauver Sirius parce que je me sentais seul et perdu. Je suppose que puisqu'il est encore en vie j'ai lancé le sort de crainte qu'ils soient blessés par ma faute... J'ai détruit les horcruxes, mais s'il décide d'en créer d'autres...

Régulus attira son attention, en saisissant son visage entre ses mains pour le forcer à le regarder.
— Harry, rien ne sera de ta faute s'il y a des blessés. Tu ne peux pas porter ce poids sur tes épaules.
— Mais j'ai échoué !
— Tu as essayé au moins ! Combien d'autres peuvent en dire autant ? Tu as fait ce que tu as pu !

Une larme roula sur la joue du jeune homme, et Régulus l'essuya tendrement du pouce. Harry se blottit contre lui, enfouissant son visage dans son cou, se laissant aller un bref instant. Puis, il murmura.
— Personne d'autre n'a une prophétie le désignant comme celui devant le tuer.
— Si ce vieux fou n'était pas déjà mort, j'irais le tuer en personne pour t'avoir donné ce fardeau ! Ce n'est... qu'une possibilité ! Notre vie n'est pas écrite à l'avance, Harry. Les prophéties ne sont qu'un des chemins possibles, comme un avertissement. Il aurait pu réussir à te tuer bébé et en fin de compte mourir le lendemain d'une façon stupide !

Harry émit un grognement indistinct et cligna des yeux.
— Alors pourquoi le monde magique attend de moi que je sois leur sauveur ?
— Parce qu'ils ont écouté les discours stupides de Dumbledore, probablement. Parce qu'il a fait de cette prophétie une vérité pour leur donner de l'espoir en laissant croire que ça allait se produire véritablement !


Kreattur intervint, d'une voix douce inhabituelle chez lui, les yeux baissés pour ne pas croiser leurs regards.
— Le vieux fou a assuré à tous que vous aviez un pouvoir caché, Harry Potter. Quelque chose qui pourrait détruire le seigneur des ténèbres. C'était son argument pour ne pas vous confier au... à Sirius.
Harry haussa les épaules et baissa les yeux pour fixer sa main, enlacée à celle de Régulus. Puis il soupira avant de répondre, résigné.
— Il était persuadé que l'amour de ma mère me protégeait. Son sacrifice a permis que j'échappe à l'Avada quand j'étais bébé, et... il m'a envoyé chez ma tante moldue en disant que son sang me protégeait. Avant... sa mort, il m'avait affirmé que l'amour de ma mère me permettrait de le tuer. Il disait que c'était de l'Ancienne Magie, oubliée de tous. Que je devais vivre chez ma famille moldue pour... réactiver la protection due au sacrifice de ma mère.

Régulus ricana, amer.
— De l'ancienne magie... As-tu lu seulement une seule ligne dans la bibliothèque Black à ce sujet ? Il y a des rituels noirs basés sur le sang et sur le sexe, mais... ta mère s'est sacrifiée par amour, oui. Elle a probablement lancé un sortilège sur toi — ou sa magie a fait quelque chose. Sauf que ce n'est pas lié au sang de ta moldue de tante !
Harry plissa les yeux.
— Sa magie... la magie de ma mère aurait pu me protéger au lieu de l'aider elle ?
— Tu es — étais — son fils. Bien évidemment. C'est la même force qui permet à des mères désespérées d'accomplir des prodiges pour sauver leur enfant en danger. Ça, c'est réel. Le reste... c'est un foutu conte de fées, Harry. Tu aurais pu vivre avec n'importe qui, ça n'aurait rien changé. Ce genre de sacrifice n'a pas besoin d'être rechargé, une fois la protection en place, rien ne peut l'empêcher d'agir.
— Dumbledore disait que le sang de ma tante me protégeait.

Kreattur se leva d'un bond, les poings serrés, furieux.
— Le vieux fou avait placé des sortilèges sur la maison moldue pour que Harry Potter ne soit pas reconnu. Que les gens ne le voient pas vraiment.

Harry déglutit, mortellement pâle, et chuchota, incertain.
— Alors... Alors si personne ne m'aidait quand j'étais petit, quand ils ne me donnaient pas à manger... c'était parce qu'ils ne me voyaient pas ? Mon oncle disait que j'étais un monstre, et je... Je'imaginais que les autres le pensaient aussi. Qu'ils m'auraient aidé sinon. Mais... ils... J'étais juste invisible à leurs yeux alors ? Ce n'était pas qu'ils m'ignoraient, ils ne me voyaient juste pas ?

Régulus jura sourdement et le prit dans ses bras, le serrant contre lui avec force, maudissant Dumbledore et ses manigances.
Si le vieil homme n'était pas déjà mort, il se serait débrouillé pour aller le tuer dans la seconde, pour lui faire payer les souffrances infligées à Harry.

R. A. B.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant