Chapitre 4

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Régulus passa la nuit dans la bibliothèque, absorbé par ses recherches. Il ne se rendit pas compte que Kreattur vint à plusieurs reprises voir s'il n'avait besoin de rien, inquiet pour son petit Maître.

À l'aube, il rangea les livres qu'il avait consultés d'un coup de baguette et retourna dans sa chambre à pas lents. Il attendit d'être seul, en sécurité derrière sa porte fermée pour laisser apparaître son désarroi sur son visage.

Ce qu'il venait de découvrir était inhumain. Innommable.

Il croyait peut-être fermement aux idéaux que Voldemort défendait, mais pas au prix de son humanité. Il ne comprenait même pas comment le Mage noir, si attaché à la pureté du sang et à la puissance de la Magie, avait pu permettre cette ignominie...

Une petite voix lui souffla que le seigneur des ténèbres s'était joué d'eux. Tous, ils l'avaient suivi, mais ils avaient été bernés. Le lord se moquait bien de la pureté de leur sang, il avait surtout soif de pouvoir. De puissance.

Il passa la journée dans sa chambre, tournant en rond, essayant de décider que faire. Il refusait d'impliquer ses parents, il les aimait trop pour les mettre en danger. Eux avaient eu la sagesse de ne pas prendre la marque contrairement à lui...
Toute l'admiration qu'il avait eue pour lord Voldemort venait de s'effriter, jusqu'à disparaître complètement.


Lorsque sa marque le brûla, signe qu'il était appelé, il s'y rendit, le visage vide de toute expression. Près de celui qu'il nommait Maître — il était toujours de ses favoris —, il observa les autres, attentivement. Il voulait être sûr.

Il lut la cruauté et la soif de sang dans les yeux de Bellatrix et de quelques autres. Mais surtout, il y avait la peur de ce Maître exigent.
Quelque part en chemin, ils étaient tous devenus des esclaves.


Régulus écouta avec une fascination horrifiée Voldemort présenter leur nouvel « allié ». Fenrir Greyback.
Le loup-garou ne serait pas marqué, mais il tuerait pour eux. Il sèmerait la terreur. Il agrandirait leur armée en mordant des sorciers réfractaires à leur cause.

Il n'y avait aucune idéologie derrière le ralliement de la créature sanguinaire. Régulus n'avait pas besoin de fouiller l'esprit de Greyback pour deviner que celui-ci venait grossir leurs rangs pour avoir accès à un vivier de victimes sans cesse renouvelé. Il aurait probablement le droit de mordre tous ceux qui seraient opposés à lord Voldemort... et en particulier leurs enfants.

Il reçut les éloges de Voldemort sans montrer la moindre émotion, inclinant la tête en signe d'obéissance. Ce fut probablement à cet instant qu'il se décida. Il allait agir, dans l'ombre. Il n'était pas un héros, il n'était pas le genre de personne à se dresser seul contre tous face au danger. Par contre, il avait la ruse des Serpentard et savait parfaitement agir dans le plus grand secret.


Régulus rentra chez lui et partagea le repas de ses parents comme à son habitude. Il n'avait jamais été quelqu'un de bavard ou d'expressif comme son frère, aussi personne ne s'étonna de le voir si renfermé.

Avant d'aller s'enfermer dans sa chambre, il enlaça sa mère, comme lorsqu'il était petit. Sans un mot.
Wallburga le regarda avec surprise, peu habituée à des démonstrations d'affection, mais lui rendit son étreinte avec un léger sourire.

Une fois seul, Régulus envoya un message à son frère Sirius. Une offre de paix, une main tendue pour réparer ce qui avait été autrefois brisé.

En attendant sa réponse, il appela Kreattur. L'elfe arriva rapidement et l'observa avec inquiétude.
— Maître Régulus ?
Le jeune homme soupira, et s'accroupit pour se mettre à la hauteur de l'elfe.
— Kreattur. Te souviens-tu de l'objet qu'il a dissimulé dans cette caverne ?

Il y eut un long silence, puis Kreattur hocha la tête, fixant son Maître. Régulus sourit.
— Parfait. Crois-tu pouvoir me trouver la copie exacte de ce médaillon ?
L'elfe hésita, mais il finit par hocher la tête une fois de plus, incertain.

Régulus soupira, et eut un léger sourire satisfait.
— Kreattur, mon ami... Il est temps pour moi de prendre de bonnes décisions. Trouve-moi la copie exacte de cette ignominie... Et surtout, n'en parle à personne. C'est compris ?

Cette fois, la petite créature n'eut pas la moindre hésitation. Elle hocha vivement la tête pour assurer sa fidélité à son maître. Sa fidélité et sa dévotion.


Les jours suivants, Régulus semblait redevenu le même aux yeux de ses parents. Il était l'enfant agréable et silencieux qu'ils avaient toujours connu. Wallburga apprécia particulièrement les moments passés ensemble. Son petit Régulus paraissait avoir besoin d'être près d'elle, et même si elle refuserait de l'avouer, sa présence lui avait manqué lorsqu'il était loin d'elle, à Poudlard.

Elle lui posa des questions sur son avenir, mais Régulus écarta le sujet, avec un léger sourire, prétextant qu'il avait besoin d'un peu de temps pour se décider. Cependant, il lui jura qu'il ferait tout pour la rendre fière, et Wallburga regarda son fils adoré avec affection, le cœur plein d'un amour maternel exclusif.


Il fallut une semaine à Sirius pour répondre à son message. En prenant le parchemin venant de son frère, Régulus était plein d'espoir. Cependant, en lisant la réponse, son cœur sombra.
« Je n'ai pas de frère. Sirius B. »

Régulus contempla longuement la réponse, puis rangea le parchemin avec soin dans sa chambre. Une unique larme roula sur sa joue, et il l'essuya d'un geste rageur. Il jura qu'un jour son frère regretterait sa réponse. Un jour Sirius découvrirait la raison de cette tentative de réconciliation et il comprendrait à quel point il avait été stupide. En attendant, Régulus agirait seul, comme il l'avait été depuis que Sirius avait décidé que la famille Black n'était pas assez lumineuse pour lui...

Le jeune homme se coucha de bonne heure ce soir-là, et il s'endormit rapidement. Il passa une mauvaise nuit, se tournant et se retournant, rêvant de l'époque où il avait un grand frère protecteur avec qui il jouait. Il ne sut jamais que Kreattur avait veillé sur lui, remontant les couvertures sur son corps à chaque fois qu'il les repoussait dans ses mouvements brusques. L'elfe, totalement dévoué à son Maître, détesta en cet instant l'autre fils Black, le traître et se jura de ne jamais lui obéir.


R. A. B.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant