Chapitre 21

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Régulus n'était pas vraiment certain que ses jambes pourraient le porter s'il se relevait, aussi il resta contre Harry, refusant de le lâcher pour s'ancrer dans la réalité.

Il sentait le jeune homme trembler légèrement contre lui, et il murmura, la voix légèrement éraillée par les cris qu'il avait laissés échapper.
— Je vais bien.


Il y eut un ricanement moqueur en réponse, et Harry grogna.
— Idiot. Depuis combien de temps ça dure ?

Régulus soupira, mais il avoua tranquillement la vérité.
— Quelques jours. Rien de vraiment grave, juste... quelques picotements de temps à autre.
— Bon sang, Reg ! Tu aurais dû m'en parler dès le début, on aurait pu chercher une solution.
— Une solution qui n'existe pas. Je préfère... J'aurais le temps de chercher une solution quand tu seras parti.

Harry le serra un peu plus fort contre lui, et Régulus ferma un instant les yeux. Puis, ils s'écartèrent l'un de l'autre et Harry ôta sa main de son bras douloureux.

Ils restèrent un bref instant figés par la surprise, puis Harry jura entre ses dents tandis que Régulus laissait échapper un ricanement amusé.
— Je ne m'attendais pas à ça...

Son bras était rouge, mais l'infâme tatouage avait disparu. À la place, il ne restait qu'un fin trait sanguinolent retraçant grossièrement les contours de la Marque. Régulus était convaincu qu'il ne persisterait même pas une cicatrice une fois la plaie guérie.

Harry cligna des yeux.
— Comment... est-ce possible ?
— Tu as parlé Fourchelang, Harry. Tu me tenais, tu as parlé Fourchelang et après tu as touché la Marque. C'est toi qui as fait ça.

Le jeune homme sembla perdu et il secoua la tête.
— Je ne me souviens même plus de ce que j'ai dit. Je crois que je... J'étais en colère parce qu'il te faisait souffrir et j'insultais cette foutue marque. J'ai dû parler Fourchelang en regardant le serpent et...
— Tu as dû dire quelque chose de spécial.
— Qu'il devait te libérer, je crois.

Harry rougit légèrement et Régulus haussa un sourcil. Cependant, le jeune homme venu de l'avenir détourna la tête et haussa les épaules.
— Je ne m'attendais pas à ça non plus...


Régulus le fixa longuement, pensif, puis il sourit doucement et l'attira dans une nouvelle étreinte.
— Je te suis reconnaissant, tu ne peux pas savoir à quel point. Je te dois deux dettes de vie. Tu m'as sauvé de la mort et tu m'as libéré de l'esclavage dans lequel je m'étais moi-même enfermé.

Il nota le malaise du jeune homme à ses remerciements. Cependant, il profita du moment pour lui demander de l'aider à rejoindre la salle de bains, désirant par-dessus tout se baigner pour se débarrasser de l'odeur de transpiration âcre provoquée par la douleur, craignant que ses jambes de ne portent pas.


Lorsqu'il fut enfermé dans la pièce d'eau, seul, Régulus se déshabilla lentement pour se glisser dans la baignoire, le front plissé, réfléchissant soigneusement.

Il appréciait Harry. C'était une certitude. Il l'appréciait plus qu'il n'avait jamais aimé quiconque, et il craignait son départ. Il savait qu'il devrait vivre de longues années seul avant de le retrouver, isolé de tous à se faire passer pour mort.

Il était certain de vouloir l'aider. De tout faire pour lui, parce que ce jeune homme exceptionnel méritait une vie heureuse. S'il pouvait seulement prendre sa place, endosser son fardeau pour le soulager...
Cependant, même si la magie permettait bien des miracles, ce n'était pas quelque chose qu'il pourrait faire.

Profitant de l'eau chaude qui décontractait ses muscles, il laissa aller sa tête en arrière, les yeux fermés, essayant d'imaginer une situation où il ne serait pas séparé de Harry. Où ils pourraient rester ensemble, maintenant qu'il était libéré de la Marque qui faisait de lui un esclave.

Quelque chose, un vague souvenir, le traversa, cependant trop bref et trop volatil pour qu'il puisse l'attraper au vol. C'était une idée qui avait fusé lorsqu'il avait pensé rester près de Harry, et il se jura de faire des recherches une fois de plus sur le sort que le jeune homme avait utilisé. Juste pour être sûr.

*

À l'extérieur de la salle de bains, Harry faisait des allées et venues devant la porte, inquiet. Il se reprochait de ne plus avoir pensé à la Marque des ténèbres depuis leur arrivée sur Eilean Nan Ròn.
Il aurait dû y penser pourtant, mais aux côtés de Régulus la vie était si agréable qu'il avait voulu sortir de son esprit tout ce qui avait trait à la guerre. Au début, il lui posait des questions en espérant trouver des éléments qui lui permettraient de battre Voldemort lorsqu'il aurait rejoint sa propre ligne temporelle, mais il avait vite arrêté en se rendant compte que même si Régulus avait été proche du mage noir, trop de temps était passé pour qu'il puisse réellement l'aider.

Alors, ils avaient commencé à aborder des sujets plus légers, riant ensemble, profitant de cette parenthèse qui lui était offerte. Harry pouvait même s'avouer que si le sort n'était pas prévu pour le réexpédier dans le futur, il resterait probablement près de Régulus.

L'idée même que le temps leur était compté lui tordait le cœur, et chaque journée qui se terminait le rendait triste à l'idée de le perdre.


Même si c'était stupide, Harry refusait de s'éloigner de la porte de la salle de bains. Il voulait entendre le moindre appel de Régulus, au cas où quelque chose se passerait. Si la marque revenait, s'il souffrait encore. S'il se sentait mal.
Il devait se faire violence pour ne pas entrer dans la pièce, juste pour s'assurer qu'il allait bien, alors qu'il l'imaginait inconscient au sol ou se vidant de son sang — même si la légère coupure ne pouvait pas provoquer d'hémorragie massive.

Le jeune homme se passa la main dans les cheveux en se mordillant la lèvre, réfléchissant furieusement à un moyen de veiller sur Régulus une fois qu'il serait retourné dans l'avenir. Puis, sans quitter la porte des yeux, il recula de quelques pas, et appela Kreattur, murmurant pour ne pas être entendu.

L'elfe cependant apparut rapidement et Harry lui adressa un sourire hésitant.
— Je sais que je ne suis pas ton Maître et tu ne m'aimes probablement pas. Mais... Quand je vais disparaître, est-ce que tu pourras veiller sur Régulus ? Même s'il ne veut pas, mais... je veux juste qu'il aille bien, qu'il soit heureux.

La créature plissa les yeux, visiblement hésitant. Puis, il hocha lentement la tête, secouant ses grandes oreilles.
— Kreattur le fera. Maîtresse Wallburga pense que Régulus a fui pour ne pas être tué, et elle a demandé à Kreattur de le faire passer pour mort sur la tapisserie familiale. Le petit Maître est libre désormais. Miss Bellatrix est venue et elle était furieuse.


R. A. B.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant