A girl in blue

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Matthew s'engouffre dans son blouson, le froid de novembre commence à le gagner, il a attendu trop longtemps assis sur ce rocher. Il décide de se lever pour se dégourdir un peu les jambes et se réchauffer un peu. Il vient à peine de reprendre son sac de cadeaux et de commencer à marcher qu'il aperçoit un peu plus loin une silhouette rouge passer souplement du haut du mur au pommier sauvage dénudé qui pousse juste derrière. Son cœur s'emballe. Emiane a bel et bien décidé de revenir le voir, ou tout du moins de sortir d'Eluville peut-être pour la dernière fois... ou pas. Il a conscience qu'il doit jouer son ultime atout ce soir.

"Aujourd'hui ou jamais..." songe t-il et cette idée l'angoisse soudain.

Il ne sait pas s'il doit retenir ses sentiments pour elle et donc ses gestes d'amour pour éviter de l'inquiéter ou au contraire tout lui avouer pour la faire venir plus facilement à lui. Quelle est la meilleure solution pour la convaincre de quitter cette secte ?

Ses mains tremblent alors qu'il avance en direction du pommier sauvage dans lequel elle est perchée. Alors qu'elle est en train d'en descendre, elle le voit et lui sourit. Mon Dieu, qu'il aime ce trop rare sourire... 


Involontairement, comme mû par un réflexe, il pose son sac et lui tend les bras alors qu'elle est presque en bas. Geste qu'avec le recul il juge inutile et sans doute incongru : elle sait très bien descendre toute seule, elle est très agile et habituée depuis toutes ces années à faire le mur. Elle s'accroche cependant à ses bras, sans doute pour le plaisir d'être réceptionnée par lui. Est-ce bon signe pour la suite ? Sans doute pas. Elle n'a visiblement pas de sac d'affaires avec elle, donc ne prévoit pas de fuir Eluville. Tout reste à faire pour lui dès lors et ce ne sera pas une mince affaire...


Elle atterrit sur le sol en riant, ne lâchant toujours pas ses bras :

- Je n'aurais jamais pensé être aidée un jour à faire le mur...

Il sourit :

- C'est moi, c'est différent. Je te préfère ici que derrière ces murs.

Elle le lâche et le fixe soudain bouche bée.

- Quoi ? demande-t-il, craignant brusquement d'avoir dit quelque chose qu'il ne fallait pas.

- Je... Tes mains... Elles tremblent... Tu as froid ou tu as peur ?

Il ne sait que répondre, chaque mot qu'il est susceptible de prononcer représente le potentiel risque de ne plus la voir pour toujours. Il finit par botter en touche en lui désignant son sac à ses pieds :

- J'ai tenu ma promesse, je t'ai ramené des bananes pour te les faire goûter.

Elle ne l'écoute pas, le fixe toujours :

- Tu ne peux pas être le Malheur. Le Malheur ne peut ni avoir froid, ni avoir peur.

Il lève un sourcil :

- Tu y croyais donc encore ?

- Oui, parce que tu fais des choses anormales que les gens ne font pas.

Il a un petit rire :

- Ah bon ? Comme quoi ? M'envoler à tire d'ailes ? Bondir directement tout en haut de ce pommier sauvage ? Te rattraper avec mes 4 bras ? Je te rassure, je ne fais rien de tout ça, je suis parfaitement humain.

Elle rit :

- Tu es toujours drôle.

Avant de reprendre son sérieux :

- Mais je ne parlais pas de ça...

- De quoi alors ? Qu'est-ce que je fais d'anormal ?

- Tu fais des choses avec ta bouche...

AFTER DARKNESS...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant