AFTER DARKNESS...

Arrivée à destination (partie 1)

[You've been bitten by

Someone's false beliefs...] 

Le voyage est long de Paris jusqu'à Nice. Emiane et Matthew ont fini par s'assoupir tous les deux...

Le chanteur est le premier réveillé. Il regarde défiler les paysages par la vitre, jetant de temps à autre des coups d'œil émus à sa voisine qui dort profondément. Même si la situation est loin d'être simple, il est soulagé et heureux de l'avoir retrouvée. Le plus difficile reste cependant à faire : éviter qu'elle tente de fuir sur un coup de tête et soit retrouvée par les dirigeants de la secte, réussir à lui obtenir des papiers d'identité, et surtout, la convaincre de déposer une plainte, qui cette fois devrait aboutir et donner lieu à une véritable enquête, contre ceux qu'elle croit encore être les bienfaiteurs de sa communauté, les fameux Soleils.

Il secoue la tête pour tenter d'évacuer de son esprit le stress de toutes ces difficultés à venir. Il vaut mieux penser au meilleur : sa joie des retrouvailles et tout le futur bonheur avec elle, le reste n'étant qu'une suite d'obstacles à régler qui ne terniront pas le merveilleux tableau final...

Il est interrompu dans ses rêveries par la voix qui résonne dans tout le train pour annoncer l'arrivée prochaine en gare de Nice. Emiane tressaille légèrement dans son demi-sommeil, mais n'ouvre pas les yeux. Il la secoue doucement :

- Emiane, wake up, on va arriver, il faut commencer à se lever pour aller devant la porte.

Elle ouvre les yeux d'un seul coup et fixe le ciel assombri par le coucher du soleil à travers la vitre, avant de regarder le chanteur :

- J'ai peur Matthew... On est si loin d'Eluville et la nuit tombe...

Il attrape son sac au-dessus du siège et lui sourit pour la rassurer :

- Autrefois, il y a bien longtemps, tu voulais voir la mer. Et bien, ton vœu va être exaucé. Demain, quand il fera grand jour, tu pourras la voir.

- La mer ? Mais je ne sais même pas ce que c'est ! Pourquoi voudrais-je la voir dans ce cas ?

- Comme une immense mare, avec de l'eau à perte de vue. Il y en avait une aussi à Cherbourg, pas loin d'Eluville, malheureusement on n'a pas trop eu l'occasion d'aller la voir puisqu'on devait fuir au plus vite.

Des images floues de fuite sous les arbres proches du Grand Mur reviennent dans la tête de la jeune femme et celle-ci murmure :

- Tu m'emmenais voir la mer... Tu disais que tu habitais de l'autre côté...

- Ça te revient ?

Elle fronce les sourcils et lui jette un regard mécontent :

- Oui, j'étais jeune et naïve et tu en avais profité ! Tu m'avais menti, j'en suis presque sûre ! Tu ne cherchais pas réellement à me montrer la mer, mais plutôt à me ramener chez toi parce que tu me voulais pour toi ! La mer, tu parles, tu voulais mon ventre, oui ! Tu crois que je ne connais pas les stratagèmes masculins ?! Je n'ai plus 16 ans, je sais tout maintenant !

Il ne s'attendait pas à une telle réaction et proteste :

- D'abord, j'étais jeune aussi, je te rappelle ! Et oui, c'est vrai, tu as raison sur une chose, je ne cherchais pas uniquement à te montrer la mer, mais aussi à te sortir d'Eluville pour t'éviter un put### de mariage forcé ! Était-ce un mal ?! Si j'avais juste voulu ton ventre comme tu dis, je n'avais pas besoin d'aller jusque chez moi pour ça ! La forêt pas très loin du mur était déserte et il faisait nuit, j'aurais très bien pu en profiter ! Et puis, on avait dormi ensemble après, dans la vieille baraque abandonnée, près du chemin qui mène à Eluville, et je n'ai rien fait contre ton gré, tu avais bien trop peur ! Je n'ai jamais voulu te faire du mal !