AFTER DARKNESS...

I won't see you tonight...

Les premières lueurs du jour filtrent à travers les fentes des vieux volets de bois. À demi-ensommeillé, Matthew sourit : cette fois, c'est trop tard pour Emiane, elle ne pourra rejoindre Eluville sans problème et il vaudra mieux pour elle qu'elle n'y retourne plus si elle ne veut pas subir les terribles foudres familiales qui ne manqueront pas de s'abattre sur elle dès qu'on s'apercevra de son absence.

Ne sentant plus la chaleur de son corps contre le sien, il tend le bras un peu plus loin. Il ne rencontre que le contact de la vieille moquette poussiéreuse, ce qui lui fait ouvrir aussitôt les yeux.

Vide ! La place à côté de lui est vide ! Son cœur se met à battre la chamade. Il se lève brusquement, tente de se calmer. La jeune fille est peut-être juste partie se soulager ou chercher si elle trouve à boire ou à manger quelque part. Il s'exclame :

- Oh mer##, la pauvre, elle doit avoir faim ! Je dois la retrouver, il me reste du chocolat dans mon sac, on va le finir, et après on partira acheter quelque chose de plus consistant dans le village le plus proche.

Il attend quelques minutes au cas où Emiane serait juste partie assouvir un besoin naturel. Mais ne voyant toujours personne revenir, il finit par reprendre son sac et quitter la pièce en cherchant et appelant :

- Emiane... Emiane...

Matthew tente d'ouvrir les vieux volets de bois pour y voir plus clair. En vain, ils sont bloqués... Il entreprend malgré tout de faire tout le tour de l'intérieur de la vieille maisonnette. Mais la jeune fille reste introuvable. Il sort alors par le trou du mur par lequel ils étaient entrés tous les deux la veille.

La pleine vue sur les alentours proches lui montre un paysage vide d'humanité. Emiane se serait-elle risquée à explorer toute seule ce monde inconnu pour elle avant de prendre sa décision de fuir ou non Eluville ? Il a un peu de mal à y croire, elle semblait si perdue et terrorisée la veille... mais après tout, pourquoi pas ? Derrière ses frayeurs, la jeune fille se révélait parfois intrépide.

Et il commence à marcher lentement dans les environs en appelant son nom... En vain...

Il peste :

- Je perds mon temps, si ça se trouve elle est en train de refaire la route pour rejoindre Eluville ! 

Il se frotte nerveusement le nez :

- Mais elle est peut-être encore au pied de ce put### de mur à hésiter, et vu qu'il fait jour, elle doit avoir la frousse que ses parents se soient peut-être aperçus de son absence... Je dois à tout prix retourner la-bas tout de suite, j'ai encore une chance de la convaincre, surtout si elle a peur de rentrer chez elle.

Il prend le chemin de terre au pas de course...

Essoufflé, il arrive enfin au pied du Grand mur. Il cherche le pommier sauvage dans lequel Emiane a l'habitude de grimper pour faire le mur. Mais il n'y a personne, ni en bas de l'arbre, ni dedans.

Il longe le mur aussi loin qu'il peut sans en voir évidemment la fin. Avec toutes ces familles, leurs champs, la grande villa des dirigeants, il fallait bien s'attendre à ce que la communauté s'étende sur plusieurs kilomètres, la taille d'une grande ville très certainement.

Il revient finalement sur ses pas. Emiane ne se serait sûrement pas amusée à faire le tour du mur, même pour réfléchir avant de prendre une décision importante. Donc cela ne pouvait signifier qu'une chose : elle avait fini par la prendre cette décision, et ce n'était pas celle qu'il aurait voulue !

Il frappe du poing contre le mur en jurant :

- Put###, elle est rentrée chez elle ! Et en plus elle est partie en douce sans me prévenir de sa décision ni même me donner un baiser d'adieu !