Le concours (partie 3)

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[We don't need no education

We don't need no thought control

No dark sarcasm in the classroom

Teacher, leave them kids alone...] 



- Viens Emiane, on va chercher Akilyne !

La jeune femme obéit à son époux et se dirige vers la porte d'entrée où il l'attend déjà. Il la fixe durement :

- Tu n'as rien oublié avant de sortir ?

Elle sent une vague de peur la gagner comme à chaque fois qu'il l'agresse verbalement sans explication de cette façon :

- Euh... non... Enfin... Je ne sais pas, si peut-être, mais je ne vois pas quoi...

- Tu ne vois pas quoi ?! Va te couvrir mieux la cervelle au lieu de jouer les demeurées !

Elle réalise alors qu'elle a omis d'enfiler une deuxième coiffe pour se rendre à l'extérieur et s'empresse d'aller réparer son erreur avant de se prendre une gifle et des brimades supplémentaires.


Emaz sourit en la voyant revenir quelques secondes plus tard avec ses deux couches de coiffe, dont la seconde enfilée à la va-vite :

- Très bien, on peut y aller maintenant que tu es protégée comme il se doit. On va aller chercher notre petite gagnante.

- Et si elle n'a pas gagné... bredouille sa femme.

Mais elle n'obtient aucune réponse de sa part. Il ne semble pas envisager cette éventualité... 


 Quand le nom du gagnant, un petit garçon aux joues rondes piquetées de tâches de rousseur et au regard dur, est prononcé, le visage d'Emaz se décompose sous la colère. Il ne prononce pas un mot durant le trajet du retour à la maison malgré les paroles enjouées de la petite Akilyne décrivant entre deux petits rires comment elle guettait les cloportes et la façon dont elle se précipitait, au milieu des bousculades de tous les enfants entre eux, pour tenter d'écraser la première les petites bêtes grises qui tentaient d'entrer :

- Mais Ounam était toujours le plus fort, il poussait tout le monde !

Emaz, lui, ne rit pas et garde les dents serrées, visiblement très contrarié de l'échec de sa fille. 


Après avoir refermé la porte derrière sa femme et son enfant, il laisse enfin éclater sa colère difficilement contenu durant le trajet :

- Pourquoi n'as-tu pas toi aussi poussé ce garçon qui poussait tout le monde?!

- Mais papa, rétorque Akilyne, Ounam est plus grand et plus fort que moi ! Et il me tapait avec son bras quand j'essayais de passer devant lui ! Et puis c'est un garçon, les filles n'ont pas le droit de taper les garçons, même le maître Soleil l'a dit juste avant le concours, sinon le Malheur vient sur elles pour leur donner des maladies, c'est comme toi avec maman, tu peux la taper mais pas elle !

Emaz se calme aussitôt et sourit :

- Même si j'aurais préféré que tu gagnes, voilà qui est très bien parlé ma fille. Tu as tout compris de la vie. Le Bonheur peut être fier de toi.

Il se tourne vers Emiane :

- N'es-tu pas fière d'elle toi aussi ?

Celle-ci hausse les épaules d'indifférence, mais n'a pas le temps de répondre. Akilyne lui demande avec sa naïveté enfantine :

AFTER DARKNESS...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant