SYBILLE
Quelque part au dessus de l'Océan Atlantique
Samedi 01 Août 2021 - 15h07
Dire que je suis fatiguée est un euphémisme. Mais se reposer dans un avion classe économique : Soyons réaliste c'est impossible. De micro-siestes ici et là. La soirée d'hier n'a vraiment pas plaidé en ma faveur. L'accumulation des derniers mois sans repos se fait physiquement ressentir. J'ai l'impression que mon esprit et corps sont dissociés. Mon âme est la recherche d'aventures, de sociabilisations. Mon corps ne désire que se reposer. Je peux vous affirmer que je me languis des prochains jours !
A leur retraite, il y a quelques petites années, mes parents ont déménagé dans un coin reculé de la capitale : Anafiótika.
Anafiótika est une zone charmante, avec des maisons plain-pied, pour la plupart, peintes en blanc et bleu qui s'accrochent à la colline de l'Acropole, formant des ruelles escarpées : un havre de paix dans lequel peu de touristes viennent se pavaner. Comprenez-vous, nous n'avons pas la mer à proximité : une aubaine pour les locaux !
Le pilote nous prévient que nous atterrissons bientôt à Paris. Une escale d'un peu plus deux heures et demie, pendant laquelle j'hésite secrètement à aller au petit institut de l'aéroport.
La terre ferme nous accueillants, je récupère mon sac à dos ainsi que sac à main. Je contrôle ma prochaine porte d'embarquement : je vous avoue que maintenant je commence à connaître sur le bout des doigts l'aéroport Charles de Gaulle. Je me dirige d'un pas actif vers le terminal de l'institut de massage qui s'avère être à l'opposé du mien. Mon regard papillonne entre mon téléphone, les pancartes et la foule.
- Atención Rafael ! Esperanos aquí ! (Attention Rafael ! Attends-nous ici !)
Sans préambule un mouflet pas plus haut que trois pommes me percute, faisant échapper mon portable : évidemment l'écran cognant le sol. C'est comme votre tartine le matin qui ne va jamais tomber côté gâteau sec... Ledit mouflet continue son chemin en déblatant des mots dont je ne comprends pas la signification, sans même se retourner. Une femme me coupe maintenant la route, sans manquer d'envoyer promener mon téléphone à quelques pas de là. Je n'ai pas le temps d'intervenir ou de contester quoique ce soit puisque les incapables sont déjà loin.
- Imbéciles ! Protestais-je dans leurs langues en espérant que ça les atteigne, sans trop me ridiculiser dans ce hall.
Au moment de m'abaisser pour ramasser mes affaires, ma tête heurte ce qui semblerait être une mallette ou bien un coude ? Un bruit sourd m'indiqua que dans ma maladresse l'individu échappa son téléphone
- Putain ! Une parfaite synchronisation de nos langages
Cette familiarité... Une intonation rauque... N'a jamais eu une consonance aussi suave à mon oreille : dans un contexte différent cela aurait très bien pu m'exciter davantage.
- Veuillez m'excuser. Me courbais-je afin de récupérer nos objets à proximité, qui à mon grand soulagement n'ont pas dégâts visibles
Me redressant, je n'avais pas envisagé à ce que nos corps soient d'une telle contiguïté. Modestement je peux vous dire que son parfum délivre une odeur particulièrement vivifiante qui donne vie à mon âme. Que son regard gris, aux pupilles dilatées, pourrait d'un battement de cil me dévêtir. Que son orgueilleux corps ne laisse pas de place à l'imagination. Que son teint halé se marie à la perfection avec sa pilosité brune, dont une naissante barbe aussi noire que les ténèbres finalise son charisme : cet individu est à lui-même le pêché de la luxure.
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Le Loup de Sybille
Storie d'amoreSybille Giannaris a l'habitude lors de ses congés estivaux de rejoindre sa famille en Grèce pour une dizaine de jours. Le programme : se ressourcer dans sa ville natale Athènes, décompresser de son poste de direction dans une firme d'architecture, p...