Chapitre 6 : Phil

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Mon réveil sonne et me tire d'un lourd sommeil. J'attrape mon téléphone et glisse mon doigt sur l'écran pour éteindre l'alarme. Je le repose puis remonte la couette sur mon visage, me cachant du soleil et essayant de me rendormir quand on frappe à ma porte.

- Eh petite marmotte, réveille-toi ! C'est déjà la troisième alarme qui sonne, il est temps de se lever !

Je grogne, puis entends de nouveaux coups à la porte.

- Aller, sinon c'est moi qui vient te réveiller, et crois-moi, je fais pas dans la délicatesse !

Je soupire, souriant malgré tout à la menace de Jessy, puis sors de mon lit. La nuit a été compliquée, encore des cauchemars. « Quelle tête » me dis-je en me voyant dans le miroir de la chambre. Je m'arrange un peu, puis rejoins Jessy à la cuisine. La bonne odeur de café m'aide déjà à me réveiller un peu plus.

- Ah bah enfin ! Rit-elle.

Oui bon ça va !

Je ris avec elle. Elle semble de tellement bonne humeur. Retrouver son frère, et ce malgré leurs hauts et leurs bas, la rend vraiment heureuse. Je sens qu'elle souhaite un nouveau départ avec lui. Nous prenons notre petit-déjeuner en bavardant toutes les deux, installées sur les tabourets du bar. Un bon café comme je les aime, et me voilà presque prête pour la journée ! Une fois terminée, nous nous dépêchons de nous préparer puis nous dirigeons vers ma voiture. Je m'installe au volant, Jessy à mes côtés, puis lui demande l'adresse pour préparer l'itinéraire sur mon téléphone que j'installe sur son support. Je met le contact, un fond de musique et nous démarrons. Sur le trajet nous discutons toutes les deux, et je sens bien que Jessy est de plus en plus stressée à mesure où nous nous rapprochons, en témoigne sa jambe gauche qui ne cesse de gigoter.

- Ça va ? Demandé-je, inquiète.

Oui, c'est juste que... Elle s'interrompt. Tu sais, Phil et moi, on a jamais vraiment été proche tous les deux. Je t'en ai déjà parlé... Il a souvent eu dans le regard une sorte de rancœur envers moi. Je ne lui en ai jamais voulu, c'est mon frère après tout, mais ça n'a jamais arrangé notre relation. J'aimerais beaucoup que ça se passe autrement entre lui et moi, mais Phil est tellement... Il est si borné...

- Un point commun entre vous alors, dis-je en souriant.

Elle sourit aussi.

- Oui, on peut dire ça, répond-elle.

Les minutes défilent et les kilomètres s'enchaînent. La prison ne se trouve pas à Duskwood mais à quelques villes plus loin, et en une bonne demi-heure nous voilà arrivées. Je suis la route jusqu'à une barrière sécurisée et m'arrête face au guichet où se trouve un homme de la sécurité. Je baisse la vitre, le salue et lui explique que nous venons chercher Phil Hawkins. Après avoir vérifié nos identités, l'agent nous autorise à passer la grille et à nous garer sur le parking visiteur. Nous attendons quelques minutes durant lesquelles Jessy devient intenable. Je lui propose alors de sortir de la voiture pour prendre l'air et se dégourdir les jambes.

- Tu as raison, ça me fera du bien, me dit-elle.

Nous sortons, et je me rapproche d'elle. Je la serre dans mes bras sans qu'elle ne s'y attende vraiment, cherchant à la rassurer et à lui montrer mon soutien. Je sens qu'elle répond à mon étreinte et me serre contre elle à son tour. Nous restons ainsi quelques secondes, puis nous nous séparons dans un sourire chaleureux. Alors que nous bavardons légèrement, le bruit d'une porte qui s'ouvre attire nos regards vers un homme, veste en cuir sur l'épaule, t-shirt blanc et jean gris. Même sans le voir se diriger vers nous, j'aurai deviné qu'il s'agissait de Phil. Son style ne passe pas inaperçu, et encore moins l'imposant tatouage sur sa gorge. Alors qu'il se rapproche, je commence à distinguer de nouveaux détails de son physique. Ses longs cheveux bruns attachés à l'arrière de son crâne laissent échapper quelques mèches plus courtes sur les côtés de son visage anguleux. Il ne porte pas de lunettes de soleil, contrairement à sa photo de profil, ce qui me laisse voir plus facilement ses yeux verts, comme ceux de Jessy. Peut-être un peu plus foncés. Nos regards se croisent, il me sourit, puis regarde sa sœur. Jessy se dirige alors vers lui d'un pas peu assuré. Je reste à l'écart, les laissant se retrouver, observant le frère et la sœur s'enlacer timidement. « Ça n'a pas dû arriver souvent » me dis-je en souriant, heureuse de les voir ainsi. Je détourne le regard pour leur laisser un peu d'intimité, attendant qu'ils me rejoignent pour rentrer tous les trois.

L'avenir est à nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant