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Chapitre 2 « 365 »

J'ai 15 ans maintenant, nous sommes en 2010. Je suis en 2nd au lycée, je suis toujours la même personne avec seulement un an de plus. Nous sommes le jour J, et comme à mon habitude je me lève et pars directement. Je passe à la boutique après le bus, puis je marche vers l'entrée de la forêt. En commençant le petit chemin je retire mes écouteurs, le bruit de la ville n'est pas toujours très réconfortant. Mais le bruit du vent dans les arbres, des animaux, du calme, ça j'aime. Depuis l'année dernière il y a plus de branche et d'herbe, le chemin est plus compliqué à traverser. Mais je continu, nous sommes le 5 février et comme je me le suis promis, j'avance vers notre endroit. Je pourrais y aller plus souvent qu'une fois par an, mais je veux que ça soit unique de venir ici. Je veux qu'elle sache qu'en ce jour précis je pense spécialement à elle.

               Bien que, depuis l'année dernière j'ai quelque chose d'autre en tête, enfin quelqu'un plus précisément. Ce jeune garçon que j'ai croisé dans mon petit jardin secret l'année dernière. Sans savoir comment expliquer, j'ai beaucoup pensé à lui. Ce Liam que je n'ai vu que 3 petites heures. J'imagine que maintenant il a 16 ans, il doit avoir grandi. Et il doit m'avoir oublié aussi, je n'ai pas réussi à en faire autant. Je n'ai pas beaucoup d'ami, mais lui est si gentil, si confiant et si amicale que j'imagine qu'il doit en avoir pleins. Avec tellement de personnes dans sa vie, il m'a surement négligé. Même si je ne peux m'empêcher de penser à lui en ce moment, à la place de ma mère. Le temps passe vite et je suis déjà dans l'espace de l'arbre. Il n'a pas changé depuis l'année dernière, toujours aussi majestueux. La pierre trône encore à son pied, sans aucune mousse sur. Je m'avance et m'élance dessus, plus facilement que l'année précédente. J'y dépose mon sac à mes côté, j'en sors la rose blanche. Je la tiens dans ma main en l'observant admirative. J'aime les roses, elles ont une forme unique si belle, même leurs épines sont jolies. C'était la fleur préféré de ma mère, c'est pourquoi je lui en achète toujours à cette date. Je la dépose sur l'endroit le plus haut, puis je m'allonge. Il fait un froid glacial, comme toujours à cette période. Mon écharpe ne me tient pas très chaud, mais je fais avec. Je n'ai pas sommeil, regarder cet arbre est apaisant mais je ne m'endormirai pas aujourd'hui. Cela fait une petite heure que je suis là, ma tête tourne sur le côté en entendant du bruit. Je vois une ombre qui vient du chemin à plus de six mètre, puis la personne vaguement.

- Eli !, cri la personne.

Je ne me relève pas, je reste allongé sur la pierre la tête vers la personne qui connait mon nom. Puis la personne s'approche en courant vers moi. Je m'assoie en même temps, et enfin je le reconnais. Liam. Le jeune garçon de l'année dernière, celui à qui je pensais et qui, je croyais, m'avait oublié. Il arrive enfin à mon niveau, il me sourit fière le lui. Il monte à son tour sur la pierre avec aucune difficulté. Il me regarde profondément, toujours avec son sourire. Je n'ai toujours rien dit, je suis surement en train de rêver.

- Salut Eli, ça fait longtemps ! J'ai eu du mal à retrouver le bon chemin, mais j'ai réussi !, dit-il.

- Euh... Je..., balbutiais-je en n'arrivant pas à réfléchir et lui faire une phrase correcte.

- As-tu oublié qui je suis ?, demande-t-il en perdant son magnifique sourire.

- Oh non, pas du tout ! Je me souviens de toi Liam... Je ne pensais pas te revoir un jour.

- Et bien, tu as dit que si c'était écrit on se reverrait, alors j'ai tout fait pour.

- Vraiment ? Tu es venu ici pour moi ?, je lui demande en sentant le rouge me monter aux joues.

- Bien sûr, j'ai beaucoup pensé à toi.

L'entendre me dire ça me réchauffe le cœur, pour une raison inconnue. Je me rallonge le sourire aux lèvres, il s'installe à côté de moi et s'allonge à son tour. Nous regardons l'arbre en silence, comme si on c'était vu pour la dernière fois hier. Je tourne ma tête vers lui, sans avoir remarqué avant que lui me regardait déjà. Et sans aucune gêne nous nous regardons dans les yeux. Puis nous discutons, mais pas de la pluie et du beau temps, cette fois nous parlons de nous. Il me parle de sa famille en premier et je fais de même. Puis il me parle d'une de ses passions, le chant. Lorsqu'il parle de ça il a des étoiles dans les yeux, comme si c'était tout pour lui, son petit jardin secret à lui seul. Je suis heureuse qu'il me parle si ouvertement, et je suis abattu de ne pas avoir de rêve à lui raconter. Je n'ai pas de passion, aussi triste que ça puisse paraître.

- Pourrais-tu me chanter quelque chose ?, je lui demande timidement.

- Tu veux ?, me demande-t-il comme choqué.

- Si tu acceptes, dis-je en souriant encourageante.

               Il ferme les yeux et redresse sa tête vers le ciel, je ne bouge pas et le regarde admirative. Il toussote un petit peu, puis il se lance. Et je jure que sa voix est celle d'un ange. Je ne connais pas la mélodie, mais il la rend magique. Sa voix est un vrai don, je tombe sous le charme tout de suite. Il termine vite, toujours les yeux fermés. Je n'arrive pas à sortir un mot, ça a été parfait. J'ai été envouté, je n'avais rien entendu de si beau. Il tourne enfin sa tête vers moi, avec une expression indéchiffrable.

- Wow... Je... C'était vraiment magnifique ! Liam tu as une super vois, tu dois en faire quelque chose !, dis-je sérieusement en me redressant.

- Tu le penses vraiment ?, dit-il en s'asseyant à son tour.

- Absolument ! Ne lâches pas, tu as une passion alors suis là jusqu'au bout ! Tu vas y arriver Liam, j'en suis sûr.

Il me sourit sincèrement, puis nous nous rallongeons. L'avoir à mes côté me fait beaucoup de bien en fin de compte. Je suis heureuse de le revoir, sans vraiment le connaitre il m'avait manqué. Nous parlons encore et toujours, de chant, de famille, de passion, de rêve... Puis, sans qu'on remarque que le temps passe, le soleil commence à se coucher. Mon téléphone sonne, mon père.

- Oh non ! Il est déjà 19h30, je vais me faire tuer par mon père !, dis-je en rassemblant mes affaires.

- Déjà ?!, remarque-t-il  en se levant.

- Désolé Liam, il faut que j'y aille !

               Je lui embrasse la joue, puis je m'enfui sans me retourner. C'était notre 365e jour.