Apollon et Daphné

Chapitre 5: Parfums

Aiolos, qui a enfin retrouvé sa vigueur, n'a pas attendu le retour de son voisin de temple chez le Cancer pour s'en aller dans le village adjacent au Sanctuaire qu'est Rodorio. Même à cette période de l'année, le commerce y est florissant – qui a parlé de crise grecque ? Les touristes, profitant d'un hiver doux et d'une faible affluence sur les sites archéologiques, prolifèrent sur les pavés du village. Bras dessus bras dessous, les couples flânent tranquillement, en se taquinant ou en discutant, et parfois en faisant quelques haltes dans les échoppes plus ou moins insolites du centre-ville. Alors qu'il n'y a pas deux heures ce genre de scènes attristait Aiolos, le voilà tous sourires face à ces démonstrations d'amour. Et pour cause, Aphrodite vient de lui donner une idée qui pour sûr fera avancer à merveille son plan de conquête du spécimen Gémeaux aîné.

- Et si tu lui offrais quelque chose ? Un cadeau, ça ne se refuse pas. Et si tu le choisis bien, il ne pourra que comprendre ce que tu ressens pour lui !

Le Poissons, qui avait rompu le silence aussi mortel que le propriétaire du quatrième temple à ce moment-là, a parfaitement raison ! Rien de mieux pour renouer des liens que de passer par un présent ! Et puis si ça se trouve, Saga attend simplement que ce soit le Sagittaire qui fasse le premier pas. Après tout, le Gémeaux a toutes les raisons du monde de rester en retrait... Oui, c'est sûrement ça ! Alors l'archer le fera, ce premier pas, et bien ! Et enfin il sera aux côtés de l'homme qu'il aime !

Tout heureux qu'il est (niais ? noooooon...) par la conclusion qu'il a fait en son for intérieur, notre héros à l'armure ailée en oublie un point essentiel. Quand il se rend compte de cet oubli, il arrête sa marche – plutôt devenue trottinement guilleret. Arrivé par une étrange coïncidence devant la vitrine d'une bijouterie, il regarde vaguement son reflet dans la vitre et se frotte énergiquement le menton, arborant sa fameuse grimace du simplet concentré.

Quoi offrir ?

C'est vrai ça, que pourrait-il offrir à son ami de toujours – et accessoirement meurtrier mais enfin c'est sûrement inutile de le rappeler ? Aiolos a sa petite idée des goûts de son aîné d'un an, mais il est tout à fait possible qu'ils aient changé après toutes ces années. Et puis, plus important encore : avec quoi faire passer le bon message ?

- Ben tiens, tu demandes quelqu'un en mariage ce soir ?

Le gardien de la neuvième maison sursaute sans aucune discrétion quand quelqu'un se met à lui parler derrière son épaule. Il se rend compte qu'il avait pris sa mine perplexe face à un étal de bagues en vitrine puis il se tourne vers la provenance du son qui lui a ainsi fait peur. Son regard croise alors un sourire mutin, des orbes pers puis une tignasse outremer.

- Milo ?

Tentant de reprendre consistance, Aiolos esquisse un grand sourire et se frotte l'arrière de la tête.

- Ah, tiens, ça alors ! Mais qu'est-ce que tu fais ici ? T'es plus avec Camus ?

Le Scorpion enfonce les mains dans les poches de sa veste en cuir et arbore une moue blasée, en roulant les yeux au ciel puis sur le côté.

- Bof... Il a dit qu'il avait un truc urgent à régler, il s'est téléporté fissa sans me d'mander mon avis... Je suppose qu'il est en Sibérie... Tu parles d'une Saint-Valentin à chier ! Et toi mon p'tit Aiolos, quel bon vent t'amène ? finit le plus jeune des deux grecs en tapant amicalement l'épaule de l'aîné.