Apollon et Daphné

Chapitre 7: Moka

Aiolos n'est pas étonné de trouver le Douzième temple vide, ni même le Dixième. Il lui semble avoir entendu un bruit en passant dans le Onzième, mais ne constatant aucune trace de la présence du Verseau, il s'en est fié aux dires de Milo et il n'a pas relevé. Il arrive donc chez lui, en profite pour aller boire un verre d'eau, descend chez Milo qui n'est pas non plus dans son temple, arrive au Septième en sachant que Dohko est plus haut, traverse la Sixième maison sans y trouver son occupant qui doit encore être en ville... Décidément, le Sanctuaire est bien vide dès qu'il y a une fête inscrite sur le calendrier... C'est en arrivant au Cinquième qu'il se rassure en voyant un peu de monde. Il salue donc Marin, Aiolia, et Milo qui secoue ce dernier – rappelons qu'il est en quête de réponses au sujet du départ précipité de Camus et que ses méthodes d'interrogatoire ne sont pas celles qui font preuve du plus de tact. Au Quatrième, personne en bas, le trio avec qui il s'est entretenu plus tôt est encore en haut. Il les salue depuis l'extérieur une fois la maison traversée, et constate que Shura tire une drôle de tête – mais ça non plus il n'a pas le temps de le relever. Il prend une profonde inspiration en se retrouvant devant la maison des Gémeaux, et il relâche son souffle dans un soupir triste en entrant et en constatant qu'il est vide lui aussi. C'est sans aucun mal par la suite qu'il traverse le second temple après avoir brièvement discuté avec Aldébaran, et qu'il se retrouve enfin au seuil de la Maison du Bélier.

Kiki, assis en tailleur dehors avec des billes dans les mains, se lève en voyant Aiolos, lui fait signe de patienter et court à l'intérieur du temple.

- Maître Mû, y'a Aiol... Ouch !

L'enfant se heurte au chevalier du Bélier, qui s'avance vers l'entrée, une pince plate à main.

- Voyons, Kiki, je sais très bien quand quelqu'un arrive, quand bien même c'est « Aiolouch » comme tu dis... Bien le bonjour, Aiolos ! Que puis-je faire pour toi ?

- Heu...

Le Sagittaire, gêné de tout de suite rentrer dans le vif du sujet, cherche ses mots, et devinez comment ? Avec l'expression du simplet concentré, bien sûr ! Constatant l'embarras de son aîné et comprenant qu'il souhaite s'entretenir avec lui sur quelque chose qui semble sérieux, le perspicace atlante détend immédiatement l'atmosphère d'hésitation et de gêne. Treize ans qu'ils ne se sont plus vraiment parlés, et alors ?

- Oh, excuse-moi, j'en oublie ma politesse ! Tu veux entrer ?

- Je veux bien, merci ! répond avec un petit sourire le Sagittaire encore hésitant, chez qui ça fait toujours bizarre de voir à quel point les petits angelots avec qui il s'entraînait jadis ont grandi et mûri.

En faisant ses premiers pas dans les appartements du premier temple, il constate de fait la table basse du grand salon occupée par un lecteur DVD complètement démonté, ainsi que d'autres appareils électroniques ayant subi le même sort.

- Désolé, s'empresse de dire un Bélier gêné, c'est un peu le bazar, j'étais en train de remettre à neuf le home cinéma pour tout à l'heure... Tu veux quelque chose à boire ? J'allais me faire un moka.

- Ah oui, c'est vrai, tout à l'heure... C'est une soirée télé alors ? Oh ben euh je sais pas trop ce que c'est mais je vais prendre la même chose, s'il te plait.

Aiolos sourit et s'assoit timidement en regardant Kiki repartir dehors avec ses billes. Mû lui rend son sourire et actionne sa dernière acquisition en ville, une machine à boissons chaudes. Il ne l'utilisera pas pour le thé mais c'est bien pratique et ça lui a permis de découvrir tout un tas de breuvages au noms italiens que même DeathMask et son café étrange ne doivent sûrement pas connaître. Après tout, Mû a toujours aimé tout ce qui touche de près ou de loin à la technologie et à la mécanique, et il a toujours été ouvert aux progrès de l'humanité et de la science. Si bien qu'Aiolos, dans ce salon qui s'apparente pourtant au salon d'un homme normal dans la tendance de son siècle, se sent comme dans une soucoupe d'extraterrestres, face aux objets du quotidien d'une civilisation lointaine. (*)