Chapitre 9: Doigt

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La fatale confrontation a bel et bien commencé, à l'entrée du temple des Gémeaux, demeure devenue témoin d'un échange qui sera décisif pour son propriétaire et pour celui qui le retient prisonnier dans ce qu'il n'a eu de cesse de fuir. Saga fronce amèrement les sourcils et baisse le regard, l'air cependant déterminé. Comme relaté précédemment, ses lèvres se meuvent légèrement pour souffler quelques mots.


- Laisse-moi...

- Ce n'est pas ce que tu veux, assène immédiatement Aiolos.

- Je sais parfaitement ce que je veux. Et je veux que tu m'oublies. D'accord ?


Saga a repris un ton et un regard menaçants et obscurs. Aiolos tente de ne pas se montrer perturbé de voir qu'un être aussi doux par le passé a été rongé et aigri par les aléas d'une destinée de Chevalier. Mais peut être est-ce là sa force, dans un sens. Son imprévisibilité, son humeur volatile mais toujours intense. Mais ce soir, Aiolos doit prévoir l'imprévisible.


- Tu penses bien que même si tu le voulais vraiment, je ne peux pas accéder à ta requête, Saga.


Le concerné ferme les yeux et tente désormais de se libérer par la force. S'en suit une lutte acharnée, que le Sagittaire a bien peur de perdre étant donné que le Gémeaux a bénéficié de treize ans d'entraînement de plus que lui et qu'il a toujours été très fort sur un plan physique. Mais c'est la détermination qui a joué pour eux ce soir, et, alors que Saga est de moins en moins convaincant dans sa lutte, Aiolos, lui, redouble d'efforts et parvient à bloquer son comparse contre un mur de son temple. Aphrodite, qui allait quitter le temple de DeathMask le premier, entrevoit la scène depuis la fenêtre d'attique et trouve derechef une excuse pour rester un peu plus longtemps en si bonne compagnie – au risque de paraître très étonnant et contradictoire vu que juste avant il se prenait le bec (encore !) avec le propriétaire des lieux.


- Mais tu comprends pas ou quoi ? C'est pour votre bien à tous que je fais ça ! feule un ancien Grand Pope qui semble perdre ses moyens, chose assez étonnante pour être soulignée.

- Ça produit tout le contraire, Saga ! Tu nous fais mal, à tous !

- C'est un mal pour un bien.

- Que tu crois ! Tu n'as pas à les mêler à ça, si c'est moi ton problème alors c'est très simple. Je suis là, c'est entre toi et moi, on règle ça et puis c'est fini ! feule à son tour Aiolos en faisant mine de s'impatienter, pour jouer la même carte de l'agressivité que son aimé et lui prouver qu'il est capable d'être son égal avec des idéaux à présent différents, même s'il aurait aimé ne pas avoir recours à ce genre de bassesses pour un homme qu'il estime bien plus subtil - mais s'il faut en passer par là...

- Je les ai déjà mêlés à ça il y a treize ans, je ne suis plus à une erreur près figure-toi ! De toute façon il vaut mieux pour tout le monde que plus personne ne m'approche. Kanon passe encore, ma dette envers Athéna en la servant comme il se doit et puis c'est tout ! J'en ai assez fait comme ça et je sais bien que je suis de trop !


Cette fois, Aiolos n'a pu prévoir l'imprévisible, tout simplement parce qu'il s'agissait de son propre imprévisible. Son cœur et son corps, d'un commun consentement, ont voulu exprimer leur violent désaccord de cette manière.


Une immense gifle.


Le voilà maintenant qui attrape son frère d'armes par le col, et qui crie à pleins poumons. Lui qui pensait qu'il était en paix de son côté... Mais cette fois, c'en est trop. Son optimisme et sa patience légendaires en prennent un coup, mais s'il veut que son camarade se libère de ses pensées obscures, alors il doit également faire part de ce qui le chagrine.

Apollon et DaphnéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant