Chapitre 6: Rose

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L'itinéraire de notre fougueux Sagittaire, menant à son nouvel objectif, atteint son premier passage obligé dans le Sanctuaire: le palais du Grand Pope, qu'il est possible de traverser sans y entrer en le contournant par les jardins.


Depuis toujours, le pontife de la cavalerie divine a manifesté un certain goût pour la botanique. De génération en génération, du Sage adorateur des fleurs de lys au Shion importateur de pivoines, les jardins du Treizième se sont étoffés, jusqu'à devenir ceux de l'ex-Bélier revenu à la vie, un immense et magnifique terrain d'abondance et de beauté. Le Sagittaire en passant note la présence de rosiers qu'il n'y avait pas quand il a quitté a première vie. Il suppose alors que Saga, au temps où il était Pope, a effectué cet ajout, et sûrement avec la contribution du chevalier des Poissons, qu'il sait plutôt proche de son aimé depuis leur enfance. Il prend le temps de déambuler autour des buissons, des arbustes, des massifs floraux, des petits potagers, jusqu'à arriver au pied du laurier qui délimite le prostyle du temple. Il y trouve une petite table pliante vert pomme, où s'y sont installés le Pope en titre, ainsi que le chevalier de la Balance – qui a visiblement renoncé à la nudité. Plus loin, Aiolos remarque aussi Shiryû, et plus étonnant, Shunrei, tous deux assis sur l'herbe et plaisantant à voix basse, de belles pivoines de Chine dans leurs mains jointes et dans leurs longues chevelures noires. Hébété et touché par la douceur de ce cadre idyllique, notre Chevalier aux flèches dorées met un certain temps à réagir quand Dohko le salue de loin.


- Oh, heu, bonjour ! finit-il par lancer allègrement à l'adresse des quatre occupants actuels de la demeure, avant d'hésiter à faire une révérence à l'ancien Bélier puis de se raviser quand ce dernier comprend et lui fait signe d'abandonner ces formalités devenues ridicules par un tel contexte.

- Hé bien, que d'aller-retours par ici depuis ce matin ! Vous les jeunes, vous ne savez pas vous poser ! remarque Dohko avec un grand sourire.


Aiolos passe une main dans sa tignasse bouclée, un peu embarrassé.


- C'est que... C'est la Saint-Valentin aujourd'hui, alors je suppose que tout le monde cherche quelque chose à offrir...

- Ah bon ? s'étonne le Pope en regardant son vieil ami avec de grands yeux. C'est la Saint-Valentin, déjà ? Mince, je ne vois même plus le temps passer.

- Tu ne l'as jamais vu passer, Shion, plaisante la Balance en posant une main sur l'épaule du concerné.

- C'est pas faux... Mais assieds-toi donc, Aiolos. Tu veux boire un thé, un café... ? On a des madeleines aussi, si tu veux, fait remarquer le patriarche du Sanctuaire avec un air visiblement décontracté.

- C'est gentil merci, mais je ne vais pas vous déranger bien longtemps, répond Aiolos dans un petit rire, en s'asseyant toutefois puisque son supérieur le lui demande, le tout avant de se risquer à poser une question qui le turlupine un peu depuis son arrivée en ces lieux. Dites-moi, Grand Pope, sans vouloir être indiscret ou offensant, je vous trouve bien plus détendu que d'habitude ces derniers temps... Je n'ai rien contre ce côté informel mais... Ça me fait tout drôle !


Tandis que Dohko éclate d'un rire cristallin en soulevant le fait qu'Aiolos doit être la quatorzième personne à remarquer ce changement et à poser cette question, Shion sourit quelque peu timidement, en saisissant sa petite tasse en porcelaine de Limoges – le cadeau d'un Camus de retour d'une mission sans importance dans son pays natal.


- Je ne comprends pas ce que vous avez tous à me dire ça, je ne me trouve pas spécialement changé... Tu en penses quoi, Dohko ?

Apollon et DaphnéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant