Collision

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- Madame Julia s'il vous plaît accordez-nous un instant !
-Madame pouvez-vous répondre à quelques-unes de nos questions...
-S'il vous plaît par ici, est-il vrai que vous avez quitté votre house pour vous lancer pleinement dans votre carrière de mannequin...
-Êtes vous envoyée par Élite ou êtes vous venue...

Je suis essoufflée mais je continue de courir, je n'ai pas le choix sinon ces harpies de journalistes vont me sauter dessus, mon souffle est de plus en plus court et j'ai un poing de côté. Je viens à peine de sortir de l'aéroport et voilà qu'ils me poursuivent déjà, qui leur a dit que je venais en Corée ? J'aimerais bien savoir qui leur a balancer l'info pour aller lui toucher deux mots. Personne n'était censé savoir que je venais avant le défilé de demain soir, quoique je me doutais qu'il y aurait quand même quelques journalistes mais pas à ce point, ils sont une vingtaine à me courir après dans les rues de Séoul. Je sent l'angoisse commencer à monter, ça me prend à la gorge. Ça y est ça recommence, bientôt je vais me mettre à suffoquer puis à voir flou et je vais me rejouer « cette scène » en boucle, je ne veux pas le revivre encore.
Je regarde derrière moi pour voir à quelle distance sont les paparazzis, je les aient un peu seumés ils sont à une vingtaine de mètres derrière moi...

Mon souffle se coupe d'un coup sans que je comprenne pourquoi. Puis, regardant un peu dans toutes les directions pour tenter de me repérer dans l'espace, je sent une sensation très désagréable envahir mon épaule. Aïeuh !

Après m'être enfin totalement remise de ce petit choc je me retourne pour tomber face à un gars; il est plus grand que moi, son parfum m'arrive directement au nez, il sent super bon ! Une sorte de mélange délicat fruité et fleuri....Mince, c'est pas le moment là, les journalistes me rattrapent. Je relève la tête pour voir qui j'ai en face de moi et m'excuser: c'est un jeune coréen blond d'une vingtaine d'année, il porte un masque et un bob.
Mais- je l'ai déjà vu quelque part non ? Un défilé ? Non, attend, non pitié non...mais pourquoi sérieux ?! Analysons avec un esprit critique: il a fallu que je rentre dans un idol pile quand j'ai des tonnes de journalistes au cul !
Super, ça va encore faire polémique ça...

Mais attend, ça peut aussi être ma chance.

-Je suis désolée vraiment...
-Ne t'inquiète pas c'est ma faute je regardais pas où j'allais...
-Nan pas pour ça, je suis vraiment désolée de ce qui va suivre, crois moi, j'ai pas envie mais- je peux pas moi, j'y arrive pas...

Les sangsues qui me coursaient arrivent à notre hauteur et recommencent à me harceler de questions, ils font un tel brouhaha, mélangeant l'anglais et le coréen, que je n'y comprend rien. Je les coupes dans leurs monologues en haussant la voix et ils se taisent tous à l'affût du moindre ragot à rapporter à leurs supérieurs.

-Votre attention s'il vous plait, il y a quelqu'un de plus intéressant que moi ici...

J'hésite encore une demi fraction de seconde mais mes mains tremblantes me rappellent pourquoi je suis obligée de faire ça.

- Je vous prie de saluer Lee Félix, de Straykids, que vous connaissez probablement tous.

Félix ne dit pas un mot, et pendant un moment qui me semble durer une éternité il y a un gros blanc, puis tous les journalistes se jettent sur Félix- le pauvre ! Mais maintenant ce n'est plus mon problème. C'est chacun pour soi, quand je suis dans cet état de panique intense. On appel ça l'instinct de survie.
J'arrive dans le vacarme ambiant à lui glisser deux mots:

-Je suis désolée, si jamais on se recroise un jour tu pourras me demander ce que tu veux ! Bonne chance.

Puis je m'éclipse, le laissant se débattre seul parmi ce flot incessant de questions toutes plus intrusives les unes que les autres.
Sortant de la cohue, j'entend un « Lee Minho ! » de la part d'un des journalistes, Lee Know ?? Pourquoi ils appellent Félix pas le nom d'un autre membre ? En tout cas il faut que je m'éloigne de là, j'ai du mal à respirer.
Mon téléphone vibre dans ma poche, je le sors et lis le contact; c'est mon manager en Corée.
En réalité ce n'est pas vraiment mon manager, à la base il est censé être chasseur de tête pour mon agence, chercher les nouveaux modèles, la génération de demain, mais puisque c'était un des seuls travaillant pour Elite dans ce pays, ils lui ont confié le rôle de nounou.
Je décroche donc à ma baby-sitter du moment, et éventuellement celui qui se chargera aussi de m'espionner pour ensuite aller tout leur rapporter.

- Allô ?
-C'est toi cet attroupement dans la rue ?
-Plus maintenant, vous êtes où je ne vous vois pas ?

Puis je remarque un Hyundai noir, vitres teintées, garé un peu plus loin sur le bord du trottoir.
On peut dire qu'on m'a réservé un bon accueil.
Il est là pour me kidnapper ou bien ?

-C'est bon, j'vous ai trouvé, bougez pas j'arrive.

Je cours vers le van noir qui m'attend, la porte s'ouvre et je grimpe dedans à toute vitesse. Il reste deux ou trois parasites, pardon journalistes, qui m'avaient suivie et qui toquent maintenant à la vitre.

-Démarre !

La voiture démarre en trombe et les derniers paparazzis qui nous suivaient en courant disparaissent rapidement de mon champ de vision, ils sont encore plus tarés que je le pensais, pour tenter de courir après une voiture....
Ou peut-être désespérés, qui sait, aussi bien je viens de leur sucrer leur prime.
Quoiqu'il en soit je souffle enfin, ma respiration fini par s'apaiser et les petites étoiles qui commençaient à danser devant mes yeux s'effacent un moment plus tard.

-Éprouvant hein ? Me glisse mon manager-nounou.
-Hmm
-Tu devrais t'accrocher ce n'est que le début.

Je sais... je réalise que toute cette scène n'a durée qu'une dizaine de minutes à peine. Et qu'il m'a fallu une dizaine de minutes pour réussir à me calmer.

Tous s'est passé très vite, ils m'ont sauté dessus dès le débarquement de l'avion, puis ils ont été de plus en plus nombreux à former un essaim autour de moi, et j'ai fui.
Ce ne sont pas les journalistes qui me font peur, c'est surtout quand ils sont plusieurs à se presser et s'agglutiner autour de moi, en me posant pleins de questions et en m'hurlant dans les oreilles. Et surtout lorsqu'ils me touchent. Ils essaient tous de poser les mains sur moi ou de tirer ma veste pour attirer mon attention.
Puis viennent les flashbacks, et c'en est fini de ma raison et du peu de sang froid qu'il me restait. Je me met alors à paniquer comme une enfant.
C'est ce genre de comportement qui me fais haïr les paparazzis et chercher a les éviter, difficile quand on est un mannequin de plus en plus connu...

-Tu devrais te reposer un peu avant d'arriver à l'hôtel, on a une demi-heure de trajet.
-Oui, merci.

Mon agence m'a réservée une suite dans un hôtel plutôt luxueux en plein milieu de Séoul, plus précisément dans le district de Gangnam, le district connu pour être le plus riche du pays, et abritant beaucoup de grandes marques et de sociétés de divertissements. On dirait que je vais avoir le droit à la vie de princesse pendant quelques nuits.
Visiter des endroits incroyables et où je n'irais pas d'habitude, c'est une des choses que j'apprécie dans mon métier.

Laissez-moi vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant